Du 10 au 16 mai se tient dans la capitale parisienne l’annuel Festival des Busters. JustFocus a le privilège de le suivre et vous en fait, chaque fois qu’un rédacteur y est, son petit récap’!
Cette année, le Festival des Busters a pour thématique « Un air de Jeunesse et d’Obsession« . Au programme : des projections, des rencontres et masterclass avec des réalisateurs/trices et une compétition de court-métrages. Ce vendredi 12 mai au Luminor (un des trois cinémas partenaires où se déroule l’événement), c’était la réalisatrice française Emmanuelle Bercot qui était à l’honneur.
La soirée s’articulait autour de la projection de son deuxième-long métrage, Backstage, suivie d’une rencontre avec elle sous la forme d’une masterclass. Pour les absents ou déjà nostalgiques, retour sur cette soirée intense et riche en émotions.
Première partie de soirée : projection de Backstage
Sorti en 2005, Backstage raconte l’histoire de Lucie, une jeune fille de 17 ans qui est une fan inconditionnelle de Lauren Waks, une chanteuse à succès (particulièrement chez les adolescents). La vie de Lucie tourne entièrement autour de cette passion, qui s’immisce sur les murs de sa chambre, dans son cœur, dans sa tête, sur ses pages de cahiers d’école. Un jour, le destin va la conduire à rencontrer son idole et pénétrer dans son intimité, chamboulant ainsi toute son existence.
A l’affiche de ce film troublant, Emmanuelle Seigner, qui incarne la diva adorée et Isild le Besco, époustouflante en jeune femme fragile, introvertie et à la frontière dépassée de la névrose, accompagnée d’acteurs professionnels et non-professionnels tous très justes et authentiques. Noémie Lvovsky en bras droit et femme à tout faire de star, Edith Le Merdy en mère d’ado (un peu) dépassée, ou encore Samuel Benchetrit, Valéry Zeintoun, Joëlle Miquel…
Le film est une vrai réussite et pose d’emblée de vrais questionnements sur cet état de « fanatisme » qui induit une dépossession de soi au profit d’une autre personne, qui est bien souvent sublimée, fantasmée et idéalisée. L’oeuvre ne perd jamais en chemin, est efficace et extrêmement prenante. Isild le Besco a un jeu extraordinaire et subjuguant. Dans ce personnage peu verbeux et dépossédée d’elle-même, elle fait merveille. Emmanuelle Seigner lui donne la réplique et rentre bien dans la tenue de cette star névrosée, à la fois dure et fragile, et despotique.
Deuxième partie de soirée : rencontre avec Emmanuelle Bercot
Sitôt la fin du générique, la (talentueuse) réalisatrice fait son arrivée. Naturelle, spontanée et enjouée, elle se prête de bonne grâce au jeu des questions-réponses sur son film, son travail, le cinéma, la vie de notoriété.
Parmi les thématiques abordées, il ressort de son envie de réaliser ce film une volonté de comprendre ce mystérieux phénomène de vénération d’un produit issu du star-média, qui pousse des personnes à la frontière de la folie. Quelques questions sur sa vie « privée » aident à mieux comprendre le ressenti de la réalisatrice sur cet aspect. Elle-même affirme n’avoir jamais été une adepte du « fan de », mais avoir déjà eu à en subir certains plutôt encombrants.
La dialogue a ensuite bifurqué sur le cinéma de manière plus générale, sur l’importance de ce dernier dans la vie d’Emmanuelle Bercot, mais sans qu’elle ne puisse dire qu’il lui serait impossible de vivre sans exercer ce métier.
Enfin, une autre partie de la masterclass s’articulait sur le choix de ses comédiens. Emmanuelle Bercot a affirmé son intérêt à choisir des acteurs non-professionnels pour certains types de rôles. A ces derniers s’ajoutent également des acteurs dont c’est le métier et avec qui elle aime à s’investir totalement, comme ce fût le cas avec Isild Le Besco.
Il reste encore quelques jours pour découvrir (ou redécouvrir) les œuvres étonnantes, détonantes, troublantes et passionnées que le Festival des Busters a choisit de (re)mettre en lumière cette année. Tant qu’il est encore temps, n’hésitez donc pas à jeter un coup d’œil au programme et à son attrayante bande-annonce !