Astra Saga est la dernière création de Philippe Ogaki. Cet auteur prolifique, à qui l’on doit une quarantaine d’ouvrages, a touché à beaucoup de genres. De l’adaptation de la trilogie Les Guerres du Silence de Pierre Bordage à la série La Rose écarlate en passant par la fresque Mythics, il a construit un univers éclectique. Il ne manquait plus qu’une œuvre synthétisant ces influences diverses. C’est chose faite avec Astra Saga, B.D ambitieuse, dense, captivante (lire ici notre critique du premier tome), croisant space opera, mythologie germanique, fresque chevaleresque et intrigue politique digne de Dune.
Les Dieux sont parmi nous
Il y a longtemps, les Ase et les Jötun, se livrèrent une guerre sans merci pour le contrôle de la galaxie. La colère de ces dieux ébranla les étoiles, l’univers trembla, des mondes entiers disparurent. Aussi puissants les uns que les autres, ils furent emportés dans la mort par leur fureur destructrice. Leur souvenir s’évanouit dans la poussière des mondes ravagés. De leur antique puissance subsistèrent quelques rares artefacts et un nom terrible: le Ragnarök.
Depuis, d’autres êtres se sont élevés, des royaumes se sont construits puis se sont unis au sein d’un immense empire. Un temps, la peur de la guerre a maintenu soudés ces peuples. Mais depuis peu, les germes de la division se sont répandus. Tandis qu’un jeune soldat servant comme dragon au sein des forces impériales, une noble héritière dotée de pouvoir, tentent de sauver l’empire, un ancien Ase, survivant de la guerre d’Antan s’éveille. Pour retrouver son antique puissance, il lui faut mettre la main sur l’or des Ases.
Astra Saga : Une splendeur graphique
Si on aime cette série, c’est d’abord par l’immense qualité visuelle que créent Philippe Ogaki et son équipe. Les couleurs, chatoyantes, lumineuses, empruntent des tons pastels pour souligner la grandeur de l’histoire qui nous est contée. Se rajoute un dessin très riche, détaillé au possible autant pour les décors que pour les pièces d’armure. Il accompagne à merveille la dimension épique, galactique de cette B.D.
Cette ambiance visuelle se renforce d’un identité graphique unique. Astra Saga mélange, en effet, plusieurs univers. Les codes de la science-fiction, type space opéra, irriguent les planches : flottes gigantesques, planètes diverses, bases spatiales. Tout est fait pour nous faire ressentir l’immensité de cet univers. Ils sont complétés par une inspiration médiévale, baroque, visibles non seulement sur le design des armures mais aussi dans le décor des grands palais. C’est un peu comme si le rétro-futurisme de Dune rencontrait le romantisme du duc Louis II de Bavière.
Quand la S.F. revisite la mythologie germanique
Astra Saga se base sur deux grandes sagas nordiques. La première qui irrigue cette série depuis son tome inaugural, c’est évidemment la chanson des Nibelungen. Les personnages de Siegfried, Fafnir inspirent pour l’un le héros de cette B.D, pour l’autre la menace diffuse. C’est surtout l’idée de l’or maudit qui tisse un fil conducteur entre les deux univers : un trésor qui attise les convoitises mais qui corrompt les esprits.
La seconde influence vient de la mythologie scandinave. C’est d’abord sa cosmogonie qui se retrouve dans Astra Saga : le Jötunheim, le Valhalla. Cet univers est composé, en effet, de plans connectés par un courant d’énergie, métaphore du Bifrost. Ce sont ensuite ses divinités qui se retrouvent dans cette histoire galactique : les Ase, Spleipnir, Loki. C’est enfin sa fascination pour les éclairs, les coffres magiques et masques en tout genre qui inspirent cette oeuvre.
Astra Saga : un space opéra gigantesque
Cette œuvre ambitieuse propose, d’abord, d’incessants voyages dans le temps et l’espace. Le lecteur est, au début, bousculé, amené à découvrir le passé des différents acteurs, comprendre comment les fils du temps s’imbriquent. Tout ceci reste toujours facile à suivre car l’écriture, la mise en scène rendent l’ensemble très fluide. Nous dérivons alors le long des courants spatiaux découvrant, page après page, les trésor d’un lore fascinant.
Ce voyage dans une galaxie inconnue s’enrichit d’une intrigue politique très riche. Astra Saga se présente comme la fusion entre Dune et Game of thrones. Les grandes familles défendent leur propre intérêt, l’empire tente vaille que vaille de tenir les rênes d’un univers qui se fractionne tandis que des forces extérieures alimentent le feu de la discorde. Seule une poignée de personnes ont encore le sens de l’intérêt général. Mais auront-ils la force d’infléchir le cours de l’histoire ?
Astra Saga est la série à suivre aux éditions Delcourt. Belle, ambitieuse, mystérieuse, elle a, pour le moment, répondu à toutes les attentes des lecteurs. Il ne reste plus qu’à patienter jusqu’à la fin de cette année pour découvrir le troisième tome.