L’histoire et la science sont remplies de faits graves mais aussi d’anecdotes étranges et amusantes. L’encyclopédie loufoque Axolot revient pour les mettre en avant chez Delcourt.
Indiana Jones cherche son histoire…
Le sous-titre du cinquième volume d’Axolot éclaire sur le but de cette compilation : Histoires extraordinaires et sources d’étonnement. On y découvre donc que l’on peut vivre (mal) des années avec une balle dans la tête, qu’il vaut mieux éviter de s’assoir dans un musée anglais… Pour trouver de telles histoires, il faut un aventurier de l’anecdote, un compilateur de l’extrême, tel Patrick Baud. Depuis cinq volumes et de nombreuses vidéos sur YouTube depuis 2013, il ne cesse de parcourir les bibliothèques et internet à la recherche de la perle, du trésor de l’anecdote. Il y réussit de nombreuses fois dans ce volume. On découvre avec stupéfaction qu’un noble a enchaîné un arbre pour éviter que ses proches meurent. Un bug informatique devient un État avec son drapeau et sa république.
Bien entendu, Axolot n’est pas qu’une succession d’anecdotes. Chaque récit est détaillé et si le point de départ peut surprendre, la logique n’est pas toujours absente. Le lecteur comprend alors pourquoi on trouve des lustres dans les égouts de Cologne. Le lecteur est parcouru par des émotions variées. Il sourit le plus souvent, il est ému par la vie hors norme de Matthias Buchinger puis il est effrayé par la lente descente vers la folie des frères Collyer. C’est parfois assez navrant sur la nature humaine : même lorsque la supercherie d’une spirite est découverte, elle continue à recevoir en nombre des personnes voulant voir leurs défunts. Un progressiste peut être scandalisée que la nancéienne Marie Marvingt soit si mal connue alors que des personnages célèbre traversent les récits d’Axolot : le compositeur John Cage, le premier ministre anglais Winston Churchill et même le véritable Indiana Jones. En effet, de nombreuses histoires viennent des États-Unis ou du Royaume-Uni car il semble que le flegme anglo-saxon se conjugue avec une forte excentricité. Heureusement, une invasion d’horloges Garfield sauve l’honneur de la France.
Un kaléidoscope d’illustrations
Chaque récit (ou presque) est illustré par une ou un artiste différent. Axolot quitte l’anecdote pour devenir un portrait de l’illustration en 2021. Le rapport entre le texte et l’image varie selon les récits. Parfois, c’est une illustration en pleine page à côté du texte comme le cabinet de curiosité. Une page entière transforme une portée de musique en récit. D’autres fois, le texte devient une bande dessinée. Dans le culte du dieu coco, le dessinateur Geoffroy Monde part de la vérité historique pour proposer une courte histoire drôle. Les styles sont aussi variés. Héloïse Chochois peut s’inscrire magnifiquement dans la ligne claire modernisée, proche de Jochen Gerner. Elizabeth Holleville est plus impressionniste en réduisant sa gamme chromatique au marron, au vert foncé et au violet. Certains noms sont des artistes reconnus comme Boulet qui dessine la série Donjon Zénith depuis le départ de Lewis Trondheim. Tout comme Erwann Surcouf, il était d’ailleurs présent dans le premier volume.
Depuis le premier tome d’Axolot, Patrick Baud ne cesse de trouver des anecdotes uniques et de les confier à des illustrateurs talentueux. Arrivé au cinquième volume d’Axolot, la source est loin d’être tarie et elle révèle au lecteur de prodigieux récits. Comme toute compilation, chaque lecteur aura ses préférences mais il est indéniable que le récit d’un alcoolique atterrissant deux fois au milieu de Manhattan vous fera sourire.
Si cette collection vous intéresse, vous pouvez retrouver un lien vers la chronique du tome 2 et le tome 4.