Réalisé par Yvan Attal, le film Le Brio est une comédie dramatique dont la sortie est prévue le 22 novembre 2017. En réalisant un film sur le racisme dont l’action se déroule à l’université Paris II Assas (qui tente tant bien que mal de se défaire de son image de cocon de la fachosphère), Yvan Attal risquait de tomber dans un cliché dur à avaler. Pourtant le réalisateur s’en sort avec brio !
L’histoire d’une rencontre
Le Brio, c’est avant tout l’histoire d’une rencontre entre deux personnes que tout oppose en apparence : Neïla Salah et Pierre Mazard. Elle est une jeune fille habitant à Créteil, élève en première année de droit à l’université Paris Assas. Lui est professeur dans cette même université, controversé en raison de ses réflexions déplacées et de son sens de la provocation. En retard lors du premier cours de l’année, Neïla Salah va faire les frais du tempérament indomptable de Pierre Mazard. Ce dernier se retrouve ainsi accusé de racisme par les autres élèves et l’administration. Pour laver son honneur et éviter son renvoi, Pierre Mazard va préparer Neïla Salah au fameux concours d’éloquence.
Leur relation conflictuelle est extrêmement touchante et fait la grande force du film. Entre humour et drame, le duo parvient sans grande difficulté à tirer des larmes à son public. Camélia Jordana et Daniel Auteuil excellent dans l’interprétation de ces deux personnages hauts en couleur, qu’ils jouent avec justesse et passion. Tout aussi attachants, les autres protagonistes ne manquent pas de marquer les esprits.
Des personnages hauts en couleur
La mère et la grand-mère de Neïla Salah n’apparaissent que brièvement à l’écran, mais leur courte apparition laisse le doux souvenir de la tendresse qu’elles dégagent. Bien que stéréotypés, les personnages sont tous particulièrement attachants et même les plus anodins sont mis en valeur par le scénario. Le charme naturel des acteurs nous transporte aisément dans leur univers, même lorsque leurs mondes sont opposés. Le spectateur joue, rit, se révolte et s’énerve avec eux. Le film est tourné de manière tellement intime que le public devient presque partie prenante de l’histoire, témoin silencieux de ce qui se joue sous ses yeux. Par moments, le cadre de la caméra nous suggère discrètement de voir les personnages sous un autre angle afin de mieux transmettre leurs différentes émotions. Car c’est bien cela la clé du film : l’émotion. Celle des protagonistes certes, mais aussi celle que le film essaie de transmettre et communique avec succès.
Le Brio, un pari risqué
Pour traiter de thèmes sensibles, il est capital de savoir mettre les émotions qu’ils suscitent de côté. Qu’il est difficile d’aborder au cinéma le sujet du racisme sans sombrer dans le cliché ou la mièvrerie (déclenchant alors chez le public l’effet inverse que celui recherché). Dès les premières images du film, le spectateur tique devant un cliché insupportable : la jeune banlieusarde est la seule à être contrôlée à l’entrée de son école. Et c’est là toute la beauté du film. Yvan Attal revient plus tard avec malice sur ce moment précis du film pour montrer au spectateur à quel point ce plan était erroné et cliché. Le Brio tout entier est tissé de petits clins d’œil aussi cyniques que le personnage de Pierre Mazard. Il joue de ces plans comme Neïla Salah apprend à jouer des mots. Funambule éclairé qui s’élance avec impudence au-dessus du vide, Le Brio risquait très franchement de faire un faux pas, mais nous offre au contraire un ballet majestueux.
Comme le dit si bien Pierre Mazard :
L’important n’est pas de dire la vérité, mais d’avoir raison.
Ainsi Le Brio est la preuve même qu’on peut rire de tout avec n’importe qui, du moment qu’on en rit avec intelligence.
Véritable quête initiatique, Le Brio porte bien son nom. Drôle, brillant, vif et juste, le film parvient à dépasser les clichés qu’on peut craindre au début du film pour offrir une très belle histoire d’humanité.