Après Hero corp, JustFocus continue son exploration du comics… made in France par Kitty Kitty Kill Kill de la série Badass publiée par Delcourt le 15 mai.
Embrouilles pour un parchemin
Pendant une foire aux enchères d’objets occultes, Amadeus Kitty, célèbre voleuse qui possède un pouvoir sur le son, est payée pour voler un livre magique mais elle est doublée par les New Masters of Crime mais aussi par Dead-End, le maître du crime et héros principal de la série Badass. Tout ce petit monde se retrouve bloqué dans le musée par la police et se bat pour ce manuscrit.
Local vaut mieux que global
Dans cette collection dirigée par David Chauvel, les éditions Delcourt innovent en proposant des BD de super-héros réalisées par des Français. D’ailleurs, ce volume est organisé en quatre épisodes comme un recueil comics. Ils vont même plus loin en créant un univers partagé par plusieurs personnages, comme Marvel et DC, mais chez Delcourt tout se suit dans une seule série Badass ou Foxboy. Contrairement à Hero corp, autre BD de super-héros français, Badass ne vient pas d’une série ou d’un film mais du cerveau d’Herik Hanna. Les dessins de ce volume sont de Julien Motteler.
Un pas de côté
Dans ce tome indépendant des anciens volumes, on en apprend plus sur la mystérieuse voleuse Amadeus Kitty. Les premières pages racontent en voix off les origines de la voleuse. Une sur-acuité auditive l’a obligé à vivre isolée dans le studio d’enregistrement familial jusqu’à ce qu’elle découvre qu’elle possède en fait un don unique. Elle peut tout entendre et, en absorbant le son, elle peut le renvoyer sous forme d’ondes destructrices. Ces très émouvantes origines modifient le regard que l’on porte sur elle. Bien plus qu’un Arsène Lupin en costume de Louis XIV, elle est une fille isolée qui a conquis son autonomie par le vol. Ce volume est aussi l’occasion de croiser les New Masters of Crime un quatuor d’ennemis étranges dont un homme rhinocéros – Rhino Blade – et Miss T, fan de l’Agence tout-risque.
Un Deapool à la française
L’action est très présente mais l’humour se mêle au récit pour jouer sur les codes des super-héros. Le roi Arthur qui débarque au cours du récit parle comme Thor mais sans jamais un mot d’anglais ce qui est « super chiant » selon Dead-end. Hanna se moque des nouvelles équipes – les New Masters – que personne ne connaît mais aussi des crossovers inutiles – Hidden War Crisis. On rigole souvent par les images – l’explosion d’un caniche, Mes Petits Poneys sont de dangereux carnivores d’un autre monde – ou par les dialogues. Dead-end est très drôle par ses paroles acides en se moquant d’Amadeus Kitty qui devient dans sa bouche Vivaldi Kitty, Beethoven Friskass. Si vous aimez les BD d’humour à la Lanfeust, cette série est un régal. Par cet humour ravageur où rien ne résiste au super-pouvoir du scénariste, on a l’impression de lire un Deadpool réussi. Pour les dessins et les situations délirantes, on peut également penser à Tony Chu, publié aussi par Delcourt.
Une lecture fun
Le dessin est influencé par le manga mais avec des couleurs vives et des formes plus pointues. L’encrage plus brut et la mise en page façon comics – il n’y a pas de grille mais des variations selon les pages et une double-page avec un dessin unique – rendent la lecture très agréable.
Kitty Kitty Kill Kill est donc un gross kiff d’humour et d’action. Ce volume indépendant est une porte d’entrée idéale pour un nouveau lecteur et vous poussera sans doute à découvrir vite le reste de la série.