Croisez le fer avec Les Sept Lames

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D’Artagnan est une figure majeure de la littérature française, mais que pourrait en dire un scénariste américain ? C’est la réponse que nous apporte Les Sept Lames écrit par Evan Daugherty.

Un mousquetaire chez Merlin

Un soldat mystérieux dans Les Sept Lames
Le mystère des Sept Lames

Au début des Sept Lames, le lecteur admire les prouesses de différents héros, mais sans voir leurs visages ou connaître leurs noms. Mais on reconnaît rapidement un mousquetaire : d’Artagnan devenu un soldat désabusé. Tous ses amis sont morts lors d’une purge ordonnée par le cardinal de Richelieu. Il ne lui reste que la vengeance, mais il boit trop et se distrait avec des femmes. Pourtant, il doit de nouveau sortir son épée pour lutter contre Richelieu. Assoiffé de pouvoir, le principal ministre de Louis XIII a cette fois choisi de faire appel à la magie noire. Le mousquetaire est dépassé et crée une nouvelle compagnie en recrutant six héros de cape et d’épée pour l’assister.

Dans Les Sept Lames, le scénariste Evan Daugherty convoque donc Don Juan, Cyrano de Bergerac, Catalina, Capitaine Blood, La Maupin et le Voleur de Bagdad. Cependant, si chacun et chacune est une fine lame, ils n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Venant tous les deux de la Gascogne, d’Artagnan et Cyrano sont en concurrence. Ils vont pourtant s’apprivoiser au long des multiples rebondissements. Les Sept Lames multiplie les voyages, les rencontres inattendues avec d’autres personnages illustres et inévitablement les affrontements.

Les scénariste de bande dessinée franco-belge ont pendant longtemps abordé l’histoire avec une profonde déférence. Il fallait à tout prix être juste dans les dessins et dans le scénario. Si cela change légèrement en France, c’est déjà bien ancré aux Etats-Unis comme le prouve Les Sept Lames publié par Black River. Les dialogues recourent à un langage fleuri en particulier lors des monologues et des figures historiques sont présentes. L’honneur et la réputation conduisent le vie des nobles.

Ce récit complet apporte un vent de fraîcheur car le scénariste Evan Daugherty s’empare de figures littéraires – les Trois mousquetaires, Cyrano de Bergerac ou Capitaine Blood – pour proposer un bd d’aventure et d’horreur. Même si tous les faits de ce récits sont fictifs, Catalina de Erauso et Mademoiselle de Maupin ont bien existé. Des fiches en bonus décrivent en détails ces personnages. Cependant, l’esprit des livres de Dumas demeure. On retrouve d’ailleurs l’alternance entre les bons mots de D’Artagnan et ses beaux coups d’épée. Cyrano est un charmeur qui sait utiliser la rime pour séduire, mais il est complexé par son nez tandis que Don Juan est plus direct et expéditif.

Une autre vision du passé

L'action dans Les Sept Lames
Notre-Dam dans Les Sept Lames

Les Sept Lames modernise le roman de cape et d’épée. Le surnaturel surgit aussi très vite dans le récit. Richelieu est certes cardinal, mais il dirige une secte satanique. Il recherche une épée légendaire pour tuer Dieu. Les allusions grivoises sont aussi nombreuses que les épées. Avec Catalina et La Maupin, les femmes ne sont pas des demoiselles en détresse.

Lors d’une mission d’infiltration, La Maupin corrige avec distinction deux misogynes. Le Voleur de Bagdad ainsi qu’une relation amoureuse offrent une plus grande diversité. L’histoire décrite dans Les Sept Lames n’est pas glorieuse. La violence de la colonisation en Amérique est bien montrée. Les héros sont fatigués et faillibles. Cyrano de Bergerac est prêt à la découpe sanglante pour se débarrasser de son nez.

La vision différente du passé des Sept Lames se matérialise dans les dessins de Federico Dallochio et Riccardo Latina. On peut admirer leur style dès la magnifique couverture, finement choisie par Black River : entourés par des épées et des fleurs de lys, on peut voir certains des protagonistes cernées de flammes, mais aussi le symbole des mousquetaires, un masque de carnaval, des tueurs à tête de mort, un navire et Notre-Dame. Le lecteur est alors tout de suite embarqué par les duels à l’épée notamment sur la façade de Notre-Dame.

La coloriste Valentina Bianconi donne une tonalité très réaliste que l’on connaît bien plus chez nous que dans les comics. En effet, le style très réaliste des artistes pourra plaire aux fans de bd historiques. Des décors royaux sont fidèlement reproduits. On découvre leurs recherches par les croquis en fin de volume. La différence entre les deux artistes est visible à partir de l’épisode trois mais le sommaire ne précise pas quel artiste s’occupe du début.

Bondissant d’une aventure à l’autre, Les Sept Lames est un agréable divertissement qui fait conjuguer l’histoire et la littérature passée au présent. Le lecteur ne s’ennuie jamais. De plus, ce volume tombe aussi à point nommé alors que les trois mousquetaires reviennent au cinéma.

Retrouvez d’autres chroniques des titres de Black River avec A Walk Through Hell et Assassin’s Creed Brahman.