Critique de Deadpool, l’anti-héros le plus fun de l’univers Marvel

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Il était très attendu et il a mis du temps à voir le jour. Il est enfin là ! Deadpool est sorti ce mercredi sur nos écrans.

Alors qu’il était indispensable de redorer le blason de ce personnage emblématique de l’écurie Marvel et pourtant méconnu du grand public, après l’immémorial affront que Gavin Hood a fait au personnage avec X-Men Origins Wolverine, on assiste à une mise en scène de Tim Miller, superviseur des effets spéciaux de Scott Pilgrim, en demi teinte.

 

deadpool

Deux films en un.

Le découpage des séquences qui s’articule sur une opposition passé/présent ne sert pas le potentiel inédit de Deadpool. La présentation du passé et de la genèse du héros, bien qu’inévitable, ponctuée par une histoire d’amour, contribue à la lenteur, et la longueur de cette partie du film. L’intérêt réel de celui-ci réside dans le personnage même de Deadpool, laissant Wade Wilson en arrière. Le déferlement de violence jouissive et décontractée, est mis en scène d’une façon qui retiendra l’attention des afiocionados du genre.

Le spectateur sera servi entre la brutalité cartoonesque des combats, et l’humour gras du personnage qui a des relents de Jack Sparrow de Disney. Il est triste de constater qu’au bout du compte, les innombrables flash back nuisent au rythme de l’histoire promise par Reynolds et Miller. Même s’il est légitime de se demander si Tim Miller n’a pas contrôlé son film pour mieux répondre aux demandes de rentabilité de la Fox, on attendait un film plus subversif, plus long de quelques minutes, moins formaté.

Pour autant, le défi est relevé par Tim Miller. Deadpool est porté par un générique exceptionnel, drôle et irrévérencieux. Puis s’affirme ensuite avec des slows motion bien exécutés, des références fines et hilarantes que ce soit à l’univers Marvel ou à d’autres célébrités comme Hugh Jackman, jusqu’au caméo de Stan Lee, fidèle au mini personnage qu’il a su se créer au fil de ses apparitions. La réalisation reste aboutie, plutôt de qualité, offrant une belle photographie et un traitement du personnage de Colossus inédit et fidèle au héros de comics.

Deadpool

Quel rapport entre le Deadpool du film et celui des comics ?

Deadpool apparaît trop sage, trop éloigné de la construction réalisée par les créateurs du héros originel. Sa violence et sa folie sont réduites. Deadpool est dans le comics un schizophrène affublé d’une triple personnalité, également capable d’entretenir seul une conversation avec lui-même, et a la capacité inédite de détruire le quatrième mur : celui qui pose la frontière entre le réel et la fiction. Pour résumer Deadpool à la conscience de n’être qu’un personnage de comics inventé par l’esprit d’un scénariste. Une spécificité heureusement retranscrite à l’écran, souvent de manière succincte, seulement avec quelques petits apartés de ci de là où Deadpool fait des allusions au monde fictif qui entoure le spectateur en s’adressant directement à lui.

L’humour décadent du personnage, très proche de l’infatigable bavardise de Spider-Man dans un genre plus trash, est très bien retranscrit à l’écran. Deadpool réserve à son public des répliques jouissives et une relation avec les personnages secondaires très proche des névroses de son homonyme papier. Le film de Miller ne tient finalement pas vraiment ses promesses. Deadpool se veut le nouvel espoir des films de super héros, un long métrage irrévérencieux, cassant les codes du genre et offrant au spectateur un film super héroïque adulte, se reconnaissant en tant que fiction et rappelant au monde entier qu’il est meilleur que les autres. Pourtant, Deadpool, enchainant les fuck comme pour justifier la classification R aux Etats-Unis, n’est pas le vilain petit canard du genre tant attendu, mais, il faut le reconnaître, réserve ses moments de folie et de plaisir.

Pour son premier week-end d’exploitation aux Etats-Unis, Deadpool a battu un record avec plus de 135 millions de dollars au box-office. Un véritable raz-de marée pour le justicier déjanté. Ce résultat stratosphérique place le film au rang de meilleur démarrage pour un mois de février, meilleur démarrage pour un film de la franchise X-Men, meilleur démarrage pour un film distribué par la Fox. On ne s’attendait certainement pas à un tel triomphe qui est certainement dû à une promotion menée tambour battant par la production et à un Ryan Reynolds qui s’est démené en permanence. Une suite est déjà programmée.