Critique « Soul » : le nouveau chef-d’œuvre Pixar nous plonge dans l’univers du Jazz

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En cette fin d’année 2020, Disney + met le paquet. Quelques semaines après les annonces de films et séries à venir dans les années à venir, la plateforme diffuse en exclusivité le 25 décembre le nouveau film Pixar du nom de Soul. Just Focus a eu l’occasion de découvrir le film en avant-première suivi d’un question/réponse avec l’équipe du film.

L’histoire étonnante du film 

Soul est un film de Pete Doctor qui a déjà réalisé Là-haut ou encore Vice-versa, grands films Pixar à succès. C’est d’ailleurs suite à la réussite de ce dernier que Pete s’est senti comme vidé. Les entrées explosaient et les critiques étaient excellentes, quoi de mieux pour un réalisateur ? C’est justement ce que nous expliqua Pete lors du questions/réponses, il pensait que le sommet qu’il avait atteint allait l’éclairer sur toutes les questions qu’il se posait. Au lieu de cela, d’autres interrogations profondes se sont ajoutées, comme qu’est-ce qu’il allait faire après ? Une fois ce paroxysme atteint, comment réussir à plaire aux spectateurs ?

C’est la naissance de ses enfants qui l’a inspiré pour ce film. Lorsqu’ils sont nés, il voyait déjà une personnalité bien ancrée, il s’est alors demandé, mais d’où viennent-elles ? Y a-t-il un lieu qui forme ces personnalités ? Ainsi sont nés Joe et 22, personnages principaux de Soul.

Joe (VF : Omar Sy) est un passionné de jazz qui a toujours rêvé de jouer aux côtés des plus grands mais qui exerce comme professeur de musique dans un collège. Alors qu’il obtient enfin une opportunité de jouer dans un club de jazz new-yorkais avec une grande chanteuse, il tombe dans un trou d’un chantier. Cela va le projeter dans le Grand Avant, un monde spirituel regroupant toutes les âmes des futurs nés avant d’être envoyé sur Terre. Il y rencontre 22 (Camille Cottin), une âme qui refuse de mettre les pieds sur Terre. C’est à travers ces péripéties que le duo grandit ensemble.

Soul, un film à l’âme New-Yorkaise?

Le dernier-né de Pixar se déroule non pas à la Nouvelle-Orléans, fameuse capitale du jazz, comme on pourrait l’imaginer, mais bel et bien à New-York. Un choix curieux aux premiers abords mais pleinement assumé par les équipes du film. Nous sommes tout de suite immergés dans cette ambiance bruyante et grouillante de monde. Les taxis jaunes emblématiques, le métro et les grandes rues bondées sont représentés à travers le film. Bien sûr, les mets culinaires comme les fameux donuts ou pizzas, symboles de la gastronomie « étatsunienne », sont également présents.

La culture afro-américaine y est aussi mis en avant avec un personnage principal de couleur noire et bien sûr, comme nous le disions, il est un jazzman. Rappelons que le jazz est un  genre musical originaire du Sud des États-Unis, créé il y a près de deux cent ans au sein des communautés afro-américaines.

Mais est-ce que Soul rend réellement hommage à cette ville ?

Bien que nous apercevons New-York plusieurs fois, la majorité du film se déroule dans ce qu’ils appellent le Grand Avant. C’est ce que nous pourrons reprocher au film, de ne pas avoir assez mis en avant la partie musicale mais de développer un côté plus philosophique sur la vie et la mort, sujets centraux de cette histoire. En effet, les personnages sur Terre prennent une forme humaine et réaliste qui leur donnent un côté attachant. Tandis que dans le monde des âmes, les chefs de section ressemblent à des peintures de Picasso et les futurs enfants à des petites peluches. Mis à part cela, le rythme dans cet espace-temps y est comme ralenti, le charme de New-York disparait dans les tréfonds du Grand Avant.

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Lorsque les opposés se rencontrent

Joe et 22 sont comme chien et chat. Tout les oppose lorsqu’ils se rencontrent mais au fur et à mesure du film, une réelle complicité se met en place et laisse libre cours à la réflexion. Joe en arrivant est désespéré, sa seule envie est de retourner sur Terre. 22, lui, n’a qu’une envie : ne JAMAIS mettre les pieds sur Terre. La thématique de la mort abordée dans le long-métrage est assez surprenante, notamment car la culture française en fait un sujet presque tabou. Lors de l’arrivée de Joe dans ce monde qu’il méconnaissait, une dame de 106 ans lui fait comprendre qu’il est dans ce qu’on pourrait appeler communément l’Au-delà, elle est heureuse d’être là, étonnant, non ? Il est rare d’illustrer la mort si simplement, avec tant de légèreté et d’élégance.

De plus, Pixar est définitivement la référence des films pour enfants, nous pourrions ainsi penser que les sujets abordés seraient effrayants ou encore trop complexes pour eux. Kemp Powers, coréalisateur de Soul, nous affirme cependant le contraire.

“ Les enfants comprennent ces notions complexes et ils ont déjà ces questionnements qu’on leur en parle ou pas, et je pense qu’en ne les prenant pas de haut et le fait de travailler avec un media visuel, nous sommes le medium parfait pour traiter de ces questions d’une manière qui n’est pas effrayante pour les enfants.”

Pour réaliser ce film et inclure de façon globale les différentes visions de la mort, Pete nous explique qu’ils ont rencontré différentes figures religieuses, notamment des personnes de tradition Hindoue, Bouddhiste, ou encore des chamans, d’une part pour en apprendre plus sur l’âme, comment est-ce que chacun se la représentait, et d’autre part pour être sûr de n’offusquer personne à travers ce film d’animation.

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Morale de l’histoire, croquer la vie à pleines dents

De nombreux adeptes des films d’animation ont reproché à Pixar de ne pas être allé assez loin dans le partage de valeurs et des messages, notamment dans le film En Avant qui était agréable à regarder mais sans réelle morale. Ici, au contraire, on peut les féliciter d’avoir pris le risque de développer des sujets qui sont étrangers aux plus jeunes en proposant un film à différents niveaux de lecture. La naïveté des plus jeunes pourrait les amener à dévorer Soul sans se poser un milliard de questions, d’autres au contraire seraient tentés de poser des questions pour en apprendre plus. Quant aux adultes, notamment ceux qui accompagnent leurs enfants dans la lecture de ce film, ils pourraient bien remettre leur vie en question.

Ce qui est intéressant c’est d’avoir inclus dans ce film des références culturelles, le jazz bien sûr mais aussi des références historiques à Mohamed Ali, Abraham Lincoln ou encore Mère Thérésa. Des références sociales sont aussi présentes, comme celle du cliché américain, un trader surchargé mentalement et physiquement par son travail, presque dépressif, et qui décide du jour au lendemain de tout lâcher pour reprendre sa vie en main. Des messages subtiles qui vont tous dans le même sens, profiter de la vie ! C’est le message clé de ce film, Carpe Diem, poursuivre ses rêves, jouir de chaque petit moment de vie qui nous rend heureux, apprendre des choses qui nous passionnent et croire en soi.

Un film qui sort le 25 décembre sur Disney + et qui plaira à toute la famille. Nous vous laissons avec la bande-annonce pour avoir un avant-goût de Soul.