Après Afterlife with Archie, JustFocus continue son voyage horrifique à Riverdale avec Vampironica. A la place des zombies, préfériez-vous une pom-pom girl vampire ?
Veronica assoiffée d’hémoglobine
Une fête entre lycéens bat son plein jusqu’à ce qu’elle soit interrompue par un vampire. Heureusement, Veronica Lodge arrive pour jouer les Buffy. Mais se faisant mordre, elle plonge dans la piscine et remonte les yeux injectés de sang. En effet, après un rendez-vous d’affaire de ses parents qui a mal tourné, Veronica s’est fait mordre par un vampire centenaire. Craignant de faire mal à ses amis, elle se cache mais, dès lors, qui va protéger la ville des suceurs de sang ? Veronica va devoir réfréner son désir de tuer ses amis pour au contraire les sauver.
Contrairement à Afterlife où on suit le groupe de lycée, Vampironica est surtout d’un titre solo. L’héroïne sort aussi des stéréotypes car contrairement aux autres vampires, la pomp-pom girl contrôle son appétit de sang. Le vampirisme est comme souvent la métaphore du désir sexuel inassouvi. Il lui faudra lutter contre ses peurs pour sauver la ville. Comme une femme moderne, elle prend en charge son corps. Elle n’est ni fragile, ni dominatrice mais en questionnement. Le début est centré sur Veronica mais la série monte en intensité à mesure que la menace se précise et que la courageuse lycéenne recherche des alliés. Le volume se termine dans une soirée qui risque de tourner au bain de sang… mais la piscine sera une solution.
Du sang à Riverdale
Le fan de Riverdale ou d’Archie comics retrouve dans Vamperonica les archétypes des récits d’adolescence. Plus qu’un lieu d’éducation, le lycée est l’espace d’expression de la jeunesse, un centre de rivalité et parfois un refuge. Le prologue reprend les films de lycée – une fête tourne à la beuverie, l’entraînement de pom-pom girl de Veronica – pour rassurer l’habitué d’Archie mais l’épisode bascule rapidement dans l’horreur en faisant le récit d’une catastrophe. Les disparitions se multiplient dans la ville mais les jeunes insouciants ne s’en rendent pas compte. Ils sont préoccupés par les soucis de leur âge : Betty se demande pourquoi Veronica ne répond pas en journée… ce qui est logique quand on est une vampire. Dans Vampironica, le texte est réduit au minimum pour laisser l’ambiance s’installer. Le mal vient de la haute comme de bien entendu avec les vampires. Les plus puissants veulent boire le sang non pour se nourrir mais pour dominer
Ce concept de vampire est ancien en débutant lors de quelques épisodes spéciaux mais le succès d’Afterlife with Archie a encouragé à étendre la gamme. L’éditeur propose au dessinateur Greg Smallwood qui veut justement devenir scénariste. Quelques temps plus tard, il arrive avec un texte de Vampironica écrit avec sa sœur fan de l’univers d’Archie. Derrière ses atours naïfs, Archie comics a toujours eu des éléments perturbants comme le couple à trois entre Archie, Betty et Veronica. Les remarques futiles de cette dernière font sourire : Veronica en pleine action se félicite de son nouveau look tout en noir. On sent que le scénariste joue de plus en plus avec les codes en ajoutant plus l’humour typique d’Archie à la fin : Jughead rote et fait fuir un vampire grâce à ces relents d’ail.
La revanche du geek
On y retrouve les même personnages majeurs et mineurs comme Dilton le geek du lycée qui vient bosser le week-end son projet de science… mais par ses connaissances sur le cinéma de genre, il a tout de suite compris que Veronica est devenue une suceuse de sang. Il l’accueille chez lui et lui donne un cours sur l’histoire des vampires. Il va même porter les armes pour sauver la ville. Tout cela ne serait rien sans le superbe travail du dessinateur Greg Smallwood. Il a un style réaliste mais ajoute un effet de matière reprenant presque la craie grasse et le grain du papier. Pour les deux derniers épisodes, il est remplacé par Greg Scott dont le style diffère mais cherche aussi à moderniser le dessin hyperréaliste en y apportant plus de vitesse et un sentiment d’inachèvement très réussi.
Vampironica est une sanglante réussite, un cocktail réussi d’action dégoulinant et d’humour pointu. On peut même considérer que ce titre est encore meilleur que Afterlife car ce récit complet se clôt en un tome. De plus, après avoir tenté des livres souples, Glénat a rénové sa gamme Log-In en proposant ici un livre au dos solide et une très belle édition complète.