C’est la sortie de la semaine sur Netflix. Ce vendredi, la plateforme accueille El Hoyo, un petit nouveau du cinéma espagnol. El Hoyo (La Plateforme en français), est un film des science-fiction réalisé par Galder Gaztelu-Urrutia. Science-fiction, mais aussi horreur…. Ecrit par David Desola et Pedro Rivero, il met en scène Ivan Massagué dans le rôle d’un homme coincé dans une mystérieuse tour à l’allure de prison… âmes sensibles s’abstenir.
Une prison. 2 personnes par cellule. Un trou au centre. Goreng, un homme sans histoire, se retrouve piégé dans cette mystérieuse tour sans que l’on sache pourquoi. Son voisin de cellule, un homme âgé, le met alors en garde :
« Il y a 3 catégories de personnes. Celles qui sont au dessus, celles qui sont en dessous, et celles qui tombent ».
Une hiérarchie surprenante
El Hoyo est un film déroutant et rempli de mystères. D’un côté : un chef cuisinier intransigeant, une brigade efficace et appliquée, des mets dignes d’un restaurant gastronomique. De l’autre : des prisonniers sans pitié, des cellules réduites au strict minimum et une centaine d’étages. Une seule chose en commun : l’absence d’empathie. Dans cette tour où chacun lutte pour sa survie, Goreng, fraîchement arrivé, semble être le seul à faire preuve d’un minimum d’humanité.
Gaztelu-Urrutia tente dans ce long-métrage de dénoncer l’attitude égoïste et animale de chacun dans notre société. Dans un monde où la loi du plus fort règne, le réalisateur fait un parallèle entre les plus riches de notre société et ceux du haut de la tour. Ici, la nourriture peut être comparée à l’argent, où seul les restes des plus aisés parviennent aux plus démunis.
Dès le début du film Goreng se rend compte que le seul moyen de manger est de se retrouver aux étages les plus hauts. Laissant le spectateur dans un flou constant, Gaztelu-Urrutia distribue les informations au compte goutte tout au long du film. Ironiquement, le réalisateur installe une mécanique rendant le spectateur avide d’indices supplémentaire, quémandant toujours plus.
Une chance de survie aléatoire
A chaque mois son niveau différent. Le côté aléatoire de cette répartition fait écho aux aléas de la vie et sert d’avertissement sur le fait que même riche, il suffit d’une journée pour se retrouver parmi les plus pauvres. Même si la bataille pour survivre n’est pas aussi sanglante dans notre société, elle peut parfois se montrer plus violente qu’on ne le pense. Gaztelu-Urritia prend ici un malin plaisir à nous le rappeler.
Malgré une centaine d’étages et le double de détenus, Goreng comprend à ses dépends qu’il est le seul à pouvoir sauver sa peau. Aidé, parfois trahi et blessé, Goreng dans El Hoyo rappelle étrangement notre quotidien. Le cinéaste rajoute (beaucoup) de sang, de violence et d’effets spéciaux à ce qui semble être une métaphore de la vie et plus précisément de la société. De plus, la conclusion du film est quelque peu… frustrante. Avec du recul, ce choix de fin paraît évident. En total adéquation avec le thème du film, Gaztelu-Urrutia ne nous laisse pas avoir ce que l’on souhaite. Il met une fois de plus l’accent sur la difficulté que l’humain a à se contenter de ce qu’il possède, et nous laisse sur notre faim.
Aussi énigmatique que sans pitié, El Hoyo est le film parfait pour ceux qui cherchent à se remettre en question…