Les contes et légendes de Bretagne sont à nouveau à l’honneur dans Brocéliande, nouvelle série en sept tomes annoncés, qui va transporter le lecteur au pays de Merlin, de Viviane et des korrigans dans le premier volet intitulé La Fontaine de Barenton (Soleil).
Un teuz, contraint par une paire de korrigans menaçants, se trouve dans l’obligation de créer un conte les mettant pour une fois en scène à leur avantage. Ce teuz, le conteur nommé Orignace, qui évoque graphiquement à la fois le Igguk de La Graine de folie et Algernon Woodcock de la série du même nom est, malheureusement pour lui, en panne d’inspiration. Il va donc tenter d’en trouver un peu en déambulant dans la forêt de Brocéliande. Et bien lui en prend, car très vite il aperçoit le facétieux Merlin qui semble vouloir faire une cour assidue à une jeune promeneuse ayant perdu son chemin, une dénommée Viviane.
Une Bande dessinée fantastique, classique mais originale
L’album commence de manière à la fois classique et originale. Si le cadre est rabâché, la manière de présenter les choses est plus personnelle, et c’est tant mieux. Il faut bien admettre en effet que les histoires de féeries ont toujours un aspect de déjà-vu assez prononcé. Le tout est donc d’aborder ce genre d’univers de manière différente et originale. La Fontaine de Barenton propose des idées suffisamment originales pour que la lecture soit agréable au bout du compte. Les idées sont intéressantes, même si l’on a parfois la sensation de reconnaître les sources d’inspiration des auteurs (le grand cerf blanc ne peut manquer d’évoquer Princesse Mononoké par exemple) et que le cadre narratif choisi limite considérablement les possibilités.
Mais l’histoire se tient et reste homogène jusqu’au bout. Les reproches que l’on peut formuler viennent plutôt de l’aspect graphique, assez banal. Le dessin est trop rigide, trop carré sans doute pour ce type d’univers (le personnage de Merlin notamment). Peut-être est-ce dû à une (mauvaise) influence de Lanfeust de Troy ? Et surtout les couleurs numériques sont fades. Comme toujours. Un vrai coloriste travaillant à la main et au pinceau aurait certainement mieux mis en valeur le dessin. Mais ça coûte trop cher, ça va moins vite, il y a des délais à tenir, etc. Toujours la même rengaine dont pâtit la qualité. Résultat : un gâchis. Il suffit de voir la colorisation du feu pour se rendre compte de cet état de fait.
La Fontaine de Barenton est au final un album plaisant à lire, malgré les défauts récurrents de l’édition BD contemporaine, qui donne toutefois envie de découvrir à quoi ressembleront les tomes suivants.