Sorti chez Delcourt, le Disque de Kailash est la première partie d’une nouvelle série La montagne invisible, en deux tomes. Elle est scénarisée par un auteur reconnu, Makyo (La balade au bout du monde, Jérôme K. Jérôme Bloche). Est-ce une étape majeure d’un auteur reconnu ou un pas de côté ?
Un récit d’action visuellement réussi
Les premières plages plongent le lecteur au cœur d’un camp de concentration. David Kahn, un linguiste juif de génie, est menacé de mort par le chef du camp, Grüber. Il prononce l’étrange mot kailash pour éviter la mort. La tension monte mais, en tournant la page, on perd ses repères. Le décor est celui d’un vestiaire où un boxeur se concentre avant un combat. Interviewé par une journaliste, le sportif se révèle très complexe : boxeur retiré, ancien taulard, philosophe. Zach Kahn peut frapper mais réfléchit aussi. Cette journaliste se révèle au fil des pages tout aussi aussi ambivalente. Ancienne néo-nazie, elle plonge Zach dans des aventures complexes sans qu’il le veuille.
Ce récit est servi par un dessin classique tant pour le style que la mise en page. On retrouve des cases de tailles variables souvent assez grandes autour d’un bord blanc sans sortie de case. Les pages se regardent agréablement et le récit est bien retranscrit. Certaines cases semblent un peu inachevées mais ce choix est parfois volontaire comme lors des combats pour mieux mettre en avant le rythme plus rapide de l’action.
Un récit politique
Nina est attaquée par deux skinheads et se retrouve dans le coma. On découvre alors que sa rencontre avec Zach n’a rien de fortuit. Il est le petit-fils du linguiste déporté et elle est la petite-fille du dirigeant du camp. Histoire, politique et liens familiaux se mêlent. Plus tard, Zach rencontrera Udo Weber, leader d’un parti d’extrême-droite.
Un récit fantastique
Makyo réussit à traiter plusieurs thèmes à la fois. Tous les personnages sont à la recherche d’une montagne invisible où, selon des traditions écrites, on peut trouver toutes les richesses. En effet, ce mystère est décrit par les archives Grüber trouvées par ses petits-enfants, Nina et son frère Gunther. Il reste encore très opaque dans ce volume. Udo Weber est aussi intéressé par la montagne. La géographie des hauts lieux de culte apparaît dans ce volume. Zach, juif athée, se rend en Israël pour obtenir l’aide de son père mais il a disparu. Zach et Gunther suivent alors de la piste du père au Tibet. Des éléments de l’intrigue sont peu crédibles pour l’instant. Les hasards semblent trop nombreux. Zach tombe amoureux après un coup d’un soir mais, pourtant, il affirme que Nina ne pouvait pas savoir qu’il était juif. Le père du boxeur est le seul à pouvoir la sauver de ses blessures.
La montagne invisible commence très haut dans ce premier volume. En fin de tome, l’histoire s’achève temporairement en arrivant au Tibet après une construction progressive de différents personnages et de fils narratifs. Ce volume, fait pour tous les fans du Da Vinci Code, mêle histoire, ésotérisme et complot.