Jeremy Rifkin vous plonge dans le futur

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On lit souvent des titres racoleurs dans la presse généraliste et économique qui, avec inquiétude, demandent ce qu’il va advenir du monde économique que nous connaissons aujourd’hui alors que ce que le système capitaliste que nous pensions acquis et instauré menace de s’effondrer. Sans nécessairement crier que « nous allons tous mourir » (bien que ce ne soit fondamentalement pas faux), il faut admettre que l’économie du consumérisme telle que nous la connaissons commence à trouver ses limites et même à se confronter à des alternatives émergentes. Nous sommes à une période de l’histoire économique extrêmement intéressante précisément parce que les acquis sont en train de se déstabiliser pour laisser place à des innovations … et aussi des incertitudes.

Jeremy Rifkin, déjà auteur d’une vingtaine de best sellers qui traitent de l’économie nous expose le nouvel ordre économique mondial auquel il pense que nous allons être confrontés d’ici quelques décennies dans La nouvelle société du coût marginal zéro, ouvrage publié chez Les Liens qui Libèrent.

Je vois les deux du fond, là, qui grimacent à la lecture du mot économie associé à un livre. Attention, le dicton selon lequel tout livre de sciences économiques et sociales est rasoir ne puise pas ses racines dans cet ouvrage. Malgré les apparences (car je reconnais l’avoir pensé aussi), l’ouvrage de Jeremy Rifkin est d’une limpidité rare pour expliquer des phénomènes que certains aiment à traiter en se gargarisant de termes complexes. Il ne s’agit pas d’un manuel à lire en prenant des notes ni d’une notice délivrant des recommandations ni même de vérités générales, il s’agit simplement de lire un livre qui dépeint en fait notre siècle, son système, son fonctionnement et les fenêtres sur un avenir plutôt optimiste (même si peut-être trop utopiste à certains égards) qui s’ouvrent à nous.

Que peut-on donc apprendre dans un livre économique intéressant mais pas compliqué, accessible mais riche ?

 

Retour aux sources

L’auteur nous propose d’abord de revenir sur les fondements de nos sociétés, en rembobinant même suffisamment en arrière pour que l’on se retrouve à considérer l’influence de la société féodale sur notre construction sociale actuelle. En revenant sur les différents systèmes qui ont influencé celui dans lequel nous vivons actuellement, il devient plus aisé de comprendre comment ce dernier peut autant changer en si peu de temps. Qu’est-ce qui va donc changer ? Que lui dit sa boule de Crystal, à Jeremy ?

 

Des prédictions pas si futuristes

En invoquant la troisième révolution industrielle, la génération Y pourrait se demander de quoi il retourne tant elle est déjà habituée à consommer l’instantanéité des choses et des services. La phase d’industrialisation du monde moderne a eu lieu au XIXème siècle, alors que les nouveaux procédés de production avaient radicalement changé l’économie des pays développés, on parle alors de « révolution industrielle» et c’est sur elle que s’est bâtie notre économie. Avec le développement d’Internet, des objets connectés et la puissance exponentielle des moyens technologiques de fabrication que nous connaissons – et inventons sans cesse – le développement économique des pays capitalistes rencontre de profondes mutations et se voit en passe d’être, à son tour, révolutionné.

Jeremy Rifkin, dans La nouvelle société du coût marginal zéro, met en lumière la notion de « communaux collaboratifs ». Cette nouvelle forme d’économie dont il est question suppose que

« la valeur d’usage prime sur la propriété, que la durabilité supplante le consumérisme et que la coopération chasse la concurrence ».

A quoi ce genre de transformation ressemble ? Quand est-ce que cela arrivera ?

 

En fait, c’est maintenant.

Il s’agit du world wide web les jeunes! De l’accès pour tous à l’information infinie, de la possibilité de se procurer des outils à la pointe de la technologie de façon individuelle, de pouvoir communiquer instantanément pair à pair avec qui on veut, quand on veut, depuis où on veut. Lorsqu’une technologie aujourd’hui est maîtrisée, elle se décuple, se développe, progresse, jusqu’à être suffisamment facile à gérer pour permettre au plus grand nombre de se procurer telle ou telle chose. C’est vrai avec les téléphones. Tous ceux qui comme moi sont nés dans les années 90 (au siècle dernier !) se rappellent des premiers téléphones portables, des crédits téléphoniques chers, et même se souviennent d’avoir utilisé des cabines téléphoniques (enfin en province en tous cas c’était encore à la mode !). Aujourd’hui, à peine 20 ans après (bien avant en fait) tout le monde possède son propre téléphone (et non pas fixe mais…) portable.

Mais un autre exemple : les drones. Lors de leur sortie, on pensait tous que c’était un objet technologique dingue et inaccessible. A peine quelques années plus tard, on en trouve à la FNAC pour 750 euros, soit encore moins cher qu’un iPhone ou qu’un ordinateur Apple ! La pointe de la technologie devient donc accessible (certes à un certain budget), mais à potentiellement des millions de personnes (si l’on ne prend que le nombre de produits Apple sous système iOS vendus, c’est-à-dire iPad, iPhone et iPod, on dépasse le milliard).

Alors si les technologies deviennent de plus en plus accessibles, si leurs prix diminuent de façon exponentielle avec les années, comme c’est actuellement le cas, un jour, les prix deviendront tellement dérisoires que l’économie capitaliste finira par s’effondrer. Cette semaine une marque indienne de téléphone mobile propose un smartphone au prix de 4 $ (soit 225 fois moins cher qu’un iPhone).

 

« Certes le capitalisme est encore loin de se mettre lui-même hors-jeu, mais on voit bien que, plus il nous rapproche d’une société du coût marginal quasi nul, plus ses prouesse jadis inégalées faiblissent. Ainsi s’ouvre un espace à une façon entièrement neuve d’organiser la vie économique dans un âge caractérisé par l’abondance et non par la pénurie. »

 

 

What’s next ?

Ce qui va arriver dépend naturellement de ce que nous allons faire de cette technologie. On peut continuer de l’utiliser pour alphabétiser le monde et promouvoir un minimum d’étude garanti avec les MOOCS, développer si bien les réseaux que l’on pourrait apporter ces connaissances partout dans le monde, créer une société où tout le monde a réellement accès au même savoir, à la même information ; une société donc plus égalitaire, plus compétitive aussi, où la valeur ne sera plus nécessairement celle de l’argent, mais celle des compétences, de la volonté de faire. Si, par exemple, les imprimantes 3D continuent leurs prouesses elles aussi de façon exponentielle avec le temps, nous pourrons chacun nous en procurer une et cet objet deviendra aussi commun qu’une télé, sauf qu’elle pourra donc produire tout ce dont un ménage a besoin. On pourrait alors elles aussi les partager, après avoir partagé les covoiturages, les objets en commun dans les immeubles, après avoir mutualisé les connaissances et les services possibles de façon pair à pair.

Ce qui va se passer après, c’est à nous d’en décider. C’est à nous d’agir de façon collaborative, de rendre pérennes nos achats, de mutualiser les atouts de chacun pour aider les autres et niveler la société par le haut.

Je vous vois déjà faire de beaux rêves à la lecture de cette idée du futur qui pourrait être le vôtre. Ne comptez pas que sur les autres pour rendre cela possible. Ayez vous aussi des initiatives collaboratives, écologiques, et sociales pour maximiser les chances.

La nouvelle société du coût marginal zéro pourrait vous donner un bon coup de boost si les titres déprimants des JT et des quotidiens vous minent tant le monde va mal. Oui les crises actuelles sont multiples, et certaines concernent l’ensemble du globe comme la crise environnementale, mais nous n’avons jamais eu autant de moyens et d’atouts pour réussir à relever les défis d’aujourd’hui. Peut-être un brin idéaliste à quelques égards, ce livre vous fera sans aucun doute vous remettre en question sur vous-même et la façon dont vous percevez le monde et l’impact que chacun peut avoir sur celui-ci. Pour les plus optimistes, regardez cette vidéo sur l’abondance des chances que nous avons de Peter Diamandis.

Ted Talk – Peter Diamandis – Abundance is our future

crédit photo : site de voyance st clair.

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