Critique de Légende vivante, tome 1 : sympathique fantasy

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Légende vivante est l’adaptation en manga d’un light novel très populaire signé Ezo Gingitune et DeeCHA, encore inédit en France. Entre les mains d’un quatuor d’artistes enthousiastes, ce premier tome emprunte aux isekai sans vraiment en être.

L’histoire

Le mage Luck et ses acolytes Golan et Erik sont des aventuriers expérimentés. Leur dernière mission les a conduits au cœur d’une faille interdimensionnelle, à la poursuite du roi des démons. Mais après de longs jours de combat, l’armée démoniaque revient inlassablement à l’assaut de nos héros. Voyant ses coéquipiers blessés et exténués, Luck choisit de se sacrifier et de rester seul face à la horde barbare.

Se battant avec ardeur et rage, le mage finit par terrasser le roi des démons. Il retrouve alors la terre ferme… et s’aperçoit que dix ans se sont écoulés ! Et les surprises ne s’arrêtent pas là : alors que toute la population le pense mort et lui voue un culte, son propre corps a rajeuni de manière drastique ! Pourtant, loin d’en être découragé, Luck décide de profiter de son nouveau statut pour reprendre sa vie d’aventurier à zéro, tout en gardant ses compétences de mage de rang S…

Tradition respectée

Légende vivante s’inscrit dans une longue tradition de mangas « de genre ». En effet, c’est un support qui se prête particulièrement bien à la fantasy, la seule limite aux histoires contées étant l’imagination de l’auteur. Du mythique Fairy Tail (Hiro Mashima) au plus récent Moi, quand je me réincarne en slime (Taiki Kawakami, Mitz Vah et Fuse), le genre se diversifie sans cesse pour nous proposer des milliers d’aventures. Un thème en particulier a le vent en poupe, celui de l’isekai, littéralement « monde différent ». Généralement, le héros ou l’héroïne, originaire de notre monde, est soudain propulsé dans un monde parallèle. Dès lors, partant de zéro et sans pouvoirs (Bofuri) ou, au contraire, déjà surpuissant (La sorcière invincible, Yûsuke Shiba et Kisetsu Morita), il va accumuler les quêtes et s’entourer d’amis comme d’ennemis. Si cette définition est réductrice par essence, on voit cependant tout le potentiel de ce type de manga. Adapter une histoire « de type RPG » sur un modèle littéraire permet toutes les audaces. Par conséquent, parmi la masse d’œuvres déjà sur le marché, il peut être difficile de se démarquer. C’est ce que tentent de faire Ezo Gingitune et ses comparses dans ce premier tome.

Être une légende n’est pas chose facile, surtout quand on veut garder le secret ! C’est ce que découvre Luck, alors qu’il tente de se refaire un nom sous une tout autre identité. Là se trouve la fibre isekai de cette œuvre. Car s’il ne débarque pas d’un autre monde, Luck revient dans le sien en n’étant plus tout à fait lui-même, surtout aux yeux de la population ! Comment va-t-il gérer ce nouveau statut ? Son secret pourra-t-il tenir ? Et comment faire croire que l’on est un débutant quand on possède l’épée du Roi des démons ? Ce dilemme entraîne des quiproquos et situations rocambolesques plutôt drôles !

Des personnages attachants

Avec une puissance pareille, le récit pourrait vite tourner en rond, voire devenir grotesque. Néanmoins, le traitement des personnages est attrayant et permet d’éviter cet écueil. Luck, en premier lieu, est un garçon sympathique auquel il est facile de s’attacher. Plutôt que de courir après la gloire que son retour miraculeux aurait pu lui apporter, il profite de ce nouvel anonymat pour reprendre sa vie d’aventurier à zéro. En tant que guerrier cette fois, notre héros s’enquiert des quêtes dont personne ne veut.

Il fait ainsi équipe avec de jeunes aventuriers, Ario et Genie. En effet, le temps passant, ses deux anciens acolytes, Erik et Golan, ont endossé des responsabilités incompatibles avec leur ancienne vie. Luck prend alors, sans en avoir l’air, le rôle d’un senpai bienveillant. Une certaine émulation s’installe entre les trois nouveaux comparses. D’autres personnages feront petit à petit leur apparition, dont Shia, de la tribu des hommes-bêtes. Cette diversité dans les peuples représentés apporte une touche en plus.

Enfin, les ennemis ne sont pas en reste. Leur design est souvent imposant, et Chaco Abeno et Hitsune Tennoji s’amusent à jouer avec les ombres pour renforcer l’impression de puissance.

Un premier tome qui se cherche ?

Légende vivante apparaît donc un manga de facture plutôt classique mais bien travaillé. Néanmoins, la lecture de ce premier tome donne l’impression d’un univers qui se met tout juste en place et manque quelque peu d’originalité pour le moment.

Ainsi, si le dynamisme des combats et leur rendu soigné sont appréciables, la surpuissance de Luck fait qu’il terrasse ses ennemis souvent très rapidement, gâchant un peu le plaisir. Par ailleurs, les monstres sont assez caricaturaux et peu exploités, du fait de leur court temps de présence. Cela peut donner l’impression que l’on a simplement « déposé » tous les poncifs du genre dans le récit, sans pousser plus loin. Idem pour le héros, dont le secret est vite éventé : quels enjeux reste-t-il alors ?

Pourtant, avec déjà six tomes sortis au Japon, Légende vivante promet d’être une série plutôt longue. Cela permettra certainement la mise en place plus concrète de cet univers d’heroic-fantasy, qui ne manque pas de charme.

En conclusion, ce premier tome de Légende vivante apparaît plutôt comme une mise en bouche pour l’instant peu originale mais répondant aux critères de l’heroic-fantasy moderne. Le manga dispose d’un bon potentiel et reste très sympathique. Gageons que le quatuor qui en a la charge saura le développer de manière intéressante !

Le tome 2 paraîtra le 6 octobre 2021. En attendant, vous pouvez lire un extrait ici, ou bien découvrir le passionnant et toujours bluffant volume 2 de Tezucomi !