Le premier roman de Serge Marignan s’intitule Viens !

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Qui a dit que les histoires d’amour n’étaient bonnes qu’à faire frissonner un public féminin ? Dans ce récit romantique, l’auteur Serge Marignan insuffle un peu de lui, à travers le personnage de Julien dans « Viens ! ». Afin de raconter cette romance, il choisit de faire confiance aux éditions des auteurs des livres.

Cette histoire organisée en plusieurs parties retrace l’évolution de l’antagoniste masculin, tout en retranscrivant ses différents états d’âme. Ceux-ci fluctuent en fonction de l’âge, car le lecteur se confronte à un héros changeant, qui gagne en maturité, commet des erreurs, puis les regrette. Dans les plus infimes détails, le lecteur pénètre le quotidien de l’adolescent des années 70, qui rencontre sa belle et bien-aimée Michèle. Un roman où chacun s’initie à son rythme et à sa manière aux caprices du cœur et aux premières fois sexuelles. La présence de nombreuses citations donne du corps au récit, brouillant ainsi la limite entre l’autobiographie à l’ouvrage épistolaire/journal intime. Leur usage est ici pertinent et correspond bien à l’atmosphère générale du livre, intitulé « Viens ! » Lors du processus d’écriture, Serge Marignan a décidé d’orienter son travail vers un jeu d’authenticité. Si le lecteur est bel et bien en train de découvrir une fiction, à quel point est-elle inspirée de faits réels ? Cet aspect fait le charme de ce livre ambivalent : classique par son contenu, original par sa forme.

L’amour mène la danse dans Viens !

Le thème essentiel de « Viens ! » est la perspective unique du premier amour : sa différence, par rapport aux relations suivantes. L’auteur donne un caractère sacré à cette première union, pour deux personnages qui sont adultes et matures. Les deux antagonistes se sont mariés… Chacun de leur côté. Et pourtant, cette « amourette » qui s’est poursuivie continue de les hanter. Comme si la page n’était pas définitivement tournée. De nombreux évènements bouleversent Julien, que l’on connaît à différents stades de sa vie : adolescent, jeune, mâture, plus âgé. La rencontre inopinée, des années plus tard change tout. C’est le commencement du roman « Viens ! » : la quête d’un narrateur éperdument amoureux, qui décide de reconquérir le cœur de sa belle. Pour cela, Julien se met à écrire cette relation, entre les années 1972 et 1977. Ces années sont marquées par la libération des mœurs : les « soixante-huitards » sont des manifestants, des rebelles qui n’hésitent pas à clamer leur indépendance d’un système fait par les vieux pour les vieux. Cette jeunesse révoltée correspond bien à l’esprit français vu à l’étranger : sans cesse en grève, jamais content. Certains clichés ont la dent dure et se retrouvent ici déployés !

Julien, un homme confronté à l’amour

La fraîcheur de Julien est celle d’un musicien romantique, qui n’ose jamais vraiment embrasser ce côté ultrasensible. Finalement, c’est son amour pour Michèle qui va l’aider à se confronter à lui-même. Pour cela, ils pourront tous les deux compter sur leur passion unie pour la musique. Pendant ces années à s’aimer de plus en plus fort, tous les deux font face aux problématiques liées à leur jeune âge et insouciance. Outre les excès concernant l’alcool et le tabac, l’exploration du sexe peu documenté et une quasi-absence d’éducation pédagogique en la matière semblent symptomatiques de l’époque.

Amoureux un jour, amoureux toujours…

Le lecteur découvrant « Viens ! » réalise qu’un homme amoureux une fois peut le rester toute une vie. Avec l’âge, Julien s’est marié, mais il n’a pas abandonné. Ce récit riche en mélancolie s’adresse particulièrement à ceux qui recherchent une expérience sans « prise de tête », où la poursuite de la passion perdue peut prendre des virages à 180 degrés. Grâce à un style oral et accessible à tous, le livre réussit à captiver du début à la fin.

Serge Marignan, une plume de qualité

Serge Marignan n’est pas à son premier coup d’essai en matière d’écriture : auteur de deux recueils de poésie au sujet de l’enfance et de ses lointaines mémoires, il semble que le temps qui passe est sa « madeleine » de Proust. À la recherche de ce temps perdu, son personnage s’embarque dans une quête qui paraît extrêmement difficile. Que le lecteur soit optimiste ou pessimiste, l’amateur de romance trouvera son compte dans ce roman court et authentique. Cet auteur mélancolique et nostalgique parvient à décrire précisément chaque scène et chaque référence qu’il exploite. Avec ce ton spontané des adolescents, qu’il conserve plus ou moins, Julien s’emballe en continu. Là où on pourrait croire que les années auraient raison de son amour, le fantasme de retrouver un jour cet amour de jeunesse tient en haleine son lecteur jusqu’à la dernière page.

Viens ! de Serge Marignan

Aux prémices de leur relation, Michèle n’a que 15 ans — lui approche des 18. Ce coup de foudre qui naît dans le Gard aboutit en histoire sérieuse, mais fragile. À la découverte d’eux-mêmes, de l’un et de l’autre, ils explorent leurs corps et leur sexualité. Sous un angle d’insouciance, l’écrivain réussit à tisser une intrigue sur plusieurs chronologies complémentaires, donnant l’impression d’avoir suivi ce couple pendant plusieurs années, à leurs côtés.

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