Une nouvelle invitée emménage dans le Donjon. La dessinatrice Aude Picault profite du dix-huitième tome de Donjon Monsters, Noces de fleurs, pour débarquer avec une douce violence dans cet univers d’heroic fantasy et invente une suite à deux récits.
Et vogue le Donjon !
L’héroïne du nouveau récit complet Donjon monsters est une femme. En assurant les relations entre les îles, cette marin a un rôle essentiel. Andrée Garnier apporte les ravitaillements et transporte les touristes. Les clients du jour, Isis et Herbert s’offrent une croisière dans les îles pour célébrer leurs trente années de mariage. Cependant, dès le premier matin, la promenade romantique se transforme en aventure quand la chaloupe est attaquée par des archers invisible. Le navire coule et le trio perdu doit s’échouer. Ce n’est que le début d’une étrange course-poursuite puisque les victimes ont du mal à identifier ces étranges ennemis.
Autre aspect étrange. Andrée est logiquement choquée de cette attaque surprise mais ses passagers réagissent très vite et par un calme surprenant. Ils semblent avoir l’habitude du danger et même paraissent blasés. Pourquoi un couple âgé est-il si entraîné à la guerre ? En parallèle, Andrée paraît totalement hostile à aller dans le seul refuge disponible. Pourquoi préfère-t-elle se noyer plutôt que d’aller sur une île cimetière ? Enfin, un retournement montre que l’attaque du navire ne visait pas les amoureux.
Ce nouveau tome de Donjon monsters fonctionne sur le contraste entre le couple d’amoureux et Andrée. Cette dernière a choisi son métier car elle aime la solitude et la tranquillité. Elle est si isolée qu’elle ne sait presque rien de l’extérieur notamment des intenses conflits entre royaumes. Andrée découvre qu’elle vit dans un monde violent et cette surprise donne des scènes très drôles. En effet, Herbert de Vaucanson est un héros célèbre et se vexe qu’Andrée ne le reconnaisse pas. Avec Isis, ils savent comment répondre à une attaque et n’hésitent pas à tuer alors qu’Andrée est dépassée. Ils se connaissent très bien et l’un anticipe la lâcheté de l’autre.
Noces de fleurs, le nouveau piège du Donjon
Chaque tome de Donjon est redoutable pour votre compte en banque car il vous me donne envie d’en lire plus. Ce tome dix-huit peut très bien se lire sans rien connaître de l’univers de Donjon. La lectrice ou le lecteur suit alors un voyage de noces compliqué avec des péripéties très amusantes. Cependant, le lecteur occasionnel reconnaît tout de suite les amoureux : Isis et Herbert, deux des personnages principaux de Donjon.
Ces personnages sont ici très bien écrits. Ils ont vieilli et sont plus sensibles d’autant plus que leur fils est devenu un tyran sanguinaire comme l’avait montré le tome précédent de Zénith. Noces de fleurs raconte donc le futur récent de cette série. Pourtant, Noces de fleurs se place dans la sous-série Donjon monsters. On peut être surpris jusqu’à une révélation. En effet, le complétiste de la série de Joann Sfar et Lewis Trondheim découvre que ce volume est un crossover entre les héros de la série principale et celle sur le cité des morts du seizième tome de Donjon monsters.
Malgré cette forte intégration au reste de l’univers de Donjon, ce volume se démarque des autres volumes. Si l’humour reste présent, Noces de fleurs prend le contrepied de l’univers violent de Joann Sfar et Lewis Trondheim avec un récit très doux. Le dessin est aussi différent. Ce volume est en effet le premier album entièrement dessinée par une artiste.
Aude Picault installe une ambiance très douce. Elle opte pour des formes rondes et peu de détails pour préférer de grandes zones vides et donc des aplats de couleurs. La coloriste s’adapte à l’artiste en choisissant des tons pastel et presque enfantins : le bleu clair domine des 14teintes réalistes. La mise en page sans bordure autour des cases ajoute à ce sentiment de légèreté.
Publié chez Delcourt, le tome 18 de Donjon Monsters est une double réussite. D’une part, la dessinatrice Aude Picault y réussit son entrée en proposant un style d’une belle pureté. D’autre part, le scénario de Joann Sfar et Lewis Trondheim permet une prolongation des aventures d’Andrée et une suite à la relation compliquée entre parents et enfants. De plus, la conclusion annonce une suite avec la revanche des parents.
Rentrez dans d’autres pièces du Donjon avec les chroniques sur Dynastie et magiciens et Potron-Minet 82.