Le titre pourrait paraître déprimant mais ce deuxième tome de Dunce vous offre pourtant une hilarante plongée dans le quotidien d’un humoriste norvégien. Inutile de prendre votre passeport, il vous suffit de lire notre chronique pour voyager.
Des courts récits pour le monde
Presque l’apocalypse est certes le deuxième volume de la série Dunce mais il peut très bien se lire sans connaître le début. En effet, le livre est un épais florilège de strips, des bd en quelques cases venus de journaux norvégiens par Jens K. Styve. Par le personnage de JensK, l’auteur continue à nous proposer le récit d’un looser. Le volume débute par sa tentative de sevrage numérique. Il est si accro à Facebook que l’idée même de se désinscrire est associé à une traversée du désert. Cette cure est loin d’être une réussite. JensK devient acariâtre. Pire, il tombe sur une nouvelle drogue : Angry Birds.
La réussite de Dunce tient également à la richesse et à la diversité des personnages. Cette description collective commence tout d’abord par la famille de JensK. En effet, il a un fils Gustav avec qui il a des discussions totalement absurdes. Voulant être une figure douce, il croit devenir un monstre après l’avoir grondé. Gustav semble définitivement le plus serein. Il est impliqué dans l’écologie et refuse la surconsommation… sauf à Noël. Mais comme tous les personnages de Dunce, il est pétri de contradictions. Il n’hésitera pas à monnayer son portable pour son père accro. Arrivé dans le tome précédent, le chien Brego est toujours le plus intelligent de la famille. Et, comme Snoopy, le personnage le plus réussi de Dunce. Il est méprisant mais ne peut réprimer ses instincts. Il avale n’importe quoi, ce qui peut être très utile lors d’un stage de survie en forêt. Doué de la parole, sa vie change quand il tombe amoureux. Cette nouvelle idylle ne le rend pas plus tolérant vis-à-vis de l’humanité.
Dunce quitte aussi le cadre familial en suivant JensK dans sa start-up totalement loufoque. En stage d’observation, Gustav est incapable de savoir ce que les employés font. Pourtant, son père est impliqué et fait même une retraite dans la nature après de départ d’un client. Lors de son périple, son collègue et ami Børge le rejoint mais il est encore moins adapté au monde sauvage. Ce volume introduit un nouveau collègue Gjøran. JensK passe une soirée chez lui à peindre des statuettes et découvre ses pratiques sanitaires surprenantes.
Vivez mondial riez local
La série Dunce se confronte également à la réalité. La série a débuté le jour où Trump arrive au pouvoir tandis que ce volume a été écrit pendant la pandémie de la covid à laquelle est consacré le dernier tiers du livre. Cette période de crise a stimulé l’imagination de l’auteur comme il le dit dans la préface.
Dunce intègre également des éléments scandinaves, souvent les plus réussis. Les élèves norvégiens apportent leur repas le midi, ce qui donne l’occasion d’un hilarante saga de plusieurs strips. Comment faire un duel au lever du soleil pendant la nuit polaire ? En raison de cette particularité climatique, JensK retrouve chaque hiver la dépression hivernale. Cette baisse de régime arrive d’un coup mais JensK ne laisse pas faire et consulte des collègues puis tente la médecine douce. Comme de nombreux habitants du Grand Nord, la question de s’installer plus au sud se pose. On peut en attendant profiter des vacances en Corse. Mais, alors que le fils se renseigne à partir de guide, JensK se base sur Astérix.
Pour cette nouvelle sortie, 404 graphics se signale par la qualité de son travail d’édition. Il a même complètement changé le format pour s’adapter à la série. Fini le modèle des albums franco-belges, bienvenue à un massif volume souple plus carré. Conformément à la taille des strips, les cases sont mises en valeurs et plus grandes.
Si Dunce prédit l’apocalypse, on peut être sûr que la fin du monde se passera dans un grand éclat de rire. Ce nouveau volume est en effet tout aussi réussi que le premier. Les personnages prennent de la profondeur et nous touchent aussi par leurs contradictions si réelles.
Retrouvez l’article sur le tome un de Dunce sur ce lien ainsi que La France vue par madame Hibou, un autre titre d’humour.