Blue Giant Supreme est une oeuvre singulière dans le monde des manga. On la range du côté des seinen même si l’objectif du protagoniste est de devenir le meilleur jazzman du monde. Un leitmotif récurrent dans les shonen. Le récit d’Ishikuza Shinichi bien que fictif, possède de solides atouts qui font de cette histoire publiée chez Glénat, une entrée en matière efficace pour cette tranche de vie passionnante.
Suite directe de Blue Giant, l’intrigue débute avec le départ de Dai Miyamoto en Allemagne. Il s’apprête à relever un défi qui semble insurmontable, conquérir l’Europe avec sa musique. La première étape de son périple l’emmène à Munich, en Allemagne. Un choix narratif qui peut surprendre si vous n’êtes pas un connaisseur. Le pays de la Mannschaft est bien une terre de Jazz.
L’Allemagne, un des berceaux du jazz?
Nous ne sommes pas les seuls à posséder d’excellentes références en jazz. Citons par exemple les Allemands Peter Brötzmann et Albert Mangelsdorff. Les deux artistes ont marqué de leur empreinte le monde du free jazz. Mangelsdorff n’est plus de ce monde mais il est considéré comme l’un des meilleurs trombonistes dans le milieu. Brötzmann possède quant à lui quelques similarités avec notre héros puisque tout comme lui, il se distingue par son souffle puissant et l’intensité de son jeu. Le fait qu’il soit saxophoniste peut indiquer qu’il est peut-être une source d’inspiration du mangaka.
Munich est une ville dotée d’un histoire riche dans le monde du jazz. Eh oui, le label ECM, un acteur important dans le monde du jazz européen, y officie depuis la fin des années 60. On remarque le travail d’investigation important de la part de l’auteur en décidant de faire de Munich la première ville étape pour son héros.
Un Jazzman asiatique peut-il réussir en Europe?
A la fin du tome 10 de Blue Giant, Dai prenait la décision suite à l’accident de Jass, de partir pour l’Europe. Une choix radical mais qui ne surprend pas lorsqu’on comprend la personnalité du musicien. C’est un artiste qui doit pour évoluer, avancer constamment. « Il ne fait pas partie de ceux qu’on peut arrêter »…
Les bagages de Dai pour s’imposer en Allemagne sont légers. Quelques affaires, un peu d’argent, son Saxo ténor et c’est tout. Il ne parle pas du tout allemand mais peut s’exprimer dans un anglais approximatif. Plusieurs handicaps de taille pour s’imposer dans un pays inconnu.
Toutefois, l’obstacle numéro un pour le musicien est la différence de culture. Lui qui est l’incarnation d’un Jazz expansif, il se rend compte à ses premiers contacts avec les clubs de jazz de la ville que le public est bien discret. Est-ce une mentalité commune à l’Europe? Devra t’il adapter sa musique par rapport à leurs attentes? Ce ne sont que quelques unes des interrogations qui émanent de l’esprit de Dai.
Il n’est pas facile de repartir à zéro après une très belle période à Tokyo. L’artiste est complètement inconnu à Munich, on comprend donc l’hésitation des tenanciers à son égard. De plus, on doit bien avouer qu’un passionné de jazz ne pensera pas au Japon comme possible pourvoyeur de talents pour ce style musical.
Blue Giant Supreme 1 : Une très belle introduction
Les débuts de Dai en terres européennes sont prometteurs. Ishizuka continue d’exploiter au mieux la volonté sans faille de son héros. Plus sa route semble parsemée d’embûches, plus il s’affermit.
Les planches sont de toute beauté et retranscrivent avec un réalisme saisissant toutes les spécificités des villes allemandes. Les décors réalistes ont été réalisés à partir de photos. Notre immersion est totale. D’un point de vue strictement musical, le style du dessinateur brille lorsqu’il met en scène sa création dans ces moments d’improvisation. Shinichi et Dai sont en symbiose parfaite, on ressent pleinement la fougue du musicien, et la moindre de ses craintes.
On attend la suite qui devrait arriver pour le mois de janvier chez Glénat manga. Pour ceux qui sont réfractaires au jazz, jetez un oeil du côté de The Great Pretender, un anime de qualité chez Netflix.