Le duo Gustave Kervern et Benoît Delépine est de retour pour son dixième long-métrage : En même temps. Notamment porté par Vincent Macaigne, Jonathan Cohen, India Hair ou encore Jehnny Beth, le film raconte comment deux politiciens que tout oppose se retrouvent collés ensemble. Le premier est un maire de droite (Jonathan Cohen), tandis que le second est un écologiste bobo (Vincent Macaigne).
En même temps : le film s’inscrit parfaitement dans la filmographie de ses auteurs
Comme d’habitude, Gustave Kervern et Benoît Delépine proposent un film doux/amère, décalé et acerbe comme ils en ont le secret. En même temps s’inscrit parfaitement dans leur filmographie. Les deux hommes dépeignent une fois de plus la société moderne avec un regard critique et absurde, toujours très pertinent. Ici, tout le monde en prend pour son grade : les politiciens, les féministes, la droite, la gauche, les écolos, les biens pensants, les nihilistes… Les deux hommes tapent sur tout le monde avec un humour bon enfant, sans jamais juger ou condamner. Ils se contentent de peindre le portrait d’une société qui se mord la queue, qui ne parvient plus à se mettre d’accord, et qui se contredit continuellement.
Via cette approche, En même temps rappelle beaucoup le récent Effacer l’Historique. Le ton, les personnages et la critique sociétale s’ancrent dans une continuité évidente par rapport à leur précédent long-métrage. En même temps doit également beaucoup à son duo principal. Jonathan Cohen et Vincent Macaigne créent une alchimie passionnante, dans des rôles cousus sur mesure pour eux. Jonathan Cohen rejoue la carte de Serge le Mytho, avec davantage d’inspiration politique, tout en offrant une parodie discrète de Nicolas Sarkozy. Vincent Macaigne est lui aussi dans son élément, dans la peau d’un personnage qui se fait marcher dessus, qui rappelle, là aussi, le portait dissimulé de François Hollande. C’est en tout cas difficile de ne pas faire ce rapprochement évident.
Un concept à double tranchant
En même temps se repose donc sur des répliques cinglantes et des personnages hauts en couleur. Mais le long-métrage se base surtout sur un concept simple : les deux politiciens sont littéralement collés l’un à l’autre. Mais ils ne sont pas collés par n’importe quel endroit, puisque le pénis de Jonathan Cohen est accroché aux fesses de Vincent Macaigne. Oui, oui, vous avez bien lu. En plus d’être une métaphore évidente qui cherche à nous rappeler que la droite encule la gauche depuis des décennies, le concept est souvent très drôle, mais a ses limites.
En effet, l’idée de ce rapprochement involontaire arrive un peu tôt dans le récit. Forcément, sur la longueur, cela ne fonctionne pas toujours à la perfection. Il y a quelques répétitions, et les ressorts comiques sont réduis à cause de ce maque d’espace et de mouvements. C’est parfois presque frustrant de ne pas voir les comédiens s’exprimer librement, limités par cet aspect physique certes très drôle, mais qui tourne parfois en rond. Il n’empêche que le désir d’accrocher les deux politiciens par ce biais offre quelques séquences hilarantes.
De plus, jamais Gustave Kervern et Benoît Delépine ne tombent dans l’excès, dans la provocation gratuite ou dans le mauvais goût. Ils parviennent à gérer cette idée avec classe et humour, sans tomber dans l’humour pipi/caca immature.
En même temps brille également par ses personnages secondaires, tous très réussis. Que ce soit le trio de féministes excentriques, un François Damiens à mourir de rire en faux américain, où ces policiers dans un contre-emploi total, Gustave Kervern et Benoît Delépine proposent ainsi quelques fulgurances comiques et narratives inoubliables.
A l’occasion de la sortie de En même temps, nous avons eu l’occasion de rencontrer Gustave Kervern et Benoît Delépine :