Adapté à l’écran de la comédie musicale du même nom, The Prom, de Ryan Murphy, débarque sur Netflix ! Dans la lignée des feel good movies, ce film se veut être un hymne à la tolérance divertissant, avec un casting cinq étoiles.
Sortez les paillettes et les perruques, et préparez vos pas de danse ! The Prom vient mettre de la bonne humeur dans votre mois de décembre. Ryan Murphy, papa de Glee, démontre une nouvelle fois son attachement particulier à la communauté LGBTQ+, de sa patte colorée et joviale. Après Ratched cet automne, les abonnés de Netflix découvrent le nouveau film de Ryan Murphy, dans un tout autre registre.
Démolis par la critique américaine, deux stars narcissiques de Broadway Dee Dee Allen (Meryl Streep) et Barry Glickman (James Corden), décident de redorer leur image. Accompagnés par Angie (Nicole Kidman) et Trent (Andrew Rannells), ils quittent l’effervescence de New York pour une petite ville de l’Indiana où l’intolérance est reine. Leur but ? Aider Emma (Jo Ellen Pellman), jeune fille lesbienne, bannie du bal du lycée. Le bal de promo, qui, aux États-Unis, est une réelle institution.
The Prom, porté par son casting
L’actrice oscarisée Meryl Streep, habituée du genre avec Mamma Mia ou encore Into the Woods, illumine cette comédie musicale. Par ailleurs, elle forme un excellent duo avec James Corden, dont on distingue une certaine complicité.
En revanche, Nicole Kidman reste assez en retrait, souffrant d’un manque de développement de son personnage. Malheureusement, on ne sait que très peu de choses du background d’Angie. Malgré sa douceur envers la jeune Emma et son excellente prestation dans la scène de la chanson Zazz, on ne parvient pas vraiment à s’attacher au personnage. Celui d’Andrew Rannells, Trent, souffre de ce même défaut, bien que son interprète soit particulièrement bon dans les scènes musicales.
Au passage, The Prom révèle Jo Ellen Pellman touchante dans le rôle d’Emma, amoureuse d’Alyssa Greene (Ariana DeBose). Cette dernière, quant à elle, incarnera bientôt Anita à l’écran dans une adaptation de West Side Story. Leur duo laisse parfois à penser qu’il s’agit seulement d’un film à destination des adolescents, étant ponctué de rebondissements plutôt propres aux comédies romantiques.
De son côté, Kerry Washington interprète la mère d’Alyssa, à la tête de l’association des parents d’élèves. Dommage, celle-ci n’est pas vraiment crédible dans le rôle de la méchante.
Si le casting se veut particulièrement bon avec des acteurs de renom, c’est plutôt du côté des arches scénaristiques que ça cloche. Certains personnages sont sur le devant de la scène, tandis que d’autres restent accessoires. De plus, le film s’étale plus de deux heures, et comporte quelques longueurs.
Porter l’étendard de l’inclusion
Le ton est donné dès le début du film, et le propos va droit au but. Deux camps s’affrontent : celui du puritanisme et celui de la tolérance. Une vision qui pourrait sembler manichéenne, mais qui finalement, est plutôt en accord avec la mentalité de certains états américains.
Madame Greene (Kerry Washington) est la voix du puritanisme, tandis que le quatuor de célébrités et le proviseur du lycée (Keegan-Michael Key) s’unissent pour la tolérance. Pour le proviseur, interdire Emma de bal de promo est une atteinte aux droits civiques.
L’engagement de The Prom pour l’inclusion est une évidence, surtout que c’est également un sujet personnel aux yeux de son réalisateur, Ryan Murphy. Touché par l’histoire quand il a vu le spectacle sur scène, il a fait le choix de la porter à l’écran. Si chacun des personnages porte cette cause, il s’agit surtout d’un sujet sensible pour Barry (James Corden).
La plupart des scènes sont sous le signe de l’inclusion, mais la plus frappante est sans conteste celle de Love Thy Neighbor, efficace dans le message qu’elle porte mais également dans l’interprétation d’Andrew Rannells. Au nom de leurs valeurs chrétiennes, la majorité des lycéens du petit établissement de l’Indiana, rejettent l’homosexualité, tandis qu’ils n’ont rien contre le divorce ou le sexe pré-marital. Ceux-ci choisissent ce qu’ils appliquent ou non dans leur lecture de la Bible.
Une critique vive du puritanisme et du show-business
The Prom critique vivement le puritanisme et ses contradictions, comme nous l’avons vu avec notre précédent exemple. C’est sûrement pour cette raison que les personnages de Madame Greene et des autres lycéens virent souvent à la caricature, avec une bonne touche d’humour. Il s’agit aussi là d’une dimension politique, avec un tel pied de nez aux conservateurs.
De plus, le monde du show-business est aussi vivement critiqué. Dès le début du film, on voit que la critique influence la carrière des artistes, et peut les faire tomber dans l’oubli d’un jour à l’autre. La critique vire ici parfois dans le jugement personnel, particulièrement vexant pour les artistes.
Ceux-là n’en sont pas pour autant tout blancs, eux aussi caricaturés avec ce quatuor de comédiens en manque de gloire. Prêts à tout pour redorer leur image, quitte à utiliser la vie d’une jeune fille, ils sont l’archétype des stars faussement engagées – au narcissisme illustré par It’s Not About Me.
Passages broadwesques et bons sentiments rythment The Prom, inscrit dans les traditions américaines avec son bal de promo, ses cheerleaders et sa critique du puritanisme. On peut cependant lui reprocher, parfois, de manquer de mordant et de nuances. Sans comporter d’énormes péripéties, celui-ci reste positif, engagé, et divertissant, portant haut les valeurs de l’inclusion et de la tolérance.