Vous connaissez le dessin animé de Walt Disney, mais vous êtes vous demandé ce que raconte vraiment Peter Pan ? Dans A l’orée du monde édité par Delcourt, Kapik et Kim Consigny réinterprètent ce récit tout en préservant ses thèmes.
Des enfants refusant le monde adulte
A l’orée du monde s’ouvre par la promenade prudente d’un héros métisse de onze ans. James rentre dans la forêt et appelle les orphelins pour les rejoindre. Ce sont en fait les Enfants Perdus, un groupe d’adolescent ayant fuis la civilisation pour vivre libre dans la forêt. James a décidé de fuguer et de vivre avec Damon, Ben, Aldo et l’Enfant.
Damon le plus grand et le premier puis les autres l’ont rejoint. Lors des premiers jours, James est ravi de cette nouvelle vie. La plupart des enfants dans A l’orée du monde sont en manque d’amour y compris James. Ses parents divorcent et les disputes se multipliant, le garçon veut fuir la réalité. Tout cela peut paraître complexe mais tout se devine avec peu de mots et par les images. A l’orée du monde ne décrit pas uniquement la fuite de la réalité de ces enfants mais également refus de la civilisation moderne. Face aux adultes qui détruisent la nature et consomment sans limite, les Enfants Perdus vivent en harmonie avec leur environnement et se contentent de peu. Cependant, James déchante assez vite. Il parle trop, dérange l’organisation des fugueurs et perturbe les animaux. Il comprend également que les Enfants Perdus ne sont pas les seuls dans la forêt en croisant une troupe de jeunes filles à la frontière du territoire des Enfants Perdus.
A l’orée du monde commence par le projet du scénariste Kapik de réécrire Peter Pan. On retrouve le récit d’initiation de passage à l’âge adulte. Les Enfants Perdus refusent de devenir adulte bien que le vieillissement soit inéluctable. On croise même le fée Clochette. L’imagination transforme la réalité comme le montre une page sur l’exploration. La dessinatrice et coloriste Kim Consigny propose pour cette réinterprétation un dessin faussement naïf proche du livre pour enfant. Les traits sont fins avec des forme rondes. La mise en page est simple et les cases n’ont pas de bord.
Des enfants dans la Nature
Cependant, A l’orée du monde est aussi loin de la nouvelle de J. M. Barrie. L’action se passe de nos jours et le scénariste renverse le point de vue. Il s’intéresse à la vie quotidienne des enfants perdus et met en avant un propos écologique. A l’orée du monde est séparé en deux territoires. La forêt est un espace sauvage mais offre la liberté tandis que les espaces ouvert sont ceux de la civilisation mais également de la pollution. Il ne s’agit pas de dominer la nature mais de vivre au milieu, en harmonie avec l’environnement. Les Enfants Perdus ne construisent pas de cabanes car cette construction fait fuir les animaux. On mange ce qu’offre la forêt sans faire le difficile et on n’en prend pas trop.
Un groupe très organisé à l’orée du monde
A l’orée du monde présente également l’organisation concrète de cette communauté d’ados vivant en autarcie dans la forêt. Les Enfants Perdus sont une démocratie d’enfants avec leurs propres règles. Ils ont créé une cérémonie d’initiation pour intégrer James dans le groupe. Leur tenue mélange des lambeaux de la civilisation avec des signes et des armes des Amérindiens.
Mais A l’orée du monde n’est pas un conte naïf. On rêve mais on n’a pas le temps de jouer car survivre occupe une grande partie du temps. Chacun a un rôle avec un cueilleur et un chasseur. Ces derniers transmettent leurs techniques au nouveau venu. Trouver de l’eau et de la nourriture est vital puis il faut tout cacher des animaux sauvages et des adultes. En effet, des dangers menacent la communauté. L’hiver inquiète par la disparition de la nourriture. Les adultes font des passages réguliers et dangereux. De plus, dans le groupe, certains ont des secrets.
Dans ce court récit, Consigny et Kapik reprennent les thèmes de Peter Pan comme le passage de l’adolescence à la vie d’adulte mais propose une jolie variation écologique. A l’orée du monde est un livre doux amère car l’utopie de départ se fracasse contre la réalité. La fin ouverte pourrait augurer d’une suite.
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