Il y a quelques années, lorsque l’on parlait de dessin animés pour adultes, nos esprits pensaient tout de suite un genre que l’on pourrait sans aucun doute qualifier de spécial. Mais les temps changent : bienvenue dans le monde pas si lointain de Big Mouth, qui ravivera sans doute chez les spectateurs avertis un soupçon de nostalgie (empreinte, sans aucun doute, d’une once de gêne).
Il y a Rick & Morty, et il y a ceux dont on ne parle pas. Big Mouth fait partie de cette nouvelle génération de séries dont la jeunesse des scénaristes a été droguée au ton humoristique des Simpsons et de American Dad. Sauf que la nouvelle génération est bien plus décomplexée que ses parents spirituels.
« Ô de la puberté la terrible démence !
Qui ne les connut pas ces amours de treize ans ? » – Poussières, Jules Barbey d’Aurevilly
Le monstre dans le placard
Passage obligé de tout enfant se cherchant, la puberté est pourtant un moment tabou. Destinée à un public averti, la série animée Big Mouth suit le quotidien de jeunes adolescents en proie à leur puberté. Aidés de l’Hormone Monster, qui pervertissent ceux qui étaient il y a peu des enfants, ils vont découvrir peu à peu l’âge adulte au travers de leur sexualité et de la vie en société. Nous suivons ainsi la relation entre Andrew, qui vit ses premières heures de puberté, et Nick, qui lui s’inquiète de ne pas vivre ces changements. Côté féminin, nous suivons Jessi et Missy, qui découvrent la féminité. Au travers de l’humour, sont abordés de nombreux sujets dont on ose pas forcément parler à cet âge. Dur, en tant qu’adulte, de ne pas s’y identifier.
Cours de SVT express
Big Mouth ne vous épargnera rien : premier amour, premier baiser, premières règles, homosexualité, problèmes familiaux ou encore masturbation rythment les épisodes, à mesure que les protagonistes découvrent l’âge adulte. Gênant, c’est certain, la série animée joue des tabous, s’en amuse, pour mieux les dénoncer. Et pourtant, dans une société où les différences semblent de plus en plus être acceptées, il est interessant de voir que cette série provoque le malaise tant elle aborde les sujets sans détour. En regardant la série, il semble difficile de ne pas faire un parallèle avec le vécu de toute personne adulte. Au contraire des cours d’éducation sexuelle de l’enseignement secondaire, même s’ils sont nécessaires, la série dit ce qui est et non ce qui devrait être. Elle n’édulcore pas une réalité partagée par la totalité des adolescents pour en faire quelque chose de plus acceptable.
Là est toute la force de Big Mouth, sous son appellation de dessin animé et sous ses blagues grasses, la série est définitivement mature. Et justement, il est interessant de voir que seul ce format permet de faire passer ce type de messages et de mettre en place ce genre de scénarios.
Ne vous laissez pas tromper par l’aspect enfantin des dessins : Big Mouth est bien une série pour adulte. Se jouant de la puberté, elle déconstruit les tabous qui l’entoure. On notera l’excellent choix de musiques qui accompagnent l’ambiance sonore de la série.