Septième et dernier tome des Mondes de Thorgal consacré à Louve, Nidhogg (Le Lombard) conclut également un cycle consacré avant tout à l’aventure et s’achève avec un brin de poésie.
Thorgal: Une saga en déclin?
Au départ, il y avait Thorgal, série emblématique dès sa création en 1977 dans le Journal Tintin par Van Hamme et Rosinski. En 2006, le scénariste décida de passer la main à Yves Sente après Le Sacrifice. L’idée fut alors de concevoir une longue saga qui tournerait autour du personnage de Jolan, fils aîné de Thorgal, et parallèlement, de développer des séries dérivées dont les issues respectives finiraient par rejoindre celle de la série-mère, le tout formant une glorieuse épopée.
Malheureusement, les choix scénaristiques, la profusion d’albums (dix-huit en dix ans) et les changement éditoriaux ont fait de cette ambitieuse entreprise une aventure plus ratée et fastidieuse que convaincante et réussie, et aujourd’hui, les lecteurs autant que les éditeurs ont hâte que tout cela se termine pour repartir sur des bases plus saines et plus classiques.
Louve: Analyse du dernier tome
Nidhogg est ainsi le septième et dernier tome de la série parallèle consacrée à Louve et Aaricia qui vivent leurs propres aventures en attendant le retour de Thorgal en Norvège. Dans la continuité de l’album précédent (La Reine des alfes noirs), le récit est avant tout basé sur l’action et les péripéties. On ne peut nier que le rythme est soutenu et qu’il y a peu de temps morts. En cela, la lecture est aisée.
D’autant plus que le dessin de Roman Surzhenko est toujours d’aussi grande qualité. S’il y a bien un point 100% positif à retenir des Mondes de Thorgal, c’est bien la découverte de ce talentueux dessinateur. En revanche, du côté du scénario, on éprouve, comme toujours avec Yann, une manière persistante de toujours vouloir en faire trop.
En quoi cela améliore le récit de nous faire un flashback consacré à l’histoire des alfes de lumière alors qu’ils n’interviennent que peu dans l’aventure ? Quel intérêt ont les passages avec Lundgen ? On en était débarrassé, pourquoi le faire revenir ? L’espace consacré à ces personnages aurait sans doute été mieux mis à profit pour développer et approfondir d’autres aspects d’éléments déjà connus.
Et comme d’habitude, le scénariste ne peut se retenir de faire des blagues qui n’ont pas leur place ici (L’anagramme de Edwige – la chouette de Harry Potter – pour nommer la chouette de Azzalepstön. C’est typiquement le genre de chose qui vous sort immédiatement du contexte ; il nous avait déjà fait le coup avec Lännfeustson dès le premier tome de Louve).
Au final, Nidhogg est donc un album qui se lit très facilement grâce à son rythme soutenu, mais pas forcément avec enthousiasme, tant on sent l’envie d’en finir absolument avec chaque aspect de l’histoire dans le temps imparti. La conclusion empreinte d’une certaine poésie est bienvenue, et maintenant tout le monde attend la fin de Kriss de Valnor et le trente-sixième album de Thorgal pour pouvoir enfin passer à autre chose dans le trente-septième et retrouver tous ces personnages dans des histoire plus modestes, mais plus justes et mieux écrites.