C’est l’époque de Noël. Le moment où la machine Disney se met en route pour inonder les salles de divertissements pour enfants. Dernier né en date : Casse-Noisette et les Quatre Royaumes de Lesse Hallström et Joe Johnston. Une relecture du conte d’Hoffman et du ballet de Tchaïkovski portée par Keira Knightley, Helen Mirren et Morgan Freeman.
Un digne héritier de Alice aux Pays des Merveilles ?
En 2010, Disney se lance dans l’entreprise de réadapter en prises de vues réelles tous ses classiques de l’animation. Il commence avec Alice aux Pays des Merveilles confié à Tim Burton. Depuis les classiques Disney version live pullules au cinéma, souvent pour le pire, parfois pour le meilleur (Le Livre de la Jungle). Bref Lesse Hallström et Joe Johnston (Captain America – First Avenger) s’attaquent au conte d’Hoffman dans un ambiance visuelle très proche de l’approche de celle de Tim Burton sur Alice justement. Les décors sont somptueux, délicieux mélange d’effets spéciaux et de bonnes vieilles méthodes traditionnelles. De même avec les costumes et les créatures, qui agrémentent un univers visuel fournit. La-dessus rien à dire Disney s’est donné du mal pour créer un univers féerique et visuellement renversant. Cette application atteint le summum lors du trop court ballet de Tchaïkovski remis en scène.
Le spectateur retombe en enfance dans l’esprit de Noël, pensant avoir atterri dans un digne héritier de Le Magicien d’Oz. Casse-Noisette présente bien différents royaumes et des personnages naïfs au possible, de tout genre distinct, comme le classique de Victor Fleming, ainsi que des créatures imaginatives comme ce géant composé de souris. Ensuite, on a ce petit côté Narnia qui vient également jouer sur la nostalgie des spectateurs plus jeunes, avec cette entrée par un trou de souris dans un monde enneigé. Encore un peu et on s’attendait à voir débarquer James McAvoy en Faune. Casse-Noisette offre donc un monde visuel imposant, mais une fois l’effet de surprise dépassé le spectateur se retrouve bloqué dans un piège interminable.
Mais où est passé la direction d’acteurs ?
Casse-Noisette raconte finalement une histoire de deuil. La petite Clara se retrouve catapulté dans ce monde parallèle dans lequel sa mère en aurait été la reine. Elle va devoir marcher dans ses pas pour sauver les quatre royaumes. Casse-Noisette raconte comment cette gamine va devoir surmonter la tristesse de son deuil pour continuer de vivre, de s’épanouir et d’évoluer. Une allégorie classique de son monde réel prend ensuite place avec le personnage de Keira Knightley. Cette dernière est d’ailleurs en totale roue libre et surjoue la Fée Dragée, parfois avec beaucoup d’auto-dérision, souvent avec énormément d’agacement. Elle part dans des monologues aigus et des sur-réactions tantôt hilarantes, tantôt gênantes. Ce jeu est à l’image du reste du film.
Casse-Noisette finit par être dégoulinant. Interminable, le film enchaîne de manière terriblement ostentatoire les décors et les personnages sans que le spectateur ne puisse s’imprégner de ce qui lui ai donné de voir. Tout va trop vite d’une manière terriblement artificielle. Les situations s’enchaînent sans réelle vision de montage ou de mise en scène, soulignée par les incessantes répliques du soldat Phillip (Jayden Fowora-Knight) : « Nous sommes en sécurité ici ». Tu viens de t’éloigner de 10 mètres à pieds du danger bordel, à quel moment t’es en sécurité ? Mais bon passons et disons-nous qu’il s’agit d’un Disney pour les enfants. Mais ce n’est pas ce côté enfantin le seul problème du film. Outre Helen Mirren qui se demande encore ce qu’elle fait ici, les dialogues sont terriblement répétitifs. Rien ne vient réveiller ton esprit qui s’endort peu à peu devant des conversations puériles et bloquées sur les mêmes informations pendant l’entièreté du film avec comme thèmes récurant : l’héritage maternelle, la menace de la mère Gingembre, et… c’est à peu prêt tout. Le grand affrontement final n’aura finalement pas lieu, et sonne d’avantage comme un pétard mouillé que comme une conclusion théâtrale. Casse-Noisette finit par tourner en rond, et surtout à vide, comme la grosse machine Disney sait le faire : un film beau et insipide.
Une fois l’effet de surprise et ce petit arrière goût du Magicien d’Oz passés, Casse-Noisette devient un film d’un ennui plombant qui accumule mauvais jeu d’acteurs, situations répétitives et dialogues insipides. Dommage parce que les décors et les images sont somptueuses.