Qui ne connait pas les légendaires Samouraïs? Leurs codes d’honneurs, l’art de manier le sabre, leur appréciation de l’art et de la culture, un Japon fermé au monde… On connait tous des bribes de la culture bushido. Mais très peu de gens connaissent l’histoire de Kurusan Yasuke, le seul et unique Samouraï noir dans l’histoire du Japon.
C’est l’histoire d’un homme, qui par la force de son travail va devenir un guerrier respecté dans un japon méfiant et fermé aux étrangers. Cet homme légendaire en a inspiré plus d’un. Récemment, plusieurs projets sont dédiés à mettre en lumière le destin unique de cet homme. Parmi ces créations, viennent un livre de Serge Bilé, et une série animée Netflix. Cette bande dessinée est un jalon de plus dans les histoires tournant autour de Kurusan Yasuke.
Devenir Samouraï dans un pays méfiant des étrangers:
Nous sommes dans un Japon féodal à la fin du 16ème siècle. Le Daimyo (gouverneur militaire) Oda Nobunaga est en guerre pour unifier le pays tandis que le pays s’ouvre à contre coeur aux jésuites européens.
Un Jésuite du nom d’Allesandro Valignano débarque en 1579 avec son esclave africain, Joseph, dans la ville de Kiyosu où reside Nobunaga. Tout de suite, les japonais sont à la fois effrayés et fascinés par cet homme étrange, grand et fort. Très vite, Joseph se retrouve au service de Nobunaga et mis sous sa protection. Ce dernier, désireux de connaitre son nouveau serviteur si different de lui, va faire en sorte que Joseph soit éduqué dans la langue et la culture japonaise. C’est Nobunaga lui-même qui lui conférera le nom qui sera inscrit dans la légende: Kurusan Yasuke (Monsieur Noir).
C’est ainsi que le voyage de Yasuke commence pour atteindre son destin hors du commun de samouraï et homme de confiance de Nobunaga.
Un tome assez fidèle à l’histoire de Kurusan Yasuke:
Contrairement à d’autres héros de fiction, Kurusan Yasuke a bel et bien existé. Malheureusement, l’histoire et le parcours de cet homme légendaire ont été mal référencés, donc nous n’avons que très peu de connaissances sur lui. Thierry Gloris (scénario) et Emiliano Zarcone (Dessinateur) tentent, à travers ce premier tome, de mettre un peu de lumière sur ce personnage unique. On pense qu’il venait soit de l’Éthiopie, du Soudan ou bien du Mozambique (parmi la tribu des Makua). Une des sources clés qui a inspiré la création de ce tome est les mémoires d’Oda Nobunaga.
Le 23 du second mois, un serviteur noir vint des pays chrétiens. il semblait avoir 26 ou 27 ans, son corps tout entier était noir comme celui d’un boeuf. Il était solide et avait de la présence. De plus sa force était supérieure à celle de 10 hommes réunis.
Les historiens ne sont pas d’accord sur le contexte de l’arrivée de Yasuke au Japon. Etait-il esclave? Garde du corps? Considérant la division des classes sociales au Japon à cette époque, certains estiment qu’il est improbable que Yasuke soit simplement esclave. Mais c’est le choix fait par les créateurs de l’album. Il est utilisé pour ‘dénoncer’ la traite d’esclaves et l’hypocrisie des gens de l’occident et les ordres religieux. Mais ce n’est pas la partie centrale de l’histoire.
Le tome se concentre surtout sur les personnages japonais et le déroulement des événements historiques que nous connaissons. Il y a des moments où Yasuke se retrouve relégué au second plan. Ceci permet aux autres personnages historiques de mettre en place les événements à suivre. Le résultat est un album se distinguant grâce à une histoire fluide et bien écrite.
Des dessins sobres et réalistes donnent vie à Yasuke:
Le lecteur voit à travers les détails des dessins que les créateurs ont fait une recherche historique importante. Que ce soit sur l’importance de l’honneur dans la classe guerrière ou bien l’apparence des personnages (coiffures et vêtements). Malheureusement, le manque de documentation sur Yasuke force les créateurs de cette BD à romancer les interactions de Yasuke avec les japonais, pour combler les blancs de l’histoire. En revanche, pour un lecteur qui ne connait pas l’histoire de Kurusan ou du japon féodal, les bribes de fictions ne frustrent pas la véracité l’historique.
Les auteurs de cette BD ont misé sur le réalisme des dessins. Ce style ôte la possibilité au lecteur de penser que cette histoire est pure fiction. Dénué d’éléments graphiques fantasques ou caricaturaux, Kurusan rajoute une qualité humaine qui fait l’homme de la légende.
Impressions Globales:
C’est un premier tome très réussi. Avec des coups de crayons sobres et réalistes, et un oeil pointilleux sur le détail, Gloris & Zarco « allument le spot » sur un personnage peu connu dans l’histoire. On découvre la légende en tant qu’homme et nous assistons aux marques qu’il laissera dans l’histoire.
Pour les amoureux des BD historiques et des samouraïs, celui-ci est un must pour sa collection, en attendant le second tome. Kurusan est un album des éditions Delcourt et disponible en librairie.