Frissonnez avec le tome 1 d’Ice Cream Man

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En France, le glacier évoque l’été, la plage et le plaisir de fin de journée… mais absolument pas aux Etats-Unis où il s’agit d’une profession mythique de l’horreur comme le prouve le tome un d’Ice Cream Man.

Ice Cream Man, une bd glaciale

La peur coule dans Ice Cream Man
Le camion de la peur dans Ice Cream Man

Dans la ville de St. Generous, le glacier avec sa camionnette colorée est une personne bien connue de la communauté. Cependant, partout où il passe, la violence surgit sans que les habitants le réalisent… contrairement au lecteur. Le lecteur le découvre par les différentes nouvelles d’Ice Cream Man. Dans cette anthologie d’horreur, chaque chapitre raconte en moins de trente page un récit complet. La lecture est rapide et chaque case est importante car tout doit être dénoué en fin d’épisode. Ce choix donne une structure très littéraire à ces nouvelles horrifiques mais aussi très ouverte. À nous de comprendre ce qu’il s’est passé ou plutôt d’imaginer le pire.

Tout change dans le dernier épisode introduisant un personnage. Ce cow-boy habillé en noir connaissant le glacier veut lutter contre lui. En effet, le glacier demeure le plus souvent un simple personnage secondaire tout en étant présent dans chaque scène de résolution. Plus globalement, Ice Cream Man joue avec cette profession. Chaque titre de chapitre – sauf le dernier – rappelle le dessert. Le volume joue également sur cette opposition entre un aspect enfantin et un propos sombre. Une autre qualité de l’édition d’Huginn & Muninn est la présence de nombreux bonus : les couverture variantes, plusieurs croquis annotés des couvertures et du personnage principal.

L’horreur est un outil pour peindre un sombre portrait de l’humanité. Les êtres humains sont égoïstes. Les enfants font souffrir les parents, les relations amoureuses sont toxiques. Les adultes sont souvent des êtres étranges, pathétiques ou en échec. On promet de changer mais on n’agit pas. Ice Cream Man donne aussi à voir les États-Unis : la crise des opiacées dans la deuxième nouvelle d’une cruelle actualité. A l’opposée, le passé idyllique est le temps de l’innocence de l’Amérique par le rock des fifties. Hélas, cette génération est en déchéance depuis l’échec des hippies : les mensonges de la vie en communauté ou l’arrivée de la drogue.

La méthode de l’effroi

Mort et dessert dans Ice Cream Man
La nuit de l’horreur dans Ice Cream Man

Certains nouvelles dIce Cream Man ont des débuts frappants et d’autres des fins ouvertes. La première nouvelle surprend en jouant sur le décalage entre quotidien et surnaturel. Les premières cases sont rassurantes par leur banalité mais l’étrangeté arrive progressivement. Le choc arrive en tournant la page : son père et sa mère sont devenus des squelettes momifiés dans une cuisine en désordre. La technique est opposée dans le deuxième épisode. On commence directement dans le glauque avec un couple de toxicomanes. Il y a également une rupture en plein milieu du quatrième épisode qui relance l’intérêt : pourquoi est-on en enfer avec un mort ?

Le dessin dans Ice Cream Man a un grand rôle dans la transmission de l’inquiétude. Par l’absence de bordure, l’image envahit toute la page. Par les visages allongés, j’ai pensé à Junji Ito. J’ai beaucoup aimé l’encrage très fin par un trait se finissant en pointillés. Les couleurs réalistes sont assez vives et évitent le noir systématique mais, le coloriste Chris O’Halloran utilise un filtre de couleur plus sombre contrastant avec les couleurs vives d’avant.

Ce premier volume d’Ice Cream Man, ayant aujourd’hui dépassée les trente épisodes aux Etats-Unis, a été une lecture parfois glaciale. Les scènes d’horreur et les personnages m’ont donné des frissons. Il y a aussi un goût très sucré par l’humour noir ou une conclusion étonnamment positive. Ce n’est cependant qu’un apéritif avec la mise en place d’un fil continu. J’ai hâte de prendre un rab avec le deuxième volume publié par Huginn et Muninn.

Retrouvez d’autres bd d’horreur avec Blue in Green et A Walk Through Hell.