Dans Méta-Baron découvrez le bâtard le plus puissant de l’univers

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La très prestigieuse saga du Méta-Baron revient dans les librairies avec un septième tome et change d’auteurs mais aussi de personnages. Cette suite peut-elle être aussi fidèle à un univers codifié qu’à l’esprit de liberté des premières bd ?

L’arrivée d’une nouvelle générationLa relance du Méta-Baron

Mœbius et Jodorowsky ont inventé le concept du Méta-Baron : dans un monde futuriste, un enfant devient le Guerrier ultime de l’univers. Il doit affronter des humains mais aussi un empire de machines, les techno-techno. Toujours édité chez Les Humanoïdes Associés, ce septième tome, Adal le Bâtard, est le premier d’un nouveau cycle consacré à la descendance du guerrier.

La série reprend avec une nouvelle équipe artistique et le scénario est aussi celui d’un passage de relais. Dans le dernier cycle, le Méta-Baron a sauvé l’univers. Plusieurs décennies plus tard, Adal, son fils illégitime, part chercher son père pour respecter la tradition de sa caste. Le nouveau scénariste est Jerry Frissen. Né en Belgique mais vivant à Los Angeles depuis vingt ans, Frissen est à cheval sur les deux continents. Le dessinateur et coloriste est également nouveau : Pete Woods s’est fait connaître avec Deadpool chez Marvel et connaît bien l’univers car il a dessiné Kill Tête-de-Chien, une aventure sur un personnage de l’Incal.

L’arrivée de nouveaux thèmesLe monde forestier du Méta-Baron

Adal vit sur la planète arboricole, Algoma. Ce nouveau cadre planétaire de la série crée de nouvelle thématique. L’écologie est bien plus mise en avant. Le Méta-baron a été élevé par la souveraine d’une caste d’Amazones. Cette société matriarcale est chargée de veiller au respect du gisement sacré d’épyphite. Plus loin dans le volume, on arrive sur la planète Larmola. Un royaume refuse de donner son épyphite pour servir de carburant car sa disparition a failli provoquer la fin du monde. On pense au pétrole aujourd’hui car ce monde a dépassé la technologie par la rareté du carburant. La science est souvent dangereuse. Ce thème très actuel est rejoint par une vision plurielle de l’humanité. L’opposant qui semble s’affirmer est le produit d’un métissage. Il est contaminé par un calamar. Il ne cesse de grossir en dévorant des vaisseaux et devient un vaisseau planète. On peut y lire une critique du productivisme et du capitalisme.

Ces différents thèmes sont magnifiquement mis en images par Pete Woods. Au premier abord, le style numérique peut sembler lisse mais les scènes de combat très réussies et les mutants agressifs repoussants montrent qu’avec Woods le sang gicle.

Un enfant ingrat

Cependant, ce quatrième dyptique respecte aussi pleinement l’univers foisonnant des Méta-Barons. On peut tout d’abord le voir superficiellement par la reprise du design des vaisseaux avec la Méta-Nef conduisant dans le Méta-Bunker.

Ce septième volume reprend également la structure initiatique des tomes précédents. Adal rentre progressivement dans la destinée du Méta-Baron. Cela se voit physiquement car une partie croissante de ses membres est remplacée par des éléments mécaniques. Pour hériter du titre de son père, il doit passer des épreuves. Ces rites passent par l’usage de drogues. L’épyphite, évoque l’épice de Dune par la vision mystique des psychotropes : l’épyphite permet d’avoir des visions et de deviner qui ment.

Adal subit également un concept freudien étrange. Bâtard exclu de son clan, il est élevé par sa mère mais surtout seul. Il a été formé sans amour par sa mère pour tuer son père. Il veut suivre le plan non pas pour le clan mais pour remplacer son père. Les relations intimes sont complexes. Il rêve d’un amour parfait mais il est trompé. Dans un mélange d’esprit de vengeance et de soif de reconnaissance, Adal subit la malédiction se transmettant de père en fils.

Dans cette ambiance très sombre et viriliste, le robot Tonto apporte une touche d’humour. Bien connu par les tomes précédents, le Méta-Baron a effacé la plus grande partie de sa mémoire et il est laissé sur la planète Marmola. Il a vieilli car il a des fuites d’huile et donc craint de devenir incontinent.

Série légendaire sur un guerrier de légende, les Méta-Barons reste une excellente série de science-fiction même si les auteurs ont délaissé leur création. Leurs remplaçants savent doser le respect d’un univers remarquable et l’introduction de nouvelles thématiques pleinement contemporaines. Le personnage d’Adal est largement à la hauteur de son père et le dernier rebondissement de ce premier volume annonce une suite encore plus belle.

Vous pouvez trouver d’autres sorties des Humanoïdes Associés avec Carthago et Sapiens Imperium.