Un groupe de héros et de criminels doit s’entretuer pour rentrer chez eux. Voici ce que propose Beyond ! une série limitée de survie publiée par Panini comics.
Un Labyrinthe pour super-héros ?
Les premières pages plongent dans un récit inquiétant – par un texte en voix off, un homme enterre des héros d’autres planètes et se lamente de son destin sans fin. Le lecteur bascule dès la page suivante à New York où l’on suit Gravity, un lycéen dont la vie ressemble au jeune Peter Parker mais lui a tout avoué à sa copine. Il décrit avec humour sa vie entre flirt et aventures de super-héros. C’est lui qui fera le récit de ce voyage périlleux. Dans ce scénario qui peut faire penser à Battle Royale, des personnages puissants se retrouvent attirés irrésistiblement par une porte qui les projettent sur une autre planète. Les plus anciens héros se souviennent alors d’une ancienne aventure et le premier crossover – plusieurs séries différentes racontent un récit commun – Secret Wars face au Beyonder.
Mieux qu’Aladin
Une étincelle lumineuse leur promet de réaliser tous leurs rêves s’ils tuent tous les autres passagers. La navette spatiale arrive dans une jungle autour d’un volcan sur une planète inconnue – un milieu hostile de survie comme Jurassic Park. Le scénario est de Dwayne McDuffie (Damage control) et les dessins de Scott Kolins (The Flash). Ce dessinateur a un style particulier – tout est fait à la tablette graphique et donc les dessins manquent de relief. Le manque de précision montre un dessin parfois bâclé. Peter n’a pas du tout ce visage mais est-ce peut-être voulu… Le scénario est par contre malicieux et joue sur différent niveaux de lecture. Deathlock parle avec un ordinateur interne – l’écriture de ce dialogue reprend celle des ordinateurs des années 80. C’est lui le narrateur du début. Lors d’un précédent tournoi, le groupe a survécu et il s’est engagé à rester pour que le Beyonder ramène les autres sur terre.
L’enfer c’est les autres ?
Spiderman est mis en avant sur la couverture mais il s’agit d’une série limitée sur un groupe. On retrouve des personnages majeurs ou secondaires de l’univers Marvel qui trouvent ici une place plus grande – Spiderman, Venom, La Guêpe mais aussi Gravity, Henry Pym, Médusa, le fils de Kraven le chasseur, Firebird et Hood. C’est alliance de circonstance entre héros et criminels – Venom, Kraven, Hood – est bien vue. Les criminels vont-ils tuer tout le monde pour survivre ? Les héros vont-ils tuer les criminels en premier ? Hood est prêt à tuer tout le monde immédiatement mais Kraken le remet à sa place. Il n’a pas le niveau. Le Scorpion a récupéré le symbiote de Venom à l’époque. Il tue Spiderman dès le premier épisode. Ce choc provoque une division dans le groupe.
Spinoza sur Mars
Bien qu’il s’agisse surtout d’un récit de combats dans le groupe, le scénariste parsème les dialogues de réflexions morales sur le bien et le mal. Quelle loi doit être appliquée ? Est-ce celle des Inhumains avec Médusa qui punit par des coups de fouets ou celle du statut d’Avengers de la Guêpe qui veut laisser faire la justice sur Terre ? Chaque personnage se pose la question de sa survie – faut-il opter pour la solidarité du groupe pour refuser la promesse et trouver un moyen de fuir ou opter pour la loi du plus fort en restant le dernier survivant ? Gravity, naïf héro adolescent, découvre que la vie est plus dure que prévue. Ses repères moraux ont disparu. Pym a aussi un dilemme moral personnel. Il veut redevenir un modèle moral mais la tâche indélébile de la violence conjugale complique ses changements. Il cherche à se remettre avec la Guêpe mais dans le groupe il y a aussi Firebird – avec qui il a eu une relation. Firebird fera beaucoup pour récupérer Pym.
L’humour survit
Beyond ! n’est pas seulement un récit sombre de survie mais l’humour aux références geeks est très présent. L’humour de Peter bascule par cette situation dans le cynisme ou la folie mais le lecteur comprendra vite pourquoi. Kraven est presque aussi drôle que Spider-Man. Le fils de l’ennemi de Peter Parker, Kraven, bosse dans le cinéma et voit tout à travers ce filtre. Il propose à Deathlock d’en faire une star.
Panini nous offre la chance de lire ces six épisodes de 2016 encore inédits en libraire. Le travail éditorial est précis avec une couverture solide, bonne traduction – la bonne idée de ne pas traduire le titre car ils sont envoyés au-delà (beyond) mais il y a aussi le Beyonder – et une biographie précise des auteurs en fin de volume.
Dans ce récit de survie comme Hunger Games, les personnages Marvel se révèlent bien plus complexes ou drôles que prévus. Ils choisissent leurs propres règles et non celles du Beyonder et tentent de fuir. Le lecteur passe donc un moment agréable par l’humour du Kraven ou le trio complexe d’Hank Pym, la Guêpe et Firebird.