Dans Bad Mother méfiez-vous surtout de la mère

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Une mère américaine tente chaque jour de rendre sa famille heureuse. Mais, que peut-elle faire quand sa fille est kidnappée ? Bad Mother édité par Panini comics donne une réponse bien rouge…

Polar sur une mère

Bad Mother une femme en quête

Dans une banlieue paisible, April Walters est la mère de deux enfants. Elle gère tout le quotidien comme on le montre le début de Bad Mother. En une seconde, sa vie bascule quand deux hommes viennent braquer ce supermarché. Heureusement, un policier arrive mais il abat le criminel qui voulait négocier. Choqué, elle rentre et découvre que sa fille Taylor a été frappée. Sans hésiter, elle va venger sa fille en allant au domicile du petit ami de Taylor. Elle ne pourra rien faire car il est déjà mort ainsi qu’un des deux braqueurs. Pire, Taylor n’est plus à la maison quand elle rentre chez elle. On sent que la scénariste Christa Faust est une romancière spécialiste des polars car elle joue sur la surprise et la tension constante.

Comme tout bon citoyen, April se rend au commissariat où elle retrouve le policier du supermarché. Il lui demande d’attendre 48 heures pour que la disparition devienne inquiétante. Il semble même sceptique car Taylor est une gamine connue de ses services pour une fugue. Pire, la scène du crime de Chase a été nettoyée et il n’y a plus de cadavres. Face à ce mur, April a alors le choix entre attendre ou agir seule… Pourtant, Taylor a bien été enlevée et même si elle est promise à un destin sordide, elle reste forte, étant persuadée que sa mère va la sauver. En effet, cette dernière se révèle une enquêtrice habile et moderne. Elle découvre la vérité dans le portable de sa fille par des sms puis en surfant sur l’Instagram de Chase. Ce petit ami dealait et volait une baronne locale du crime. En utilisant internet, la mère fait d’un jouet un avertissement pour les ravisseurs. Elle ose tout mais cette absence de peur ne risque-t-elle pas de lui coûter la vie ?

Un récit d’action de filles

Dès les premières pages, Christa Faust montre l’humiliation quotidienne d’une femme de quarante ans. Dans une boutique, April ne rentre plus dans sa taille puis, en faisant ses courses, elle opte pour le jus de pomme le moins cher. Une mère de la même école que sa fille lui signale que le bio est nécessaire pour ses enfants…surtout que la fille d’April est trop grosse. Cependant, cette stigmatisation est habile car ce n’est pas une guerre des sexes mais des femmes lui rappelant la pression sociale. April n’obtient aucune reconnaissance de ses proches. Même alors que sa mère sort d’une prise d’otages, son fils cadet ne veut pas aller au cinéma avec elle. Sa fille a un bleu sur la joue fait par son petit ami. Lorsque l’action démarre, ce sont aussi des femmes qui prennent en main les choses. Face à elle, il y a une chef locale du crime qui veut récupérer son argent détourné en profitant du corps de Taylor. Plus généralement, dans Bad Mother, seules les belles femmes sont prises en otages ou kidnappées. Cette justesse sur le quotidien et cette diversité des personnalités féminines s’expliquent car Bad Mother est écrite par une scénariste.

Un dessinateur sombre et brillant

Un dessinateur au sommet dans Bad Mother

En plus d’un scénario haletant et moderne, Bad Mother profite du talent de Mike Deodato Jr. Libéré des contraintes d’une grande maison d’édition comme Marvel, il est encore plus impressionnant. Alors que ses visages sont hyperréalistes il réussit à offrir une lecture fluide par une mise en page originale. On peut croire qu’il s’agit de pleines pages mais le lecteur suit en fait différentes cases autour d’une image principale. En effet, la bande séparant les cases est étroite et ne suit pas le découpage du récit. Ce découpage en plusieurs zones montre le temps qui passe, l’enfermement ou ajuste plus simplement la composition de la page. Tout ce brio n’est pas vain. Les couleurs noires se fondent dans ce récit sombre alors que les décore précis l’ancrent dans le réalisme quotidien. On peut enfin signaler l’édition avec un dossier très détaillé en fin de volume. Tout d’abord, les deux auteurs présentent leurs œuvres. Christa est aussi franche dans cette postface qu’elle est sanglante dans son récit. On découvre ensuite les coulisses par les différentes étapes de création de deux pages de la proposition du directeur artistique à la réalisation par Deodato Jr. Enfin, sur huit pages, on peut comparer les courtes descriptions de Christa Faust et la réalisation par le dessinateur brésilien.

Bad Mother est un excellent polar qui ne vous quitte plus une fois que vous l’avez ouvert. De plus, ce récit de cinq épisodes en un tome est un sombre mais brillant récit d’émancipation où une femme n’attend pas l’aide des hommes mais agit seule pour sauver ses proches. A sa suite, prenez-vous en main en allant acheter cette pépite.

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