Passionné par Star Wars, Jeffrey Brown propose une variation comique de la série Mandalorian avec Le Mandalorien et l’Enfant. Le côté obscur va-t-il s’effacer par la force du rire ?
Rire du Mandalorien par un fan
Les parodie de la saga de George Lucas sont pléthoriques mais elles sont rarement respectueuses de l’œuvre originelle. Jeffrey Brown ne se moque par d’un univers qu’il connaît très bien. En effet, Le Mandalorien et l’Enfant est le septième tome autour de Star Wars qu’il scénarise, dessine et colorise. On peut voir sa passion dans la précision d’images fidèles à la série jusqu’à la marque sur l’épaulette du Mandalorien. Le scénario démontre également l’étendue des connaissance de Jeffrey Brown. Le lecteur retrouve des personnages venus de différentes saisons (IG-11, Peli Motto, Boba Fett…) mais également des lieux (la forge mystique) et des thèmes (la gourmandise de Grogu).
Partant de ces connaissance, Le Mandalorien et l’Enfant détourne le principe de base. Jeffrey Brown reprend des images du livre mais change le sens par le dialogue ou l’image. Un robot tueur se sacrifiant devient une nounou changeant une couche ou un manège pour bébés. Les animaux de compagnies peuvent être d’une taille inhabituelle. Le prestige du cérémonial religieux Mandolorien devient ridicule. Le personnage principal utilise la forge sacrée pour fabriquer une tétine tandis que l’eau sacré est refusée par un enfant détestant les bains. Le sabre-laser sacré inventé dans la série reçoit une hilarante nouvelle fonction dont nous vous laissons la surprise.
Un traité extraterrestre d’éducation
Au-delà du rire, Le Mandalorien et l’Enfant reprend le thème central de la série : l’éducation. Sans le vouloir, Din Djarin se retrouve en charge d’un enfant. Contrairement à la série, le père ne forme pas à la guerre mais à la tendresse. Il s’éloigne des principes connus pour proposer une vision moderne d’un père. Le Mandalorien doit apprend à dire non… et parfois oui. Il adapte sa vie à l’enfant. Dans son vaisseau, on trouve un siège bébé. Il profite du soleil levant mais avec un bébé dans le sac. Din Djarin se plaît tant dans cette nouvelle vie qu’il devient incapable de parler normalement à des adultes ou simplement en montrant des photos d’enfance. Compréhensifs, les autres Mandaloriens lui prodiguent des conseils.
Mine de rien, Jeffrey Brown montre un père tendre et attentionné et se place en-dehors des codes anciens. Il ne se moque pas de l’enfant ou du jeune père mais nous offre une vision douce et attendrissante de l’éducation. Le père s’inquiète. Il fait tout pour le protéger des moustiques. Il s’inquiète de ses résultats scolaire ou est fier de ses progrès. Il va à des réunions de parents pour échanger…mais n’a pas encore donné de nom à Gogu. Cette situation est d’autant plus moderne que le Mandalorien est père célibataire… mais son enfant adoptif est plus fort que lui. Quand il affirme son autorité, l’enfant le soulève par la force.
Le Mandalorien et l’Enfant reprend le format des bd d’humour strips par son petit format carré. L’illustration intérieure s’inspire des livres anciens avec une tapisserie reprenant les visages des deux personnages. L’éditeur ne lâche par le nouveau lecteur car une page résume la série avant la bd. L’organisation n’est pas laissée au hasard mais démontre la science de la mise en page de Jeffrey Brown par sa grande variété. On passe d’une case par page simple à un gaufrier ou une double page. La blague se passe sur une unique image ou sur plusieurs pages. En tournant, le lecteur est surpris ce qui suppose une organisation stricte du livre.
Publié par Huginn & Muninn, Le Mandalorien et l’Enfant dépasse son projet de départ. Le lecteur sourit voire rit de bon cœur en tournant les pages. Cette lecture sympathique ne choquera pas le fan. Mais Jeffrey Brown propose également une réflexion sur l’éducation paternelle au XXIe siècle. On rit donc dans un univers de science-fiction tout en réfléchissant au monde actuel.
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