Les Champs-Elysées Film Festival a démarré en grande pompe ce jeudi avec un film qui devrait faire beaucoup parler de lui en cette fin d’année 2017 : The Florida Project. Véritable OVNI cinématographique, cette œuvre nous plonge dans l’Amérique des laissés pour comptes, obligés de se battre pour survivre dans un motel miteux proche de Disneyworld. The Florida Project ouvre le festival parisien de manière colorée et impactante, tout en nous offrant un petit bijou de cinéma.
Un film coloré proche de ses protagonistes
Coloré ! Si un mot devait définir The Florida Project ce serait bien celui-là. La mise en scène nous balade parmi les structures aux couleurs feutrées telles que nous les connaissons à Disneyland. Pour ajouter de la couleur à ces bâtiments, nos anti-héros portent également des vêtements qui détonnent afin d’ajouter un maximum de couleur à l’image. Enfin, les couleurs chaudes de Floride viennent compléter une mise en scène où la colorimétrie a été étudiée de long en large.
Au delà de son esthétique si impactante, The Florida Project surprend par sa proximité avec ses personnages. Entre la caméra à l’épaule, les gros plans et les plans séquences, tout est mis en place pour nous rapprocher au maximum de cette troupe vivant tant bien que mal dans ce motel insalubre. Sean Baker a bien appris ses leçons de cinéma : plus nous sommes proches physiquement des personnages, plus nous en sommes proches émotionnellement. Et ça marche ! On n’aurait pas rêvé mieux pour s’attacher à tout le monde.
La bande d’enfants suivie durant tout le film est aussi attachante que surprenante et nous fait oublier la misère de ces classes sociales. L’innocence de ces bambins nous fait temporairement oublier la détresse dans laquelle ceux-ci grandissent. Cette proximité avec les personnages est tout aussi fulgurante lorsque le registre change pour virer au drame et à la chute progressive de certains personnages. Un excellent travail de réalisation !
Une déstructuration bienvenue des carcans scénaristiques
Quel plaisir d’avoir affaire à une œuvre filmique qui envoie purement et simplement balader les codes élémentaires d’écriture scénaristique. En effet, au lieu de suivre la rudimentaire structure « en trois actes » (héritée du théâtre antique), The Florida Project nous offre une fresque déstructurée, sans fil conducteur ni trame narrative. Nous ne faisons que suivre les déboires des classes les plus démunies, qui cherchent un peu de bonheur dans un monde qui ne leur fait aucun cadeau. Il est fort bienvenu de la part de ce film de nous proposer quelque chose d’aussi différent en terme de structure de scénario.
Un bémol est toutefois à mettre en exergue, car si cette originalité est réellement bienvenue, le film est malheureusement un petit peu trop long et s’embourbe parfois dans ce style pourtant original. Il s’agit cependant de pinaillage en règle car force est de constater que malgré sa longueur, le montage du film (volontairement haché et dynamique) permet au spectateur de ne jamais lâcher prise.
Des acteurs au registre aussi simple qu’impactant
Nous évoquions un petit peu plus haut l’impressionnante proximité avec les personnage. Qui dit proximité avec les personnages, dit proximité avec les acteurs. Et bon sang que les acteurs sont justes dans leurs rôles respectifs ! Il est pourtant amusant de constater que les rôles interprétés n’ont rien de rôles de composition particulièrement complexes. Mais c’est justement ce qui fait la force du film et de ses acteurs: Cette force réside dans des rôles simples, aussi humains que possibles, auxquels les spectateurs seront plus réactifs émotionnellement.
Willem Dafoe déborde de charisme, tout en restant d’une sobriété qui force le respect. Il est le personnage aux émotions les plus variées. Doux, autoritaire, cynique, intraitable, paternel… Dafoe interprète un véritable patriarche, prêt à tout pour que l’univers bancal de son hôtel miteux n’implose pas. Les enfants omniprésents dans le film sont également bluffants de réalisme et de talent. Enfin, chaque mère de famille nous offre un caractère très personnel venant ajouter une plus-value à cette fresque de personnages.
The Florida Project est indéniablement un des films les plus marquants de 2017. Avec son esthétique colorée, ses thématiques sociales, sa structure atypique et son casting d’enfer, il se place parmi ces œuvres aussi indéfinissables que percutantes. Prévu pour décembre 2017 dans les salles obscures françaises, nous vous conseillons d’ores et déjà de réserver vos places !