Et si on faisait des comics de super-héros en France ? Lewis Trondheim, Stan et Vince, fans de BD américaines, le tente dans la série Density publié par Delcourt.
Une femme forte et dense
Chloé est une jeune française tout heureuse d’être en vacances aux États-Unis mais sa vie bascule quand elle rencontre des réfugiés extra-terrestre venus chercher un asile sur Terre. Encore plus étrange, cette rencontre lui confère le pouvoir de modifier sa densité. Au départ perdue, elle maîtrise progressivement ses nouveaux talents ce qui tombe bien car des menaces de plus en plus massives arrivent sur notre planète bleue. Elle sera la Superwoman dont l’humanité a besoin. Density est donc le récit d’une femme indépendante qui ne demande pas l’aide des hommes. Sûre d’elle, elle prend de plus en plus seule ses décisions.
Un duo familial
Mais Chloé n’est pas isolée dans Density, car ce tome suit deux récits parallèles. Gilles, son frère, était pour l’instant le moins téméraire. Fuyant jusqu’à présent le danger, il doit ici agir seul pour récupérer des otages. Il prend d’assaut la base d’un mafieux. Pour y réussir, il devra se mettre en quatre…et bien plus. Même s’il assume en adulte autonome son destin, Chloé reste la plus puissante. En maîtrisant sa densité, elle peut être plus légère que l’air ou plus lourde qu’une pierre. Ce don lui permet de voler très haut dans l’atmosphère ou de s’enfoncer très profondément dans la terre. Elle peut aussi traverser les murs comme passe-muraille. Le scénariste sort complètement du réalisme car Chloé ne semble jamais respirer ou sentir les différentes températures, pressions ou atmosphères. Plus le lecteur avance dans Density et plus son pouvoir paraît sans limite. Perdue dans l’espace et sans renfort possible, Chloé découvre un nouveau pouvoir qui est bien la conséquence du premier don. Devenant encore plus dense, elle se transforme en trou noir et peut donc se téléporter. En s’immergeant dans le genre super-héroïque, le scénariste Lewis Trondheim se place dans les pas de Stan Lee car, comme le dit l’oncle de Spider-Man, « à grand pouvoir, grandes responsabilités ». Non seulement, elle doit lutter contre des criminels bien humains mais elle est en plus la seule défense de l’humanité contre une invasion extra-terrestre
Un comics made in France
Lewis Trondheim, Stan et Vince voulaient depuis un certain temps travailler ensemble. C’est autour de cet hommage aux super-héros que ce projet a abouti. Density fait partie du label comics fabrics chez Delcourt dont le but est de créer des comics mais par des français. Cela se voit par le format plus petit qu’une BD. Comme la BD américaine, l’influence des films de genre est forte dans le scénario aussi bien les blockbusters d’action que des films de série B. En effet, l’ouverture de ce dernier volume ressemble à un film catastrophe japonais. Chloé vient d’assommer un kaijū, un monstre géant qui pourrait être le cousin de Godzilla. Le découpage vif et la lecture rapide rappellent aussi les recueils américains.
Density mélange en effet l’histoire d’une super-héroïne qui découvre ses pouvoirs, la science-fiction par une invasion extra-terrestre mais surtout beaucoup d’humour à travers le mentor alien de Chloé. Il est certes un savant possédant des connaissances…mais un protecteur peu professionnel. Il veut détruire au plus vite une invasion pour regarder une série télévisée. Fan de fiction, il n’accepte d’aider Gilles que parce qu’il menace de détruire les locaux d’HBO. La colorisation très pop de Julia Pinchuk renforce ce ton souriant.
Poursuivant l’ambiance de la série, le troisième tome de Density est une lecture vive et légère. Le Scénario rend hommage aux comics par son héroïne surpuissante, des scènes hors du commun (Chloé traverse la croûte terrestre pour se transformer en balle vivante) et une mise en page à l’américaine. C’est certes un récit féministe mais en s’amusant.
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