Dieu est un requin dans Carthago

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L’humanité, en cherchant des nouvelles ressources naturelles, a réveillé dans les océans des monstres anciens. La civilisation en a été totalement bouleversée. Suivez-nous dans les profondeurs de Carthago où l’Homme devient une proie.

La nature se venge

Tout part d'une plateforme dans Carthago

Carthago, édité par Les Humanoïdes Associés, est un vaste univers proposé par le scénariste Christophe Bec. Tout a commencé lors d’un forage sous-marin. Des scaphandriers sont attaqués par un megalodon, ancêtre préhistorique du requin. Ce n’est que le premier des dinosaures à apparaître. Ce retour de monstres gigantesques bouleverse l’humanité et l’équilibre écologique est depuis totalement détruit. Dans ce treizième tome, Christophe Bec prolonge sa fable écologique par un nouveau cycle qui se déroule dans le futur au moment où tout a changé à la surface de la Terre. Il a déjà écrit une série dérivée avec Carthago Adventures et propose ici un récit complet en deux tomes, le Diptyque du Bagarreur. La première moitié du livre suit plusieurs protagonistes. Une bande de pillards en Écosse recherche de l’or dans un monastère, l’équipage d’un sous-marin en Norvège cherche à se ravitailler et une femme avec des branchies vit dans l’eau au large du Kampchaka. Bien qu’éloignés, ces trois groupes se retrouveront en cours de récit.

Aux dessins, Eric Henninot puis Milan Jovanovic sont remplacés dans ce treizième tome de Carthago par Ennio Bufi qui est à la hauteur de ce challenge. Son dessin réaliste et précis impressionne lors des vastes scènes sous-marines mais il réalise aussi de jolies pages sur la vie quotidienne d’un monastère. Sa mise en page est très variée. Il fait le choix de petits personnages car ce nouveau monde est plus important.

Une bd catastrophe dans l’océan

Dans Carthago, le monde d'après...

En 2029, le monde a été ravagé par des explosions nucléaires. A la surface, l’humanité est en mode survie. La plateforme où tout a commencé, est devenu un monastère. A l’inverse, la vie reste riche dans les océans au-delà de 300 m de profondeur. Dans les profondeurs, une femme amphibie vit au milieu de tritons qui pourraient directement sortir de la mythologie antique. Lou Melville gère des megalodons et communique avec eux par la pensée. Reconnu pour ce talent, elle est chargée d’accompagner la horde dans un espace plus libre. C’est lors de ce voyage qu’elle est recueillie par les religieux. Son séjour sur la plateforme bouleverse la vie du monastère. Elle observe d’un œil extérieur la tension qui monte dans le monastère entre l’émergence d’une nouvelle croyance et le maintien de la foi catholique.

Même si vous n’avez jamais suivi la série Carthago, vous pouvez commencer par ce tome. Les premières pages présentent le monde d’après. Même si le néophyte a des manques, ces lacunes lui donneront envie de lire pour comprendre qui est cette femme amphibie et comment ces tritons sont apparus. Vous pouvez vous faire une idée de la série par une bande-annonce en vidéo sur ce lien.

Comme les films catastrophe tels que Godzilla ou Le jour d’après, Carthago voit les choses en grand. Le livre s’ouvre par la destruction du monde vue de la plateforme. Un syndicaliste se plaint de l’injustice des méthodes pour fuir mais, lors de l’explosion nucléaire, cela ne changera rien. Depuis, le monde a changé. La mode est aux combinaisons anti-radiations. La justice est celle des rôdeurs qui pillent les ruines. L’État a disparu car le sous-marin se débrouille seul pour survivre. Par ce monde post-apocalyptique, cette série diffuse un message écologique. Christophe Bec décrit même les dures conditions de vie des megalodons dans un bassin. On y trouve également des passages très scientifique sur le son dans l’eau ou le comportement des requins. Par le nom de famille de Lou, on voit aussi le lien avec le roman Moby Dick.

Carthago franchit un nouveau seuil dans ce treizième tome. Le lecteur découvre le monde après le désastre mais surtout il ressent une sourde menace montée au sein d’une communauté bloquée sur une plateforme au milieu de l’océan. Voici la promesse d’un deuxième tome très tendu.

On peut retrouver dans Amen et Le sang des immortels ce même thème de la nature martyrisée par l’avidité humaine.