Dans les comics, les super-héros ont presque toujours des particularités qui relèvent du surnaturel. Leurs dons relèvent souvent de phénomènes explicables par la science. De leur coté, la plupart des super-vilains tiennent leurs pouvoirs de sources occultes. Dans ce contexte, qu’elle est la place du surnaturel dans nos comic-books ?
Un mystère nommé Strange
Des sorciers et des hommes
Bien que les pouvoir occultes soient souvent l’apanage des vilains, il y a des exceptions. Le premier super-héros du genre, Docteur Fate, fit son apparition en 1940. Après avoir découvert un casque mystique, Kent Nelson obtient les pouvoirs du sorcier égyptien Nabu.
Ce personnages surnaturel, issu de l’univers DC, fut soutenu par diverses histoires d’horreur, comme celles publiées dans les séries des Uncanny tales et Strange tales d’Atlas comics (ancêtre de Marvel). Ces récits faisaient la part belle aux monstres et autres phénomènes étranges. Malgré leurs succès, l’engouement pour ces histoires fut stoppé dans le milieu des années 1950.
En effet, les comics ont toujours suscité des critiques, mais le développement des histoires de meurtres et d’horreur, à la fin des années 1940, accrut le nombre de protestations. Les boycotts se multiplièrent, les ventes s’effondrèrent et l’on vit même des comics détruits par le feu !
Pour éviter la faillite, les éditeurs décidèrent de se doter d’une organisation autonome, le Comics Code Autority. Prenant la forme d’un organe de censure, les éditeurs furent contraint d’y obéir jusqu’en 2011 ! Aussi, dans les années 1950, loups-garous, vampires, morts-vivants et sorciers furent peu à peu bannis des comics destinés aux plus jeunes.
Un retour fracassant, voici Docteur Strange !
Avec le comics code autority, il fallut attendre les années 60 pour voir certains éditeurs prendre le risque de renouer avec des héros adeptes de la magie. Parmi ces héros figurent un certain Steven Strange, un docteur aujourd’hui bien connu des fans de Marvel.
Le chirurgien Stephen Strange connaissait une brillante carrière, mais à la suite d’un accident de la route, il dut renoncer à son travail. Désireux de trouver une solution pour soigner ses mains meurtries, il se plongea dans l’occultisme et devint le sorcier suprême nommé Docteur Strange !
Issu de divers inspirations, tels que les écrits de Marco Polo, les récits de la table ronde ou encore les émissions radiophoniques, Strange parvient très vite à se caractériser. De plus, alors que la plupart des héros de l’époque tiennent leur pouvoir de la science, lui détient des connaissances occultes qu’il a appris à maitriser au prix de longues heures d’études.
L’univers de Docteur Strange est immense, aussi complexe et détaillé que le monde de Tolkien ou celui de J.K Rowling. Un univers qui, ces prochaines années, devrait connaitre son apogée au cinéma avec des films comme Doctor Strange in the multiverse of madness ou Spider-man no way home !
Au moment de l’apparition du Docteur Strange, l’univers magique dans les comics se diversifie. Aussi, on voit apparaitre des personnages tels que le Ghost Rider, le chasseur de vampire, Blade, ou encore la sorcière Raven des Teen Titans !
Vampire, loup-garou et autre joyeuserie…
Si les sorciers et autres magiciennes connaissent un succès grandissant à l’aube des années 60 c’est en grande partie dû au bestiaire et à l’ambiance mystérieuse qui les accompagnent.
Le roi des monstres
Présente dès les origines de l’art, la figure du monstre nourrit l’inspiration de très nombreux artistes qui y voient un moyen d’interroger la nature humaine et d’illustrer la dualité entre le Bien et le Mal. Dans le monde des comics, les monstres ont très tôt fait leur apparition, pour symboliser le vice et rendre encore plus évidentes la perfection et la vertu des super-héros.
Le monstre le plus connu n’est autre que le vampire. Chaque culture a eu son suceur de sang. En effet, les Slaves ont le « oupires », les Roumains possèdent le « strigoï » et les Orientaux ont les « goules ». Toutefois, la créature immortelle, caractérisée par une irrésistible soif de sang – qui fait aujourd’hui l’objet d’un véritable culte – est en fait un assemblage de mythes et de récits littéraires.
Si les représentations médiévale ont peut-être inspiré certains des auteurs de comics, c’est avant tout le best-seller écrit en 1897 par Bram Stokers, Dracula, qui a constitué une référence majeure pour de nombreux créateurs d’œuvres fantastiques. Marvel comics fut le premier éditeur à exploiter l’image du vampire transylvanien.
Créé en 1972, le super-vilain apparaît pour la première fois dans le Tomb of Dracula n° 1, sous les traits d’un homme au teint pâle, vêtu d’une cape, conformément aux anciennes représentations du comte. Le lecteur retrouve d’ailleurs d’autres héros du roman comme Jonathan Harker et Mina Murray.
Le comte n’est pas le seul vampire présent dans l’univers Marvel. Il doit, entre autres, partager ce titre avec Morbius qui se distingue de son homologue par ses principes et sa conduite parfois héroïque. Vous aurez d’ailleurs bientôt l’occasion de le découvrir au cinéma !
L’homme qui criait au loup
Le loup-garou trouve également sa place dans le monde des super-héros américains. Il apparaît chez Marvel, en 1953, dans le n° 3 de Menace. Toutefois, il s’agissait alors d’un récit unique qui ressemblait davantage aux Pulps Magazines de l’époque.
Il fallut attendre 1972 pour que Stan Lee et Roy Thomas créent le personnage de Werewolf. Apparaissant dans les pages de Marvels spotlight n°2, il s’inspire des mythes et légendes populaires.
En effet, le mythe du loup-garou remonte lui aussi au moyen-âge, mais les histoires se rapportant aux monstres lycanthropes existent depuis l’Antiquité gréco-romaine. Il adopte tantôt la forme d’un loup de grande taille, tantôt l’aspect d’un être hybride.
Le monstre: mi-héros et mi-vilain
Le monstre, dans les comics, apparait de manière différente. S’il est généralement le symbole du mal et du vice, il peut parfois incarner la justice comme pour les héros Deadman et l’Homme-chose.
L’un est un fantôme qui, recherchant son assassin, a décidé de venir en aide aux vivants. Tandis que l’autre est un monstre des marais représentant la nature luttant pour sa propre survie. Grâce aux comic-books, ces créatures peuvent être vues d’une manière plus positive et inspirer une forme d’espoir, ainsi qu’une certaine forme de rédemption.
En vérité, la notion de monstre dans les comics peut pousser à la réflexion. Un monstre est un individu dont la morphologie est anormale ; une personne qui provoque la répulsion par sa laideur ; un être qui surprend par quelque singularité. Certains de ces critères ne peuvent-ils pas être appliqués au modèle même du super-héros ? Est-ce qu’un être qui vole ou qui peut déplacer des objets par le biais de sa simple volonté n’est pas un monstre aux yeux des hommes ?
C’est la question que pose l’ouvrage Marvels, publié en 1994 par Marvel comics et récemment réédité chez Panini. Plus proche du roman graphique que du comic book classique, par ses traits réalistes évoquant la photographie, il aborde l’univers traditionnel des comics du point de vue de l’homme qui vit au contact des super-héros.
Le monde des super-héros est plein d’hommes et de femmes que beaucoup qualifieraient de monstre. Si il est vrai que certains super-vilains ont tout du monstre classique, cela n’empêche pas nos héros d’emprunter certains de leur caractéristique pour faire le bien, à l’image du Docteur Strange. Mais entre monstre et super-héros, y a t-il véritablement une différence ? On vous laisse le choix de la réponse !