Le dernier tome de la série de Tom Waltz avait été aussi grandiose que tragique mais la suite est tout aussi excellente. Assistez à la Renaissance des Tortues.
Un sombre départ
Depuis New York, ville en guerre, la vie des tortues est totalement bouleversée. La famille est en deuil en raison de la mort de leur père. New York est aussi bouleversée. En raison des actions d’Old Hob, une partie de l’île de Manhattan est devenue un quartier mutant séparé du reste de la ville par un mur. Toute une solidarité se met en place pour aider les nouveaux mutants. Alopex dirige un foyer d’accueil car la mutation a bouleversé les emplois, les logements, les études et les familles, mais certains voient leur transformation comme une opportunité. Le mur construit par les autorités rappelle la ville de Last Ronin. Le rationnement alimentaire, la violence interne pour survivre et l’interdiction d’entrée aux non-mutants évoquent également les ghettos juifs de la Seconde Guerre mondiale comme Varsovie. Ce premier volume se concentre sur cette partie de la ville. Shredder est revenu mais apparaît à peine.
Les tortues retrouvent la ferme à Northampton ayant déjà servi de lieu de guérison. Ce départ montre le rapport familial que les tortues entretiennent avec la ville : l’éloignement de New York correspond à une période de crise familiale alors que le rapprochement est un signe de réconciliation. Jennyka, nouvelle tortue, circule entre la ville et la campagne car elle ne trouve plus sa place entre le clan Foot moribond et la famille des tortues qu’elle n’estime pas avoir la légitimité d’intégrer.
Une autrice complète
Le choix d’une autrice est excellent. Dire que Sophie Campbell apporte une touche féminine serait erronée mais elle apporte une regard différent sur les super-héros. Elle crée des personnages féminins et sort des stéréotype : Jenny est une combattant fan de punk mais également de crochet. La scénariste met en avant la tristesse et la douceur des personnages. Si Sophie Campbell a déjà œuvré sur la série, son dessin a beaucoup évolué. J’avais apprécié ses épisodes épars mais ce tome est une véritable révélation. Elle a gagné en précision. La douceur des expressions des animaux me touche comme la tristesse dans de belles cases muettes. Les corps, davantage en gros plans, occupent une grande partie de l’espace de cases plus grandes. Elle assure aussi bien dans les cases de combat. Je trouve en revanche qu’elle ne maîtrise pas encore la place du texte car les dialogues sont parfois bavards.
Le format est resté mais la charte graphique a changé. Le dos propose de jolies teintes bleus et jaunes qui se prolongent sur la quatrième de couverture. Le design du titre et des première pages est joliment mis à jour. Bien qu’il y ait toujours eu la galerie d’illustrations – encore plus riche dans ce tome –,HiComics peut enfin proposer d’autres compléments éditoriaux. Les portraits des tortues et des membres du clan de Old Hob permettent de comprendre les changements récents des personnages. Une postface retrace l’histoire de la série et les événements récents. On peut espérer retrouver un texte identique au début de chacun des prochains tomes.
Certains ont pu dire que Reborn n’était pas le meilleur moyen pour commencer. Certes, ce premier tome est dans la continuité mais le premier épisode présente très bien les nouveaux enjeux et les différents personnages si bien qu’on peut très facilement débuter. Le thème de la famille reste présent mais la place des tortues dans la ville a changé. La série part sur des bases solides tout en traçant de nouvelles pistes passionnantes. Que cette série est belle !
Retrouvez sur le site d’autres articles sur les tortues ninja avec la première série et un volume séparé sur les héros.