La Planète des singes (1963) – « Il est têtu comme une mule et stupide comme un homme »
Jinn et Phyllis trouvent une bouteille contenant un manuscrit qui relate l’exploration par des hommes d’un monde à la civilisation simienne évoluée et où l’humaine est primitive.
Le nom du protagoniste est bien trouvé car similairement à son homonyme mythologique, qui découvre son royaume d’Ithaque changé après vingt ans d’absence, Mérou trouvera la Terre qui aura évoluée d’une manière inattendue. La stratification tripartite rappelle ce qui fut la nôtre avec ses gorilles axés sur le combat, ses chimpanzés inventifs et ses orangs-outans privilégiés malgré leur cuistrerie. Anciennement jugé indécent, pour l’oaristys entre une primate et un humain ; analogie patente avec un amour interracial. En inversant les rôles, Pierre Boulle peut dévoiler caustiquement la xénophobie, les dogmes, les castes, les expérimentations animales, la désinformation mais aussi l’oisiveté de l’espèce humaine et l’absence d’originalité des hommes. Il est également un pamphlet envers la guerre et les abus de la science. De même, le baroud pour se faire reconnaître en tant qu’espèce consciente d’Ulysse fait songer à la lutte pour les droits civiques. Bref, c’est un roman foisonnant de thèmes et il n’omet jamais d’être un divertissement. Le twist est amené davantage subtilement que dans le métrage de 1968. Un livre brillant qui nous met en garde contre la prééminence fragile de notre culture.
La Planète des singes (1968) – « Retire tes sales pattes de moi, sale singe »
Taylor atterrit sur une planète où les humains sont primitifs et qui est gouvernée par des singes évolués.
Le métrage est plutôt fidèle au roman du moins au début notamment parce que la stratification sociale par espèce et la situation de base sont reprises, mais ensuite il y a un événement primordial qui n’est pas réutilisé et la fin impressionnante est davantage explicite. Véritable pamphlet contre une humanité qui provoquera son propre anéantissement, le film aborde de sujets pléthoriques tels les mauvais traitements infligés aux animaux par un recours à un miroir déformant cauchemardesque qui mue le genre humain en bête qu’on peut chasser, lobotomiser ou encore tenir en laisse. Charlton Eston est purement fantastique en héros cynique et désabusé. Bref, une œuvre qui ébranlera assurément vos certitudes bouffies de fatuité concernant l’homme.
Le Secret de la planète des singes – « Méfiez-vous de l’homme-animal car il est l’instrument du diable. Seul parmi les primates de Dieu, il tue par plaisir, désir et avarice. […] Il est le héraut de la mort »
L’astronaute Brent est envoyé secourir Taylor. Sur la planète des singes, il abouche un reliquat d’humanité, des mutants télépathes.
Il n’atteint jamais les sommets du volet précédent, à cause d’un scénario aberrant, d’un rythme aléatoire, itératif lors de la première partie et la faible présence des singes. La métaphore des hommes vénérant une bombe n’est pas des plus subtiles et il y a une incohérence immense : pourquoi ces humains dotés de pouvoirs n’ont pas pris l’ascendant sur les primates ? Même si visionner le docteur Zaïus dénudé dans un sauna est très cocasse, ce n’est tout de même pas fort sérieux. Néanmoins, le sujet salvateur du film est l’armement nucléaire (étant le reflet de son époque avec la Guerre Froide omniprésente dans le cinéma de ces années) même si grotesquement utilisé et le twist final qui ne devait pas rendre possible une éventuelle suite est assurément pessimiste.