Il est vrai que dans l’univers des comics, les héros ne manquent pas, mais que se passe-t-il quand un événement vient rappeler au monde que ce ne sont que des personnages de fiction ? En 2001, l’attentat des World Trade Center a bouleversé le monde et l’univers des comics n’y a pas échappé…
Retour sur un désastre américain
Conçues par l’architecte Minoru Yamasaki, les Twin Towers devaient être les deux plus grands bâtiments du monde à l’époque de leur création. Construites entre 1966 et 1977, elles atteignaient plus de 415 mètres de haut !
De leur inauguration jusqu’au jour de leur destruction, les tours jumelles ont incarné la force des États-Unis et plus spécifiquement la puissance économique de la ville de New York. Dès leur création, leurs apparitions au cinéma se multiplient (SOS fantôme, Armageddon, etc…). Au même titre que la Statue de la Liberté, les deux tours sont devenues un symbole universel.
C’est pourquoi, les événements de 2001 n’ont pas seulement touché les États Unis, mais le monde entier. Les attentats firent environ 2 970 victimes et 6 290 blessés. Aujourd’hui encore, l’évènement a des répercussions sur la politique américaine et la santé de nombreux Américains. Des témoins traumatisés aux sauveteurs qui souffrent
encore de leur exposition aux poussières toxiques, c’est toute la société américaine qui a été marquée au fer rouge ce matin du 11 septembre 2001.
Des héros qui pleurent
Une industrie en deuil
Dans le monde des super-héros, cet événement a également eu un impact sur nombre de
publications et la première réaction des auteurs face aux attentats fut de rendre hommage
aux victimes et aux hommes et femmes qui ont participé au sauvetage des personnes piégées sous les décombres.
Les attentats ont soulevé un voile séparant la réalité et la fiction, révélant
le meilleur comme le pire de l’espèce humaine, il paraissait donc logique que DC comics et
Marvel comics, qui sont parmi les plus grands éditeurs de comic books du monde, participent de manière active à cet hommage.
Dès décembre 2001 Marvel publie le comic Heroes, un récit témoin et principalement constitué d’illustrations et de texte courts rendant hommage aux pompiers, policiers, ambulanciers et secouristes qui furent les premiers sur les lieux. Les plus grands auteurs du monde des comic books ont participé à la création de cet ouvrage, Alex Ross, Frank Miller ou encore Alan Moore ont contribué à en faire une œuvre d’exception témoignant de manière réaliste des événements du 11 septembre 2001.
The amazing Spider-man n°36
L’ouvrage qui incarne le mieux cette transition du héros fictif au héros ordinaire, c’est
le The Amazing Spider-man n°36 publié encore une fois par Marvel comics. Issue de la
collaboration de deux des plus grands artistes de la « maison des idées », J. Michael
Straczynski et John Romita Jr.
À travers ces pages, les deux auteurs racontent dans le détail les évènements qui ont suivi la chute des deux tours et notamment le sacrifice des passagers de l’avion qui devait frapper le Pentagone. Le lecteur suit ici Spider-Man qui arrive sur le lieu du drame.
Le héros incarne l’ensemble du peuple américain, traumatisé et impuissant face aux événements. Dans son discours, l’homme-araignée fait l’éloge des valeurs humaines défendues par l’Amérique et les super-héros apparaissent comme l’allégorie de l’idéalisme américain, défendant ses valeurs et rappelant au peuple américain que derrière tous ces morts, il y a l’espoir d’un lendemain meilleur.
Quoi qu’il arrive, loin de nous affaiblir cette épreuve nous rend plus forts. […] Ces dernières années, notre peuple était divisé, noyauté par l’individualisme et l’égoïsme. Mais aujourd’hui nous faisons corps. Des drapeaux fleurissent partout sur un sol fertilisé par nos larmes et notre détermination. Le malheur nous a unis. Nous sommes unis pour réagir. Unis pour guérir. Unis pour reconstruire.
Le 11 septembre a complètement bouleversé la société américaine et les comics en témoignent en valorisant les héros ordinaires tels que les policiers et les pompiers. Pour de nombreuses personnes, l’horreur vécue en 2001 est sans cesse réactivée par le biais de troubles post-traumatique ou de séquelles physiques. En juin 2019, près de 21 000 New-Yorkais furent diagnostiqués avec un cancer : malgré le poids des années, New York continue de payer le prix des attentats, alors n’oublions pas !