La mythique revue Métal Hurlant proposait au départ des compilations de bd anciennes ou nouvelles, la formule évolue par son neuvième numéro vers une proposition plus magazine…
Un nouveau Métal Hurlant
Métal Hurlant ne cesse de muter. Le projet de départ des Humanoïdes Associés était d’alterner entre un numéro pairfaisant une compilation d’anciennes bds des années 1980 et un numéro impair allant chercher des nouveaux auteurs et autrices. Cette vision fait partie du passé. Désormais, la revue de science-fiction regarde chaque trimestre vers le futur– du monde et de la bd – pour la plus grande partie du magazine avec bientôt un cahier central regardant vers le passé. Jerry Frissen reste le rédacteur en chef et écrit même Love is Like Oxygen avec Jorg De Vos qui se charge des dessins.
Malgré ces modifications, le sommaire continue à proposer des auteurs reconnus de la sf ou de la bd d’anticipation. Connu entre autres pour Aquablue, Olivier Vatine se charge du scénario et du dessin de Futurette. Le stakhanoviste Corbeyran avec le musicien Rurik Sallé écrivent Un monde plus lisse pour le dessinateur Nicolas Bègue. La rubrique Metal Inoxydable se demande d’ailleurs si des œuvres du passé résonne encore avec le XXIe siècle.
De nouveaux noms éclatent de talent : le jeune Yoann Kavege aux dessins et aux couleurs s’associe avec son éditeur, ici scénariste, Thomas Mourier dans Signal faible. L’œuvre de défrichement de Métal Hurlant s’ouvre à l’art en général dans la rubrique Bébés métalliques, s’intéressant à la nouvelle génération d’artistes en commençant par Alt 236.
Un nouveau futur
Métal Hurlant conserve un thème commun. Ce neuvième numéro s’intéresse aux visions du futur. Selon les artistes, on peut naviguer entre utopies et dystopies. L’interview du romancier de science-fiction Kim Stanley Robinson parle de l’utopie à partir de son nouveau roman Le Ministère du futur.
Ce thème occupait la quasi-totalité des anciens numéros. Cependant, le nouveau Métal Hurlant accorde davantage de liberté à ses artistes. De plus, le magazine laisse aujourd’hui une place plus équilibrée à des textes. Les interviews étaient nombreuses dans les numéros anthologiques, mais plus réduits dans les récits contemporains. Le numéro neuf change avec le retour de rubriques historiques. Le mange-livre propose des chroniques sur des livres (Le dernier jour du Tourbillon et Dice Men) ou des bds (Alva dans la nuit, Apparition dans le ciel de Berlin-Est, The Nice House on the Lake…).
Des nouvelles rubriques naissent. Les enquêtes de Métal Hurlant sont un texte au long cours. Pour ce numéro, Charles Knappek se penche sur l’optimisme à la science-fiction. Le lien avec la musique revient dans La musique utopique d’Otto Maddox où Edvin Ulf propose de courtes chroniques musicales très diverses allant du rock lourd de Kyuss aux musiques de l’espace composées par la NASA. A l’inverse, Manifesto sort de l’imaginaire pour se pencher sur un fait de société. Métal Hurlant invite Pierre-William Fregonese s’inspire de l’historien des couleurs Michel Pastoureau pour montrer comment le rose est devenu la couleur de l’utopie.
L’autre changement est l’arrivée d’un nouveau rédacteur en chef adjoint. Lloyd Chéry est bien connu des fans de la science-fiction pour son indispensable podcast C’est plus que de la SF. On peut voir sa patte dans les chroniques et dans la conduite de l’entretien de Kim Stanley Robinson.
Dans ce neuvième numéro, l’équipe de Métal Hurlant fait sa révolution dans la continuité. On retrouve avec un grand plaisir de courts récits en bd autour d’un thème central. Ce regard commun permet aussi bien de voir le futur que les travers de notre présent. Cependant, les multiples rubriques s’affirment comme le grand atout de cette nouvelle formule… même si elles sont un cauchemar pour notre banquier tant les propositions sont intrigantes.
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