Replongez dans l’univers de « L’Incal » en suivant le premier titre d’une série sur les personnages secondaires. Kill est certainement un titre qui a du chien.
Un personnage secondaire enfin en avant
Après l’annonce du réalisateur qui va réaliser le film, Les Humanoïdes Associés continuent à mettre en avant l’univers de l’Incal en proposant cette série dérivée sur un des personnages de la première série. Quand il apparaît dans le premier volume, Kill « Tête-de-Chien » n’est qu’un personnage très secondaire. Le héros John Difool vient l’interrompre en pleine relation charnelle avec une aristocrate. Cependant, sa personnalité fait mouche. Ce fêtard est un chien humanoïde aussi redoutable avec une arme qu’obsédé par le sexe. Ce mélange improbable en fait un personnage très drôle et donc qui a marqué les lecteurs. Moebius et Jodorowsky en font alors un associé régulier de Difool et son faire-valoir idéal par le contraste qu’il forme avec le messie incertain de l’Incal. Par cet album, Kill apparaît enfin au premier plan à l’image des différents personnages dans la série XIII Mystery. Kill est bien ce Casanova incapable de rester en place mais aussi profondément humain. Les fans de MCU ne peuvent s’empêcher de faire un rapprochement avec Rocket Racoon et ce n’est pas un hasard. Il est plus que probable que les auteurs du comics puis les scénaristes aient lu l’Incal tant les similitudes sont nombreuses.
Le début est le même que l’Incal Kill tombe dans Résurrection-allée mais quelque-chose ne va pas car au lieu de tomber dans un lac d’acide, il se réveille puis chute à nouveau. Il ne sait même plus où est la salle de bain. Pourtant, artiste, héros de guerre et amant célébré, il est au sommet. Tout paraît trop beau et c’est le cas car Tête-de-Chien est en fait dans le coma après une tentative de meurtre et l’on ne voit que ses souvenirs. Ses enfants en profitent pour lui donner une leçon sur la fidélité.
Une délocalisation vers l’Amérique
Les éditeurs des Humanoïdes Associés font le choix audacieux de confier cette série mythique de la bd européenne à deux artistes américains : le scénariste Brandon Thomas et le dessinateur Peter Woods. Loin de proposer un banal récit d’aventure, Thomas proposent un voyage dans l’esprit de Tête-de-Chien. Ses bâtards envahissent son esprit et explorent ses souvenirs. On pourrait croire qu’ils veulent le sauver. Mais, aussi vénaux que leur père, ils veulent récupérer leur dû. Cette technique narrative est un habile moyen de faire la biographie de Kill et un hommage à la série d’origine. Brandon Thomas voit en effet l’Incal comme une source possible de nombreuses nouvelles histoires. Les différentes interprétations de Tête-de-Chien au fil des séries en sont pour lui la preuve. Il profite de la liberté qui lui est offerte pour réaliser son récit le plus fou et sortir de ses habitudes d’écritures. Dès les premières pages, le pari est réussi par ce mélange entre action, humour et originalité narrative.
A l’inverse, impressionné par les dessinateurs qui l’ont précédé, Peter Woods s’est refusé de relire les anciens tomes car il a une relation personnelle avec l’Incal. Issu d’une famille très religieuse, il doit lire la bd en cachette et reste encore aujourd’hui marqué par l’univers. Il n’a donc pas imité Moebius, Janjetov ou Ladrönn mais il a apporté sa touche personnelle à l’Incal. Il fait une fusion entre l’outil numérique des dessinateurs récents et des lignes et des couleurs proches de Moebius. Une bande-annonce sur ce lien vous fera découvrir quelques images.
Alors que de nombreuses séries se poursuivent sans raison, L’Incal propose un pas de côté intéressant avec Kill Tête-de-Chien. Le duo d’auteurs américains s’approprie l’univers en proposant un titre coloré et tendre, un supplément sucré et amer à une immense saga.
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