L’argent domine le monde mais dans Silver Coin il détruit également votre vie. L’anthologie horrifique de Michael Walsh arrive en effet à sa conclusion. Comment les scénaristes vont-il conclure l’histoire de cette pièce maudite éditée par Huginn & Muninn ?
Cherchez cette pièce à travers le temps
Ce dernier tome de Silver Coin poursuit le principe de départ : Michael Walsh reste le dessinateur et coloriste sur l’ensemble des épisodes mais invite sur la plupart des chapitres un scénariste différent avant de conclure le livre en étant à la fois le scénariste et le dessinateur. Encore une fois, on trouve la crème des scénaristes actuels. avec James Tynion IV (The Department of Truth, Batman), Stephanie Phillips (Grim, Harley Quinn), Johnnie Christmas (Tartarus, Firebug) et Ponsak Pichetshote (The Good Asian, Infidel). Les nouveaux scénarios de Silver Coin poursuivent également le principe de base : une mystérieuse pièce d’argent se transmet de main en main au cours des siècles et provoque, à chaque fois, un désastre. La pièce n’est pas juste un objet mais un œil qui se nourrit du sang de son propriétaire. La posséder impose une contrepartie systématiquement dramatique.
Par les multiples scénaristes et le principe du changement de propriétaire, Silver Coin vous fait voyager. Cependant, le récit n’est pas chronologique. Le premier chapitre, Le Resto, est sans doute contemporain tandis que le deuxième, Jusqu’à l’aube se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale dans les Alpes italiennes. La scénariste Stephanie Phillips n’a pas choisi ce moment au hasard mais elle opte pour un moment stratégique du conflit. Les Alliés ont débarqué en Sicile puis ont avancé rapidement en profitant de l’effondrement du régime fasciste italien. Cependant, les Américains buttent sur les reliefs des Alpes et sur l’arrivée des troupes allemandes ayant pris le relai des fascistes. Les combats se déroulent en forêt en hiver, moment propice pour faire émerger le surnaturel. Le troisième chapitre de Silver Coin s’intéresse au passé récent. Un écrivain devient parano à la suite l’élection de Trump et surtout de l’épidémie de Covid. Si à l’époque, on trouvait ses actes normaux, certains gestes montrent les premières marches vers la folie : nettoyer ses courses à l’alcool.
Ce troisième tome marque la fin de Silver Coin. On retrouve des personnages dans les deux derniers chapitres et le final apporte un sens nouveau aux récits contemporains en le liant à un homme. Ce choix est amusant mais il manque l’ampleur d’une véritable conclusion.
Découvrez le mal et la violence avec Silver Coin
Silver Coin dénoncent des péchés contemporains dignes de la Bible. Le premier est l’avarice mêlé à la gourmandise. Innocemment, la propriétaire d’un restaurant souhaite avoir davantage de clients. En effet, elle subit la concurrence d’une chaîne de fast-food ressemblant beaucoup à un M jaune inversé. Le restaurant est au bord de la ruine jusqu’à ce qu’un client laisse en pourboire une Silver Coin. Les personnages sont au départ rarement mauvais. Ils ressentent une frustration que la pièce comble. L’argent rempli le vide psychologique. Patrick est un personnage tendre qui n’est pas à sa place. Ce soldat manque de courage et rechigne à recourir à la violence. Au contraire, le dernier chapitre montre un homme mauvais s’alliant avec la pièce pour faire le mal. Cependant, le mal vient parfois de la pièce est elle-même qui tue. Les premières pages du deuxième chapitre frappent le lecteur par leur violence. La guerre n’est pas glorieuse mais une boucherie. On peut également lire un avertissement sur le chapitre 14 traitant d’une fausse couche.
Le récit anthologique avec des scénaristes différents permet de réfléchir à la manière de raconter. Certains scénaristes recourent à un récitatif et d’autres passent par les personnages. Le départ est réaliste et l’horreur arrive peu à peu. Les textes plus ou moins denses s’organisent autour d’une montée de l’angoisse par les révélations de l’effet croissant de la Silver Coin. Par deux fois, la pièce est un filtre qui déforme la réalité pour tromper un homme bon. Le troisième récit se distingue par une horreur plus visuelle mais il semble totalement hors sujet. Plutôt qu’une pièce, ce chapitre propose une épidémie maléfique. À l’inverse, le troisième chapitre montre un événement surnaturel puis remonte aux origines avec une alternance entre les actions récentes et une tension amoureuse passée.
Ce dernier tome prouve que Silver Coin a su maintenir son concept et l’intérêt du lecteur jusqu’au chapitre final tout ne proposant des récits divers. Chacun pourra se souvenir du récit le plus effrayant ou le plus récit toujours dessiné par Michael Walsh. On peut cependant regretter que le fil directeur entre les nouvelles ne soit pas abouti.
Retrouvez sur le site les chroniques du premier et du deuxième tome.
