Magnéto, l’ennemi le plus connu des X-Men, est né juif dans les années 30 dans l’Allemagne nazie où il a subi la montée progressive de la haine. Par Le testament publié par Panini comics, découvrez comment il a nourri sa haine contre l’humanité.
Récit des origines du mal
Max Eisenhart, futur Magnéto, est le jeune fils d’un joaillier juif vivant dans l’Allemagne des années 30. La joie est palpable dans cette famille mais le scénariste Greg Pak nous montre ensuite leur dure survie dans l’Allemagne nazie. C’est par la famille Eisenberg que l’on voit la violence antisémite comme lors de La nuit de cristal. Alors qu’il est fou de joie d’avoir gagné une compétition (et prouvé l’absurdité des thèse racistes), Max voit son oncle humilié en public car il sort avec une femme « de sang allemand » comme on disait à l’époque. Par la famille Eisenberg, Greg Pak illustre les diverses réactions des juifs face à cette haine.
Plus réaliste, son oncle veut partir mais le père de Max ne peut accepter que son pays ait changé à ce point. Sa réponse récurrente aux événements glace le lecteur : « cela ne peut pas être pire ». Mais les humiliations se succèdent et la violence monte. La famille est contrainte à l’errance en tentant de plus en plus difficilement de survivre. Greg Pak connaît bien les différentes interprétations de la Shoah. Par les dialogues entre Magnéto et son ancien professeur, on saisit le fonctionnement du camp d’Auschwitz de la séparation à la descente du train et la place des enfants au rôle des juifs dans l’organisation de camps, les Sonderkommandos. Toute la précision dans les faits historiques vient des recherches du scénariste qui a fait appel à un conseiller historique, Marc Weitzman du centre Simon Wiesenthal pour « être fidèle à l’Histoire ». Même si on suit un personnage fictif, chaque étape est liée à une archive ou un fait historique réel.
Un volume imposant
Récit souvent réédité, Magnéto Le Testament est ici présenté dans un format Giant size. C’est le deuxième volume à profiter de ce choix éditorial après Genèse mutant de Jim Lee et Chris Claremont. Le lecteur sort encore plus bouleversé de cette lecture car les très grandes pages rendent service au dessinateur italien Carmine di Giandomenico. Ce gigantisme des pages permet de saisir chaque expression de douleur, de colère ou de haine des visages souvent anguleux. La colorisation de Matt Hollingsworth sert subtilement le récit. Suivant le calvaire de la famille Eisenhart, on passe d’une gamme très variée avec des couleurs chaudes à un monochrome de gris ou de marron. Plus que du comics, le dessin rapproche ce récit de la bd franco-belge. La mise en page, le plus souvent en gaufrier, est classique, ce qui rend encore plus impressionnant les doubles pages. Il n’y a pas de super-héros venus aider le peuple juif mais Max doit s’en sortir sans pouvoir. Magnéto Le Testament est donc une excellente porte d’entrée pour faire découvrir l’univers des super-héros à un lecteur de bd qui aurait des aprioris.
Panini comics propose un ensemble complet. La couverture avec rabat cache un double poster. On trouve les cinq épisodes de cette série limitée dont chaque chapitre est séparé par la couverture d’origine mais aussi un épisode écrit par Rafael Medoff dessiné par Neal Adams où on découvre la vie l’artiste Dina Babitt de son départ dans les camps à son combat pour récupérer des portraits que les nazis l’avaient forcée à faire, mais un musée polonais refuse de lui rendre.
Magnéto Le testament touche le lecteur en plein cœur dès le début et la tension ne cesse jamais. Le scénariste fait le choix de montrer la difficulté quotidienne et l’humiliation constante d’une famille juive plutôt qu’une grande fresque. C’est par les Eisenhart puis Max seul que l’on suit l’engrenage qui part des insultes et conduit aux camps d’extermination.