Guerres et dragons, publiées aux éditions soleil est la nouvelle série de Nicolas Jarry. Construite comme anthologie, elle revisite le passé belliqueux de l’histoire mondiale en introduisant un élément fantastique : les créatures draconiques. Ce premier volume lance idéalement une série prometteuse.
Londres, 1940
La guerre a déferlé sur l’Europe. La France a été vaincue, les troupes britanniques ont dû quitter Dunkerque en catastrophe. Désormais, les hordes nazies menacent le sol de l’Angleterre. Tous les jours, leurs avions appuyés par leurs dragons attaquent sans relâcher. Pour leur faire face, l’Angleterre et ses derniers alliés se regroupent et utilisent également ses redoutables créatures. Le Blitz commence.
C’est dans ce contexte dramatique qu’une famille anglaise est jetée dans le brasier de l’histoire. Tandis que le fils aîné suit les traces de son père et s’engage dans la Royal Air Force, la mère décide d’envoyer ses deux autres enfants hors de l’Angleterre. Mais une nuit, sa fille se découvre un lien avec un dragon inconnu. Et lorsque leur transport est attaqué, les deux enfants sont secourus par un mystérieux gardien de phare qui va leur apprendre plus sur les dragons.
Guerres et dragons : immersion réussie
Ce premier volume utilise tout le potentiel uchronique, fantastique de son concept. Qui n’a pas rêvé de voir des dragons voler au milieu d’escadrilles de la seconde guerre mondiale ? Ce mélange des genres, audacieux est particulièrement bien dosé. Les créatures sont féroces mais pas indestructibles. Elles peuvent être vaincues par les hommes mais aussi par leur congénères. Et c’est cela la force de ce récit : les dragons n’ont pas de camp. Ils se lient à un humain et le suivent pour la vie.
La superbe couverture présentant des hordes de chasseurs accompagnés d’un dragon se fonçant dessus annonce la couleur. L’album va nous offrir de l’action, des combats dantesques sur les airs et dans l’eau. Toute la magnificence des dragons, leur noblesse apparaît à travers des choix judicieux de cadrage : gros plan, plan moyen, plan large. Le dessinateur utilise toute la palette graphique et chromatique pour nous faire ressentir l’incroyable menace, potentiel de ces monstres.
Une mythologie qui se tient
Cet album offre aux lecteurs la découverte d’un incroyable bestiaire. En effet, les dragons sont une espèce aux multiples races : certains sont marins, d’autres aériens. Certains ressemblent aux dragons de Game of Thrones d’autres au basilic de serpentard. Certains crachent du feu, d’autres ont des crocs plus durs que de l’adamantium. D’aucuns sont rouges, bruns, blancs…
Cette incroyable diversité nous s’appuie sur un univers d’une grande cohérence. La notion de liens entre un humain et une créature explique l’engagement de ces monstres dans nos guerres, leur fureur mais aussi leur compassion. L’album, au fil des pages, nous en apprend plus sur l’évolution du rapport entre humains et dragons en Angleterre : pourquoi une telle suspicion alors que le camp en face les utilise en masse ?
Guerres et dragons : l’humain avant tout
La grande force de ce récit est de se dérouler à auteur d’hommes : le frère, la sœur, le gardien de phare. Ce sont eux qui vont humaniser les dragons, donner un sens à leur combat furieux. Le dragon est l’émanation des passions humaines. Il peut être bon ou mauvais, chaleureux ou terrifiant. A travers eux, l’auteur questionne l’Homme capable de déchaîner les plus terribles forces de la Nature au risque de tout détruire.
Le récit nous propose aussi au fil des pages de comprendre le sens du lien qui se tisse entre la créature et son maître. C’est tout l’enjeu de la rencontre entre la petite fille et le gardien de phare. Ce que certains tiennent pour un don ne serait-il pas une malédiction, pour l’humain comme pour son compagnon ? Car aussi puissant soient-ils, les Dragons, une fois liés, ressentent tout ce que subit leur « maître », pour le meilleur et pour le pire.
Le tome 1 de Guerres de Dragons est une réussite totale. L’histoire est captivante, le dessin superbe. Il lance brillamment cette série anthologique.
Pour les amateurs d’uchronie, n’hésitez pas découvrir aux éditions Delcourt la série Jour J.