On vous en a beaucoup parlé ces derniers mois, Elena Ferrante est décidément l’auteure-phare de 2016. Son dernier roman Le Nouveau Nom vient d’être sacré meilleur livre de l’année par le magazine Lire. Retour sur un talent prodigieux.
Deuxième épisode de la tétralogie bientôt culte de la mystérieuse écrivaine italienne, Le Nouveau Nom poursuit l’histoire de Lila et Elena, adolescentes inséparables des faubourgs populaires de Naples. Alors que le premier tome se concentrait sur l’enfance et l’adolescence des deux jeunes amies, sa suite retrace le dur apprentissage de la vie, selon des routes qui vont bientôt les séparer au fil de leurs passions contrariées.
Le Nouveau Nom
Et visiblement, le deuxième volume tient déjà toutes les promesses du premier. On peut même affirmer qu’il est totalement dans la lignée de L’Amie Prodigieuse. L’écriture est toujours aussi fine, précise et psychologiquement très riche. Elle rend ainsi le récit vivant : on se projète dans les rues de Naples aux côtés des héroïnes. On y retrouve aussi l’atmosphère méditerranéenne du premier tome, ses histoires de quartiers, de Camorra. Le jury du magazine Lire précise d’ailleurs :
« La suite napolitaine d’Elena Ferrante restera comme un classique moderne »
La relation entre les deux personnages principaux est tout simplement passionnante. Personne ne parle d’amitié comme Elena Ferrante. C’est exactement le genre de livre que l’on dévore, alors qu’il faudrait en déguster chaque page puisque la sortie du troisième tome Celle qui fuit et celle qui reste n’est prévue que pour le 3 janvier prochain…
La rédaction du magazine Lire a justifié sa décision de faire figurer Le Nouveau Nom en tête de son prestigieux palmarès annuel qui distingue les 20 meilleurs livres de l’année :
« Aucune œuvre ne nous aura plus séduits cette année que cette saga au long cours, née sous la plume d’une auteure anonyme ».
La révélation d’un lourd secret
Cette consécration intervient deux mois après le scandale médiatique qui tendait à révéler l’identité de la mystérieuse auteure prodigieuse. À croire que, de nos jours, l’anonymat soit complètement impossible… Suite à une investigation poussée, le journaliste Claudio Gatti affirme avoir percé le mystère en observant une corrélation forte entre les droits d’auteur qu’Edizioni E/O, la maison éditrice d’Elena Ferrante, perçoit de ses ouvrages, et les honoraires que la société verse la même année à la traductrice Anita Raja. Le 30 septembre dernier, The New York Review of Books, le Frankfurter Allgemeine Zeitung et Mediapart lèvent à leur tour le voile en révélant le nom de la traductrice. Cependant, ni Anita Raja, ni E/O n’ont confirmé ou démenti cette hypothèse. Les fans et le monde littéraire sont partagés entre curiosité et indignation, en réaction à ce qu’ils considèrent comme une investigation intrusive.
Les français qu’il faut lire
La liste des 20 meilleurs livres de l’année établie par le jury du magazine Lire récompense également un bon nombre d’auteurs français. Jean-Baptiste del Amo, par exemple, a été élu révélation française pour Règne animal, publié chez Gallimard. Le meilleur livre français pour Serge Joncour avec Repose-toi sur moi, publié par Flammarion. On vous avait déjà parlé de cet auteur qui a récemment raflé le prix Interallié. Le meilleur mémoire attribué à John le Carré pour Le tunnel aux pigeons, aux éditions du Seuil. Marie Darieussecq dans la catégorie Art pour Être ici est une splendeur, paru aux éditions P.O.L. Cet ouvrage retrace la vie de la peintre allemande Paula Modersohn-Becker. Enfin, Ivan Jablonka, qu’on avait évoqué lorsqu’il a obtenu le prix Médicis, est sacré meilleur livre de l’année dans la catégorie enquête pour Laëtitia ou la fin des hommes, aux éditions du Seuil.