Au nom de la République est une BD mélangeant action, espionnage, géopolitique. S’appuyant sur des faits réels et des personnages inspirés de personnagesexistants, elle plonge le lecteur dans le quotidien des forces spéciales françaises confrontées à la menace terroriste. Après un bon premier opus centré sur la traque des cellules terroristes en France, le second nous emmène en Somalie.
Somalie, panier de crabes
Au cœur de la corne d’Afrique, la Somalie n’en finit pas de sombrer dans le chaos. Un fragile gouvernement, soutenu par les Grandes Puissances, tente de reconstruire le pays miné par 30 ans de guerre civile. Mais les milices continuent de contrôler des quartiers entiers de la capitale et les groupes djihadistes, islamistes, notamment Al-Shabaab sèment le chaos et la terreur dans le pays et dans les Etats frontaliers.
Deux agents français, envoyés sur place pour former les forces gouvernementales, sont capturés par une milice locale qui à son tour se fait enlever ses otages par le groupe islamiste Al-Shabaab. Si l’un des français arrive à s’échapper, le second est emmené au cœur du désert. Une mission de sauvetage est organisée par Paris mais échoue : le prisonnier meurt ainsi que deux agents. Désormais le gouvernement français cible le responsable de ces morts, le chef d’Al Shabaab.
La Chute du faucon noir
Ce second album d’Au Nom de la République plonge le lecteur dans la poudrière de la corne de l’Afrique. Les coups d’état, la misère, l’islamisme ont gangrené un pays dont la situation au bord de la Mer Rouge le rend vital pour le commerce mondial. Sous surveillance et assistance constantes, il peine à trouver un début de paix, fragilisé par ses propres fractures internes. Il devient un terrain miné où les services de renseignement de tous les continents agissent en toute discrétion afin d’empêcher le chaos de revenir.
En effet, l’antagoniste de cet album, c’est un groupe islamiste violent et réel qui se sert de la Somalie comme base arrière pour mener des actions sanglantes dans le pays mais aussi autour. Mené par un chef aussi fou que paranoïaque, il impose une terreur sur les populations locales, justifiant l’injustifiable sur de prétendues bases religieuses. Nourries par des décennies de luttes locales et par le retour de combattant d’Afghanistan ou d’Irak, il demeure une menace sérieuse à laquelle le gouvernement local ne peut répondre.
Au nom de la république : Ambiance glaçante
Le tome nous conduit dès lors à découvrir une double ambiance. La première glaçante est celle des populations locales obligées de se soumettre au plus fort, de subir les humiliations. La moindre erreur, le moindre soupçon, c’est la mort assurée. Et si ce n’est celle infligée par leur bourreau, cela peut être celle des forces de sécurité qui tentent d’éradiquer cette menace au risque de provoquer des dégâts collatéraux. Ce que recherche d’ailleurs les djihadistes en s’implantant volontairement dans des zones peuplées de civils.
La second ambiance est celle des services de renseignement français. Porté par un sens aiguisé du devoir, il leur faut réussir à infiltrer l’ennemi, trouver des soutiens et se méfier de tous et de toutes. Ils ont mis en effet le nez dans un panier de crabe. Et si la technologie (les drones) leur permet de mieux cerner l’adversaire, le renseignement humain reste primordial. Or leurs sources prennent des risques considérables et leurs officiers traitants savent qu’en cas de découverte, ils ne pourront pas les aider. Un vrai cas de conscience.
Un récit à hauteur d’homme
La grande force de cette série réside dans son réalisme. Les attitudes, les choix, les stratégies, s’appuient sur des situations réelles. La violence, très brute, insiste sur le fait qu’aucune erreur n’est possible. C’est un duel à mort. Les hommes et les femmes envoyées sur leur terrain sont des éléments d’élite, triés sur le volet. Ils obéissent à des règles sévères car il n’y a pas de place pour l’inexactitude. Même une bonne action en contradiction avec les ordres sera sanctionnée.
Le même réalisme s’attache à décrire les adversaires. Les auteurs décrivent sans concession des chefs djihadistes aussi cyniques que peu courageux envoyant leurs hommes de main faire le sale boulot et préférant se cacher au milieu des populations. Seul un hommes, dont on ne sait rien des motivations décident de trahir et de contribuer à la chute de ce fou sanguinaire. C’est à lui d’ailleurs qu’est consacré cet album, hommage à tous ces anonymes qui, au péril de leur vie, ont joué le rôle d’informateur.
C’est donc avec grand plaisir que nous avons parcouru ce second tome d’Au Nom de la République. Les amateurs des série Coeurs Noirs, Le Bureau des Légendes, peuvent ce ruer sur cet album. Retrouver les autres titres de la série sur https://www.editions-soleil.fr/series/serie-au-nom-de-la-republique