Connaissez-vous le poing de la mort ? Si ce n’est pas le cas, c’est sans doute que vous êtes trop jeune pour avoir connu les premiers animes à la télévision. Découvrez alors, Soten No Ken, le préquel de Ken le Survivant.
Le retour d’un survivant contesté
A la fin des années 1980, les animes japonais explosent les audiences à la télévision mais provoquent aussi de virulentes polémiques à la télévision. Une série en particulier : Ken le survivant. Diffusé le mercredi après-midi, des journalistes puis des hommes politiques dénoncent sa violence qui menacerait la jeunesse française. L’arrivée de cette série chez Mangetsu est donc un évènement pour l’ancien fan de la série. Néanmoins, il ne s’agit pas de la série originelle, Hokuto No Ken en japonais, mais d’une préquelle par le même mangaka. Plus de dix ans après, Tetsuo Hara et Buronson avaient en effet envie de revenir sur cette série vendue à plus de 100 millions d’exemplaires dans le monde en proposant Soten No Ken. Le lecteur y suit Kenshirô Kasumi l’oncle de Ken dont la naissance ouvre le premier volume. Il est le 62e successeur du poing de la mort, la redoutable technique de combat du Hokuto Shinken. Cet art martial a une origine mystique. Inventé par des moines bouddhistes à l’est de la Chine, le Poing sacré divin de la grande ourse est si redoutable que son nom change et que son enseignement est réservé à une élite.
Voyage dans le passé
La série Soten No Ken démarre bien plus tard dans les années 1930. Le dernier empereur de Chine arrive au Japon. L’archipel vient alors d’envahir son immense voisin en proie à la guerre civile et utilise ce souverain fantoche pour s’imposer. A la recherche d’un garde du corps, il veut recruter un combattant légendaire qui a, presque seul mis fin, à une guerre mafieuse à Shanghai entre le Syndicat de Jade et l’Union du Pavot Sanglant. Quelques années plus tard, ce combattant se cache sous l’identité d’un professeur dans un internat de jeunes filles et ne se préoccupe que de science et de conter fleurette à une riche héritière. C’est en retrouvant un ancien camarade du Syndicat de Jade que Kenshirô Kasumi redevient le terrible « Yanwang, le roi des enfers ». En démontrant qu’il possède le secret du Hokuto Shinken, il prouve qu’il est tout aussi fort dans les tâches intellectuelles qu’avec ses poings. Ce premier tome explore à la fois ce présent au Japon et le passé chinois de Kenshirô.
Le retour d’un grand du manga
Avec Soten No Ken, deuxième série de Tetsuo Hara, l’éditeur Mangetsu lance une collection de rééditions des œuvres du maître. Cette série a connu une première édition en français mais Mangetsu propose une version bien plus fidèle avec le sens de lecture japonais, une nouvelle traduction, d’un nouveau lettrage avec les onomatopées sous-titrées. Cette édition permet de découvrir la richesse de cette saga et de sortir des attaques politiciennes passée. Au premier abord, Soten No Ken est une série d’action qui met en valeur les talents de Kenshirô. Il transforme en arme des couteaux de table et des fourchettes. Par un doigt, il fait exploser les têtes. Certes, Soten No Ken est violente par ses images mais la série est surtout puissante politiquement. Tetsuo Hara se moque des puissants. L’empereur de Chine, bien que sans pouvoir réel, se comporte odieusement avec ses serviteurs. Il est rongé par la peur du complot. Les gangsters sont bien plus honorables que lui. La vulgarité de certains dialogues démontre la bassesse humaine. Cette critique passe aussi par les dessins. Les hommes politiques ont des visages fermés aux traits brutaux.
Ce premier gros volume de plus de 300 pages prouve que Tetsuo Hara est un auteur incontournable du manga. On le pressentait déjà dans Keiji mais cela devient une certitude avec Soten No Ken qui, sous l’habillage d’une série d’action est une sanglante attaque de l’ambition et de l’égoïsme des hommes.
Vous pouvez retrouver d’autres chroniques des sorties de Mangetsu car l’autres séries de Tetsuo Hara, Keiji, et une autre saga historique, Chiruran.