Les pirates sont des mythes littéraires tenaces qui fascinaient déjà leurs contemporains. Dans cette nouvelle série éditée par Glénat, Jean-Yves Delitte navigue entre réalité historique et fantasme littéraire pour éclairer la figure trouble d’un flibustier réel, Black Beard. Mais, derrière les images, quelle était la réalité ?
Une biographie marine
Daniel Defoe, écrivain de cour du XVIIIe siècle est l’auteur de Robinson Crusoé mais il se passionnait aussi pour les bas-fonds londonien. C’est lors de ses recherches qu’il rencontre un marin dans la prison de Marshalsea. Accusé d’être le tristement célèbre Black Beard, ce dernier se prétend victime d’une erreur judicaire mais il accepte de lui raconter son passé de pirate avec Edward Teach. C’est par son récit – étalé sur deux tomes – que l’on découvre une partie de la vie d’un flibustier.
Le prisonnier de souvient des suites de l’attaque d’un navire marchand. Comme Defoe, fasciné par le mal, le lecteur est dans les premières pages avides d’aventure en mer mais rapidement, la violence éclabousse la page. Black Beard est déçu de cette prise décevante veut utiliser les otages qu’il ramène sur son navire, le Queen Anne’s Revenge. Il compte faire payer le riche planteur anglais Robert Lauwers mais en attendant, il laisse dériver le navire arraisonné avec tout son équipage qui va vraisemblablement mourir de faim et de soif. Edward Teach a une heureuse surprise lorsque la trahison d’un serviteur des otages le lance sur la piste d’un trésor. Loin d’être récompensé, le traître est abattu. On découvre en effet que la société des pirates ne respecte aucun code moral. Il n’y pas d’honneur mais chacun cherche avant tout à devenir riche mais les plus malhonnêtes ne sont pas ceux que l’on croit… En effet, Robert Lauwers engage un ex-flibustier devenu un chasseur de pirate. Sans se soucier de la justice, il est prêt à faire tuer Black Beard.
Un auteur sur le pont
A la fois scénariste et dessinateur, Jean-Yves Delitte s’est spécialisé dans les récits maritimes devenant même Peintre Officiel de la Marine et membre titulaire de l’Académie des Arts & Sciences de la mer. Il est d’ailleurs le capitaine de la collection Les Grandes batailles navales chez Glénat. A côté ces récits très documentés, il poursuit avec ce dyptique un versant plus fictionnel. En tant que dessinateur, sa très grande productivité impressionne d’autant que les albums ne sont jamais bâclés. Son style à la fois vif et très précis permet de suivre facilement le récit tout en admirant les belles doubles pages de navires. De plus, le choix du noir pour l’arrière des pages renforce le côté sinistre du récit.
Le scénariste quant à lui déconstruit les mythes littéraires et cinématographiques. Pour des raisons très pratiques, les pirates peu d’abordage et d’attaque des gros navires. Ce récit se situe pendant l’âge d’or de la piraterie dans les Caraïbes et sur les côtes américaines et l’auteur explique succinctement les raisons du développement de ces activités criminelles.
Ce premier volume introductif lance une course-poursuite entre Black Beard, la marine anglaise et le planteur avide de vengeance. Assez lent, il pose bien les enjeux mais comment Jean-Yves Delitte va-t-il tout résoudre avec un seul tome restant ?