Les fins d’années sont synonymes de récompenses pour les auteurs français. De nombreux prix sont remis durant ce mois de novembre. JustFocus vous propose un récapitulatif des prix littéraires de cet automne 2018.
Grand prix du roman de l’Académie française : L’Été des Quatre Rois de Camille Pascal
Pour son premier roman, Camille Pascal frappe fort. L’auteur revient sur un été unique en France, celui de 1830. Pendant ces deux mois, le peuple français voit défiler quatre rois sur le trône de France : Charles X, Louis XIX, Henri V et Louis-Philippe. Devant cette valse des monarques, Camille Pascal convoque les grandes figures de cette moitié de XIXe siècle : Victor Hugo, Stendhal, Alexandre Dumas, La Fayette, Châteaubriand… Le lecteur assiste page après page à tous ces événements brouillons et incroyables qui ont mené à la révolution des Trois Glorieuses et à la Monarchie de Juillet.
L’année dernière, le grand prix de l’Académie française avait été remis à Daniel Rondeau pour Mécaniques du chaos.
Prix Renaudot : Le Sillon de Valérie Manteau
Cette récompense a fait l’effet d’une surprise puisque Le Sillon ne figurait plus sur la liste des sélectionnés. Le jury a cependant tenu à primer ce roman. L’autrice part à Istanbul, sur les traces du journaliste Hrant Dink, assassiné en 2007. Dans ses pérégrinations, Valérie Manteau explore la ville turque, rencontre de nouvelles personnes, milite pour les droits des journalistes… La fiction se mélange bien vite avec la réalité. Valérie Manteau lie la vie de Hrant Dink et ses réflexions sur la vie actuelle en Turquie.
L’année dernière, le prix Renaudot a été remporté par Olivier Guez pour La disparition de Josef Mengele.
Prix Goncourt : Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu
De 1992 à 1998, Nicolas Mathieu nous raconte quatre étés. Les étés d’Anthony, 14 ans. Anthony s’ennuie, il partage son temps entre les copains, la famille, les CD de Nirvana, les filles en maillot de bain, les bouteilles de bière et les rêves déchus… Anthony a 14 ans et il ne veut pas vivre la même vie que son père. Il rêve de ne jamais plus connaître le chômage, les zones pavillonnaires et les émissions d’Intervilles à la télé. Il veut plus, il veut une vie qui brille. Mais il n’est pas sûr d’y arriver. Nicolas Mathieu livre un portrait touchant de cette France de fin de siècle.
L’année dernière, le prix Goncourt a été attribué à Éric Vuillard pour L’ordre du jour.
Prix Femina : Le Lambeau de Philippe Lançon
Cette récompense n’a rien d’une surprise. Le Lambeau a fait sensation cette année et le résultat était joué d’avance. C’est un texte très fort que Philippe Lançon nous livre. L’homme est journaliste. Le 7 janvier 2015, il était dans les locaux de Charlie Hebdo, sous le feu des balles. Elles lui ont arraché la mâchoire. Philippe Lançon raconte dans un livre sa guérison. Il parle de son parcours médical, de son deuil après avoir perdu ses collègues et amis, de sa reconstruction physique et mentale. Il raconte comment réconcilier « celui qui n’était pas tout à fait mort » et « celui qui allait devoir survivre ». Une grande claque.
L’année dernière, le prix Femina était décerné à Philippe Jaenada pour La Serpe.
Prix Médicis : Idiotie de Pierre Guyotat
C’est une double reconnaissance pour Pierre Gyotat puisqu’il a également reçu cette année un prix Femina spécial qui récompense l’ensemble de son œuvre. Dans Idiotie, l’auteur raconte l’année de ses 18 ans. Pierre Gyotat rentre dans l’âge adulte en Algérie. Il s’est fait soldat pour rejoindre cette guerre entre 1959 et 1962. Il revient sur son parcours personnel, interroge son rapport à la pornographie, au colonialisme et à l’abjection. C’est une réflexion sur tout ce qui le définit, sur ces éléments qui font que son œuvre est autant appréciée que détestée.
L’année dernière, le prix Médicis était remis à Yannick Haenel pour Tiens ferme ta couronne.
Prix Décembre : François, portrait d’un absent par Michaël Ferrier
Michaël Ferrier raconte le deuil d’un ami et le deuil d’une amitié terminée trop tôt. Il retrace sa rencontre avec François Christophe à l’internat du lycée Lakanal au Japon. Michaël Ferrier partage des scènes de vie et des anecdotes, tentant de faire revivre l’image d’un garçon mort par accident. L’auteur veut donner un second souffle de vie à son ami, pour lui éviter l’oubli, la mort finale. Un texte touchant et poétique sur l’amitié, la vie et la mort, les absurdités de la vie.
L’année dernière, le prix Décembre était remporté par Grégoire Bouillier pour Dossier M.
D’autres prix sont à venir, cet article sera mis à jour au fur et à mesure. On note toutefois que cette année encore, malgré la présence notable de Valérie Manteau, les lauréats des grands prix littéraires français sont tous des hommes. Pour retrouver de grandes écrivaines, jetez un œil à notre rubrique Un mois, une auteure et interrogez votre libraire.