Valerie June : The Moon and Stars : Prescriptions for Dreamers

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L”EP Stay de Valerie June, sorti en novembre 2020 intriguait par son originalité. L’album, qui vient de paraître The Moon and Stars : Prescriptions for Dreamers ne déroge pas à ce principe. En un mot complètement barré, dans le sens positif du terme. L’artiste a élaboré un nouveau langage pour notre plus grand bonheur.  

Elle réussit à nous téléporter dans un univers afro-futuriste où se promène l’ombre de Sun Ra (1914-1993) célèbre pianiste de jazz, précurseur de cette mouvance. L’hommage à ce musicien visionnaire, qui a marqué autant l’histoire de la musique que la conscience des afro-américains, est un parti pris sensible, présent dans la musicalité, souligné par l’univers visuel et repris dans les lyrics.  

Est-ce que l’œuvre s’inscrit dans la lignée d’une musique qui ne serait pas – que récréative ? 

En premier lieu, Valerie June se distingue par son approche musicale.  Le projet ambitieux de nous plonger dans une rêverie hors de toutes préoccupations conjoncturelles, peut apparaître improbable au regard des flux d’informations anxiogènes.  Elle y parvient, cependant.

Dès les premières notes, elle place le décor abstrait. L’instrumental est épuré. La flûte pose un décor végétal. On est happé par la prose des banjos, des saxophones et des synthés. Les voix se déploient comme les ailes d’un oiseau. Les cordes emplissent les oreilles de nuances et d’énergies réconfortantes. 

Tout repose sur ce timbre si particulier. Il y a de la pureté, de l’angélisme et un grain écorché vif. Quelque chose qui parle de ce monde, d’une histoire bien trash, de blues originel. S’opère alors une transition entre le passé et le futur, l’espace et la galaxie, la conscience et l’onirisme. On s’évade et on se laisse engloutir par tant de beautés. 

Entre rock psychédélique et pop symphonique 

Valerie June s’est entouré de grands noms de la profession, des collaborations prestigieuses qui confèrent à cet album un caractère très léché. Arrangements signés Lester Snel, qui a travaillé avec Isaac Hayes, Al Green… ou  réalisés par Tony Visconti, le producteur de  David Bowie. L’album est co-produit par Jack Splash, qui a oeuvré pour Kendrick Lamar entre autre, Alicia Keys, John Legend et tant d’autres, Humberto Ibarra, musicien émérite aux percussions sur You and I. Les mélodies font référence parfois à l’afrobeat de Féla Anikulapo Kuti. Les textes s’inspirent tantôt de la poésie surréaliste de Sun Ra (Stardust scattering) ou de la condition des afro-descendants. Le message de Smile est porteur d’espoir et de réconfort. Tu ne prendras pas mon sourire, nous dit l’artiste.