Guerres et dragons, critique du tome 2  : la Fayette nous voilà

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guerre et dragons escadrille La Fayette

Le deuxième album de la 1ère saison de la série anthologique Guerres et Dragons était très attendu. Toujours scénarisé par Nicolas Jarry mais avec une nouvelle équipe graphique, il nous conduit dans l’Enfer des tranchées de la guerre 1914-1918. Ce changement de décor et de dessinateur n’entament en rien la qualité de l’œuvre, bien au contraire.

Mort aux dragons

1908, dans une ferme de l’Ouest des Etats-Unis d’Amérique, un jeune garçon, gardien de troupeau assiste à l’irruption d’un gigantesque dragon. Prises de panique, ses vaches paniquent, fuient et tombent dans un ravin. Pour sa famille, l’accident est synonyme de ruine, de dettes et d’expulsion. Poursuivi par les banquiers, son père se suicide. Tandis que sa sœur et sa mère sont accueillies par un oncle et refont leur vie, le jeune garçon s’engage dans les forces aériennes des E.U.A avec un but : tuer les dragons.

Or, de l’autre côte de l’Atlantique, la guerre fait rage. Les Allemands ont envahi la France et la Belgique. Les dragons sont de la partie, particulièrement le Schwartzlord, une créature terrible qui fait des ravages au sein des forces alliées. Intégré dans l’escadrille La Fayette, l’ancien fermier n’a qu’une idée en tête : abattre le dragon germanique, renverser la guerre et assouvir sa vengeance. Mais ce qui s’apparente à une mission suicide est loin d’emballer ses camarades de lutte.

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Guerres et Dragons : une audacieuse réécriture

Ce second opus de la série s’inspire d’un passage connu et terrible de la seconde guerre mondiale : l’histoire du baron rouge. De son vrai Mandfred von Richtofen, ce baron est un pilote de l’armée de l’air allemande qui a abattu au moins 80 appareils anglais et français. Partagés entre la crainte et le respect envers un tel pilote, ses adversaires le surnommèrent très vite le diable rouge puis le baron rouge.

Dans l’album, le baron rouge est représenté par un dragon rouge capable de renverser le cours d’une bataille par sa seule présence. Quelles que soient les forces aériennes que les Alliés lui opposent, elles échouent et doivent fuir si elles ne veulent pas être détruites. Il va donc falloir mettre au point un plan ambitieux, risqué, utilisé toutes les armes disponibles aérienne et terrestres (comme lors de la mort du baron rouge) pour vaincre ce monstre.

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Totale immersion

Le changement de dessinateur pour cet album n’a pas d’incidence sur la qualité graphique de cet opus, bien au contraire. La retranscription du contexte de la Grande Guerre est saisissante, que ce soit la brutalité des combats, la sueur, la boue et la terreur. Les corps sont brûlés, écharpés, mutilés à vie. Les dragons, ennemi terrifiant, ne sont que la manifestation d’une mort industrielle qui détruit tout, lamine, broie sans distinction.

A côté de ce tableau sans concession de la Grande Guerre, cet album est une immersion dans le monde de la mécanique aérienne. Les avions sont en effet des biplans, fragiles.. De nombreuses planches soulignent la complexité de ces engins, rustiques, dont les ailes menacent de se briser au moindre virage un peu sec. Les mécaniciens sont dès les des bricoleurs hors pair, des héros, démontant sans cesse ces avions dans le but de les améliorer. D’ailleurs pour dépeindre Tonio, le mécanicien italien aux doigts d’or, les auteurs se sont inspirés de la famille Piccolo Porco Rosso de Miyazaki , ces ingénieurs de génie capables de réparer n’importe quel appareil.

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Guerres et Dragons : Duel à mort

A la différence du précédent album qui nous présentait les dragons sous un jour plus positif, ce tome 2 prend le point de vue opposé. Notre héros déteste les dragons. Il tolère ceux qui se battent du côté des alliés mais il est animé d’une haine viscérale pour cette espèce. Et il n’est pas le seul. L’album va révéler d’autres traumatisés de cette invasion draconique. Vaincre le schwartzlord, c’est exorciser ses démons et vaincre ses blessures du passé.

L’album se construit donc comme une quasi mission suicide menée par un groupe de pilote/mécaniciens. Les personnages, très bien écrits et caractérisés, vont donc tous jouer un rôle dans une opération dont peut dépendre le sort de la guerre. Le tome prend, dès lors, un ton digne du film Les 12 salopards. Il faut s’affranchir des règles pour atteindre son objectif. Beaucoup savent qu’ils ne reviendront pas. Mais le jeu en vaut la chandelle : briser l’arme fatale des Allemands.

Changement de ton et d’époque donc pour un second tome de toute beauté. La saison 1 de Guerre et Dragons poursuit son sans fautes. Prochaine épisode fin octobre. 

Retrouvez ici notre critique du premier volume.