Avant Ready Player One, en salles dans deux mois, Steven Spielberg signe Pentagon Papers, un film politique puissant et humain, qui démontre le talent qu’a le cinéaste à tout faire. Tout ce que touche Spielberg devient une oeuvre intéressante. Porté par Tom Hanks et Meryl Streep, Pentagon Papers est nominé 2 fois (Meilleur film et Meilleure actrice pour Meryl Streep).
Un film politique et journalistique puissant
Steven Spielberg a deux casquettes principales : celle de rêveur derrière la création de blockbusters cultes, et celle d’humaniste politique derrière des films historiques toujours pertinents. Il ne déroge pas à la règle avec Pentagon Papers, une oeuvre très puissante qui retrace comment les gouvernements américains successifs ont dissimulé des informations primordiales concernant la guerre du Vietnam, et comment ils ont envoyé toute la jeunesse américaine mourir dans la boue. Porté par les talents incontestables de Meryl Streep et Tom Hanks, le long métrage se classe dans le haut du panier des films de journalistes. Quelque part entre Les Hommes du Président pour sa fidélité au sujet et Spotlight pour le rythme endiablé du film, Pentagon Papers ne distille aucun ennui, mais seulement une passion inébranlable pour ces personnages et l’action historique à laquelle le public assiste.
Ces héros de l’ombre, ces journalistes forcenés, dirigés par l’envie du danger et par un égo certain, ont permis une des grandes dénonciations du XXème siècle quelques temps avant le Watergate, que Alan J. Pakula a narré il y a des décennies. Grâce à une mise en scène toujours vive et inspirée, Steven Spielberg crée plus que des personnages, il crée des figures du combat du peuple contre les puissants, il crée des figures de morale, aidé de son duo d’acteurs hors paire. Mais Steven Spielberg crée également de véritables figures de cinéma, des personnages qui restent dans les mémoires, plus que le nom des véritables protagonistes historiques. Finalement, la grande force du cinéma de Steven Spielberg c’est l’humain.
L’Homme toujours au centre de Steven Spielberg
Que ce soit dans Jurassic Park, dans E.T., ou dans La Liste de Schindler, pour citer des genres différents, Steven Spielberg ne délaisse jamais l’humain de son histoire, soit grâce à des personnages forts, souvent par des enfants. Pentagon Papers est dans cette lignée. Après une mise en situation complexe, vive, et ponctuée d’énormément d’informations, ce qui perd légèrement le spectateur étranger à ce pan de l’histoire, le réalisateur va resserrer son propos, clarifier son contexte, grâce à ses personnages. L’Homme est l’outil pour comprendre l’histoire. Voila comment se résume le cinéma de Steven Spielberg. Avec l’empathie de l’écriture, la mise en scène précise (juste milieu de réalisme et de théâtralité) et le jeu des acteurs, le spectateur est passionné, autant par l’histoire, que par les pérégrinations des personnages.
Avec des traitements moraux, des personnages forts et un humour rare mais bien senti, le point fort de Pentagon Papers est ses personnages. Les journalistes sont passionnants dans leur frénétique ballet incessant et Kay Graham (Meryl Streep) fait forcément écho au contexte actuel quant à la condition inégalitaire de la femme par rapport à l’homme. Cette femme forte, directrice de journal, est parfaitement interprétée par Meryl Streep qui choisit le juste milieu entre une fragilité sentimentale et une force inébranlable face à ses trop nombreux homologues masculins. Quant à Ben Bradlee, Tom Hanks lui donne une véritable fougue communicative.
Pentagon Papers prouve que Steven Spielberg en a encore sous le capot. Grand film politique, Pentagon Papers est également un film humain fort. Rendez-vous le 28 mars pour Ready Player One.